Groenland Baie de Disko
En savoir plusSaysutshun Colombie-Britannique
Saysutshun (Newcastle Island)
27 juillet 2019
Saysutshun est un parc à vocation familiale situé à quelques minutes en traversier de la ville de Nanaimo. Nous connaissons un peu l’île pour avoir parcouru ses sentiers pédestres dans tous les sens depuis l’été dernier. Nous y avons découvert un lieu paisible, où il fait bon s’y retrouver pour admirer la forêt, son bord de mer et la nature présente.
Dave est guide sur Saysutshun. Il fait partie de la communauté des Snuneymuxw (Nanaimo) qui vivaient sur l’île bien avant l’arrivée des Européens. Son peuple y venaient pour pêcher le hareng et pour cueillir des herbes et fruits, remèdes naturels traditionnels associés à la guérison physique et spirituelle. Aujourd’hui, Dave aide à la transmission des traditions de son peuple en organisant des rencontres avec des jeunes des écoles de la région en plus de transmettre son savoir aux visiteurs de passages.
Samedi dernier, nous avons accompagné Dave pour découvrir le côté anecdotique de l’histoire de l’île.
À la pointe Sud-Est de l’île Saysutshun, un totem regarde au large dans la mer des Salish (détroit de Georgia) en direction de la pointe Nord de l’île Gabriola. C’est au pied de ce totem que Dave nous raconte l’histoire suivante:
L’histoire du loup aveugle
(résumé et traduction libre d’une légende transmise par voie orale)
Sur l’île Gabriola vivait un loup aveugle. Ne pouvant voir ses proies, il avait beaucoup de difficultés à se nourrir. Un aigle remarqua le loup qui courrait dans toutes les directions et lui proposa de l’aider « si tu veux, je débusquerai les proies pour toi, mais tu devras me faire confiance et courir en ma direction lorsque tu m’entendras crier! » Le loup accepta de faire confiance à l’aigle.
L’aigle vola au-dessus de l’île et cria. Alors le loup se mit à courir en sa direction. L’aigle glatit de plus en plus fort et le loup couru de plus en plus rapidement. L’aigle se positionna au dessus de la mer au large de la falaise. Le loup bondit et tomba dans la mer à la pointe Nord de Gabriola. Englouti par les eaux, le loup aveugle se transforma en un magnifique épaulard!
Langues
Beaucoup des langues parlées par les Salish de la côte, appartenant à la famille linguistique salish, sont en voie de disparition à cause des politiques et des programmes d’assimilation qui furent mis de l’avant par le gouvernement fédéral, comme le système des pensionnats indiens. Des programmes de revitalisation des langues dans les universités, collèges et écoles secondaires de la région, toutefois, tentent d’archiver et de promouvoir ces langues autochtones.
En juin 2019, Carlyn Andres de la Première Nation Katzie a chanté la chanson Blackbird des Beatles en hən̓q̓əmin̓əm̓, une langue traditionnelle de son peuple qui fait partie de la famille linguistique des langues salish (voirLangues autochtones au Canada). L’hən̓q̓əmin̓əm̓ est considérée comme une langue en voie d’extinction et est parlée parmi les peuples salish de la côte de la Colombie-Britannique.
https://www.youtube.com/watch?time_continue=43&v=VUhhe25IlfM
Source: https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/salish-de-la-cote-1
ALASKA terre de tous les possibles
Très loin à l’Ouest se trouvait une terre que nous voulions explorer
Embarquez avec Claire et Guy à bord de leur voilier Balthazar pour découvrir, le littoral Pacifique de l’Alaska. Bourlinguez entre les îles Aléoutiennes et ses pêcheurs de saumons et dépistez l’ours Kodiak sur l’île du même nom. Naviguez ensuite dans les eaux calmes des fjords du Prince-William Sound et imprégnez-vous d’une nature sauvage aux abords de majestueux glaciers plongeants dans la mer. Puis, embouquez le passage intérieur de Juneau à Ketchikan en passant par Sitka et découvrez l’histoire russe de l’Alaska, les cultures autochtones: Tlingit, Haïda et Tshimshians.
