Saumon au menu
Mardi 19 août,
Kitoi Bay
Martine et Joël nous ont recommandé d,aller dans la baie de Kitoi, sise au fond du côté nord-ouest de la grande baie d’Izhut. En début d’après-midi il nous a fallu zigzaguer un peu entre les nombreux bateaux de pêche aux saumons qui étalaient leurs filets en travers de la baie. Cette pêche "à la Senne" utilise un doris avec un puissant moteur tire de son côté pendant que le vaisseau mère tend l’autre bout du filet qui doit bien faire 200 mètres de long. Ensuite, les deux bateaux se rejoignent pour fermer ce piège à poissons.
En approchant du fond de la baie, des saumons, que nous ne savons pas encore identifier, sautent de tous les côtés. Quel spectacle, tout bonnement incroyable ! On n’en croit pas nos yeux ! À 14 h 30 nous ancrons au fond de la baie à 100 mètres de la plage tout près d’une rivière à saumon. Des milliers de migrateurs tentent de trouver la voie qui mène à leur lieu de naissance pour frayer.
Ce midi, nous avons terminé le flétan que nos amis du voilier Muktuk nous avaient gentiment donné. «Guy, on devrait pouvoir attraper un de ces saumons qui sautent partout», me dit Claire. Go ! Je passe ici sous silence le filet de 30 cm par 30 cm que Claire a tenté de confectionner pour attraper la bête, car nous risquions la famine à utiliser l’engin. On sait que les saumons ne s’alimentent plus à ce stade, d’où l’idée du filet. En fait, une simple ligne et un leurre suffiront.
Nous accostons la plage de galet où des dizaines de poissons se sont donnés rendez-vous dans 20 cm d’eau. Un 5 à 7 de salmonidés ! Debout sur la plage, je lance ma petite ligne comme un lasso à quelques mètres du bord, pas plus. Je ramène le tout rapidement avec 90 % de chance d’accrocher notre souper par le dos ou le ventre. Après quelques lancées il y en a un qui se laisse prendre par l’hameçon qui croche sous sa mâchoire. 15 minutes plus tard, il était bien enveloppé dans une papillote avec quelques oignons et des épices et prêt à mettre au four.
Rectification: la famine n’est pas pour aujourd’hui ni pour demain, car le repas prévu pour ce soir était des côtelettes de porc qui attendront demain vu l’incroyable abondance qu’il y a ici ! Pendant que Claire prépare le souper, le voilier chinois, «Second Dream», s’ancre à côté de nous. Comme nous, ils sont tous excités de voir tous ces poissons sauter allègrement tout autour!
En soirée
À 20h00, après une heure à scruter la rive pour détecter la présence d’ours, notre premier ours Kodiak se montre le bout du nez. Il longe la plage de galets à l’orée de la forêt. Nous décidons d’aller le voir de plus près en canot pneumatique, mais nos voisins du voilier chinois sont plus rapides. L’ours disparaît dans la forêt, effrayé par le bruit de leur moteur hors-bord. Nous longeons la plage à la rame tout doucement quand Claire le voit réapparaître un peu plus loin. Nous avons chacun notre rame et nous pagayons en sa direction, mais je pense que Claire n’a pas vraiment le goût de s’en approcher, ses coups de rame n’ont pas beaucoup d’ardeur et l’ours marche plus vite que nous avançons. Elle m’avouera ensuite qu’elle le trouvait bien assez près !
Mercredi matin 7 h 30
Le brouillard présent étouffe les bruits ambiants, un peu comme lors d’une tempête de neige. Quelques saumons font des cabrioles, mais la plupart dorment encore. C’est le calme plat. Sur la pointe à 100 mètres sur l’arrière une forme se détache sur le vert sombre de la forêt. Ça bouge. Un bel ours marche calmement vers l’eau. Il tend la patte et d’un coup de griffe, happe un saumon qu’il dirige vers sa gueule. Il fait une enjambée, dépose sa prise, renifle dans ma direction et prend conscience de ma présence. Il s’éloigne doucement avec son déjeuner qui ne lui a pas demandé trop d’effort à capturer.
Je jette un petit coup d’oeil dans l’annexe amarrée à l’arrière et je découvre qu’un saumon a fait un bond de trop. Il est là depuis un certain temps, car son corps est raide comme une barre. Il sera retourné à la mer.
Catégories
Boutique (1)Conférences (10)
Formations (3)
Nouvelles (50)
Passage du Nord-Ouest et Alaska (78)
Voyage (0)
Répondre