Sur les routes, depuis le mont Denali jusqu’au bout de la péninsule de Kenaï, en passant par la ville d’Anchorage, Claire et Guy vous font aussi explorer l’Alaska autrement qu’avec leurs yeux de marins. Que ce soit en train, en traversier, en auto ou en véhicule motorisé, montez à bord, plongez dans vos propres rêves de voyages et dans ceux des habitants de cette terre lointaine: la terre de tous les possibles.
Calendrier des présentations en date du 19 novembre 2018
Les Grands Explorateurs
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LA PRAIRIE - École de la Magdeleine / S. Richard-Sauvageau |
19 novembre 19:30 |
LA PRAIRIE - École de la Magdeleine / S. Richard-Sauvageau |
20 novembre 19:30 |
SAINTE-GENEVIÈVE - Salle Pauline-Julien |
21 novembre 16:00 |
SAINTE-GENEVIÈVE - Salle Pauline-Julien |
21 novembre 19:30 |
Joliette - Salle Rolland-Brunelle |
25 novembre 14:00 |
L'ASSOMPTION - Théâtre Hector-Charland |
25 novembre 19:30 |
L'ASSOMPTION - Théâtre Hector-Charland |
26 novembre 19:30 |
MONTRÉAL-NORD - Cégep Marie-Victorin / Salle Désilets |
28 novembre 20:00 |
MONTRÉAL-NORD - Cégep Marie-Victorin / Salle Désilets |
29 novembre 19:00 |
SAINT-HYACINTHE - Collège St-Maurice |
30 novembre 19:30 |
SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU - Théâtre des Deux Rives |
01 décembre 20:00 |
GATINEAU - Maison de la Culture |
02 décembre 13:30 |
GATINEAU - Maison de la Culture |
02 décembre 16:30 |
GATINEAU - Maison de la Culture |
02 décembre 19:30 |
SAINT-HYACINTHE - Collège St-Maurice |
03 décembre 19:30 |
Valleyfield - Salle Albert-Dumouchel |
04 décembre 19:00 |
SAINT-JÉRÔME - Théâtre Gilles-Vigneault |
05 décembre 19:30 |
TROIS-RIVIÈRES - Salle J.-Antonio-Thompson |
08 décembre 13:30 |
TROIS-RIVIÈRES - Salle J.-Antonio-Thompson |
08 décembre 16:30 |
TROIS-RIVIÈRES - Salle J.-Antonio-Thompson |
08 décembre 19:30 |
De Fancy Cove à Campbell River
Samedi 20 août
Au petit matin, nous quittons Fancy Cove, petit mouillage sympathique du Lama Passage au sud de Shearwater. Un Pygargue à tête blanche plane doucement au-dessus du mât et une loutre de mer curieuse regarde un petit voilier vert prendre de la vitesse.
Quatre milles à l’est, nous embouquons le Fitz Hugh Sound qui s’étend du Nord au Sud sur plus de 50 milles. Le soleil est présent depuis plusieurs jours, mais le vent ne se lève qu’en après-midi. Un vent du nord qui parfois se transforme en brise thermique puissante qui souffle en suivant les vallées profondes qui bordent les bras de mer et débouche cinglante sur le plan d’eau. Cette fois, le vent vient d’où nous allons, créant des vagues qui ralentissent notre course. À quelques milles devant, le Fitz Hugh Sound se perd dans la brume. Un mur opaque sur lequel le vent ne semble avoir aucune influence. Notre fille Chloé est à la barre quand elle s’écrie « oh, mon dieu! papa vient voir ». Droit devant à environ 2 milles, un navire sort de la brume. Nous sommes en route de collision et, vérification faite, il sera sur nous dans moins de 6 minutes. Nous changeons de cap et le traversier passera à 1 mille sur notre tribord filant à plus de 20 noeuds vers le Nord en laissant à Chloé un petit coeur qui palpite.
Les quelques jours suivants
Nous mouillons dans Green Island Anchorage, mouillage bien protégé. Ensuite nous nous engageons dans le Smith Sound vers l’est pour mouiller dans Mill Brook Cove. Au large du Cape Caution, nous obliquons vers le Sud-Est vent portant dans le Queen Charlotte Strait, et Blunden Harbour nous accueil derrière l’île Robinson pour une nuit calme à l’abri du vent.
Mardi 23 août
Le Queen Charlotte Strait se dévoile sans une ride. Nous le traversons pour rejoindre Port McNeill où nous ferons les courses et le lavage. Ce n’est pas une très belle ville, mais tout est à portée de marche. Nous rencontrons l’équipage féminin du voilier français Julo avec qui nous étions en contact par courriel depuis le début de l’été. Nous décidons de rester en contact pour nous supporter mutuellement pour la difficile traversée appréhendée du Seymour Narrow, partie la plus étroite du Discovery Chanel.
À partir du jeudi 23 août nous enchaineront les navigations pour arriver le vendredi 26 à la porte du fameux «Narrow», là où les courants de marée atteignent parfois les 16 noeuds. Nous ancrons à 16h dans Plumper Bay pour attendre la renverse du courant, qui selon les tables de marée se fera à 18h29. À 18h15 nous sortons de la baie et nous embouquons l’étroit passage en espérant un courant nul ou sinon, dans la bonne direction, avec nous. Jamais nous n’aurons le calme escompté de l’étale. Nous subirons des courants contraires et nous traverserons les 2 milles du «Narrow» en se faisant brasser par les remous et les vagues de contre courant. Notre vitesse sous voile et moteur ne sera parfois que de 1.5 noeuds. À 20h, enfin, nous laissons le capricieux passage et prenons un quai à la marina Discovery Harbour de Campbell River. Ouf!
Nous quittons ce port dès le lendemain pour trouver un endroit plus sympathique un peu plus au sud, au Fisherman Warf de Cambell River.
Dimanche 28 août, Campbell River CB
Le vent à tourné au Sud-Est, ce qui est synonyme de mauvais temps et de pluie. Nous sommes en attente d’une météo favorable pour rejoindre Lund, une vingtaine de milles plus à l’est. C’est là que nous laisserons Balthazar au sec pour l’hiver.
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Dimanche 14 août
Ça y est, nous avons quitté l’Alaska. C’était jeudi dernier, le 11 août, et bizarrement c’était aussi le jour de l’anniversaire de Thérèse Balthazar, la mère de Guy et la marraine du bateau, car elle lui a donné son nom. Ce n’était pas calculé, mais curieusement ce n’est pas la première fois qu’un tel hasard se produit. Le jour où nous avons franchi officiellement la limite ouest du passage du Nord-Ouest était aussi un 11 août. Cette journée demeure toujours un moment pour penser à elle, mais là, c’est un peu comme si Thérèse nous faisait un petit clin d’oeil de là-haut.
Trois étés passés à sillonner la côte, à filmer pour rapporter le plus fidèlement possible nos découvertes et nos expériences! Nous regardons maintenant pour la dernière fois ces montagnes qui nous parlent de cette vaste région, et nous pensons aux nombreux amis rencontrés sur la route, aux moments de joie et de splendeur associés à la richesse de cette nature sauvage.
Jeudi 18 août
En route pour Shearwater.
Déjà une semaine que nous sommes au Canada. Nous croisons quantité de baleines (rorquals à bosses), de phoques et d’aigles (pygargues à tête blanche). Chaque rencontre nous réjouit. Hier, un groupe de baleines s’est approché et je croyais qu’il passerait sous le bateau, mais au dernier moment, ces énormes mammifères se sont détournés pour longer Balthazar tout doucement, presque à l’arrêt, comme s’ils essayaient de nous connaître mieux. J’essaie d’imaginer comment leur système d’écholocalisation (sonar) fonctionne lorsque des baleines croisent une coque en acier comme la nôtre. C’est assez impressionnant de les voir nous localiser pour ensuite changer de direction.
Arriver au Canada devient pour l’instant une sorte de récompense parce que notre quête des dernières années est terminée. C’est une délivrance, un lâcher-prise devant les buts qu’on s’étaient fixés. Nous sommes contents et satisfaits! Nous rapportons de belles histoires, de magnifiques images que nous souhaitons partager avec le plus de gens possible. À bientôt, nous espérons, sur les scènes de « Les Grands Explorateurs ».
Claire et Guy
En route vers Ketchikan
Samedi 6 août
Le soleil nous suit depuis les deux derniers jours! Les navigations sont faciles mais nous faisons de longues journées. Hier, nous avons trouvé des douches dans un camping, au village de Coffman Cove. Par contre, il n’y avait pas d’accès internet. Nous devons être patients car les possibilités de se brancher sur internet sont plutôt rares.
Nous sommes partis à 6h00 ce matin pour profiter des courants portants. La météo et les courants contraires nous obligent à arrêter en début d’après-midi pour nous abriter au village de Meyers Chuck. Quelle surprise de découvrir ce charmant village où les résidents ont construit leurs maisons sur pilotis. Magnifiques constructions qui rivalisent d’ingéniosité et d’esthétisme. Nous sommes envoûtés par le sentier qui borde la montagne de part et autre des maisons puis traverse une forêt humide avec ses arbres gigantesques et se termine au bord de la mer. Magnifique! Chacun des habitants entretient sa part du sentier et en fait endroit où il fait bon se promener.
On nous invite à aller visiter la petite galerie d’art sise en bordure du sentier, dans la forêt.
Chloé et André y trouvent une magnifique planche à pain fait à la main d’un bois rare. Sur le quai, nous croisons d’autres navigateurs et des pêcheurs. On nous offre du flétan que je vais me faire un plaisir de cuisiner! Départ demain à 5h30.
Dimanche 7 août
Arrivés à Ketchikan à 13h00 par vent frais. Le soleil plombe et nous fait oublier que cette ville a déjà reçu plus que sa part de pluie (déjà plus de 4 mètres de pluie cette année). Guy fait le changement d’huile pendant que nous allons faire le lavage. Chloé et André trouvent ensuite l’énergie pour marcher jusqu’à la ville qui se trouve à un peu plus d’un mille du port. Ils reviennent ravis par les couleurs et les constructions des maisons. On se promet de belles randonnées demain matin. Un autobus gratuit offre le service de transport vers la ville et ses environs.
Lundi 8 août
Nuageux mais beau ce matin, nous partons tous ensemble visiter la ville. Nous commencerons par nous informer de l’horaire des spectacles de lumberjack (performances de bucherons). On arrive juste à temps pour le premier spectacle qui vaut vraiment le détour! En parlant au gérant de notre documentaire sur l’Alaska, il nous accueille en VIP et nous avons la permission de nous déplacer à notre guise sur le plateau du spectacle pour prendre de belles prises de vues.
Nous traversons ensuite vers Creek Street qui était réputé pour ses bordels dont le fameux «Dolly’s House». Le trottoir de bois longe la rivière à saumon et nous permet de découvrir les anciens bâtiment métamorphosées en boutiques colorées, cafés, restaurants et attractions touristiques. On s’arrête pour dîner dans un restaurant mexicain.
Mardi 9 août
Nous empruntons l’autobus pour le village de Saxman où on peu assister à un spectacle de danse autochtone et rencontrer des sculpteurs de totem.
Nous rencontrons d’abord un sculpteur de renom. Pendant qu’il travaille sur son totem, un jeune nous explique son travail. Le sculpteur nous raconte ensuite la légende relié à son totem. Cette tradition ancestrale reste importante pour de nombreuses tribus et contribue à conserver les légendes et manière de penser. Elle évolue avec les changements sociaux et le monde moderne. On est impressionné par la force et la passion des jeunes qui utilisent cette tradition pour aider leur communauté à se faire connaître et à conserver des traces de leur culture.
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Sitka et plus !
Jeudi 28 juillet
Amarré au quai, tout au fond du port de Sitka, Balthazar est à l’abri et se laisse mouiller par une bruine intermittente. On finit par s’habituer à ce crachin, tantôt timide, tantôt fort. Jamais de franche pluie. En ville, on cherche quand même à s’abriter sous les porches ou dans des musées ou des boutiques qu’on trouve sur notre chemin. À la maison Tlingit, nous assistons à un charmant spectacle de danse amérindienne.
Vendredi 29 juillet
Nous avons visité le « Visiter Center » et rencontré un sculpteur amérindien, Marc Sixbey qui nous a parlé de sa passion. À l’extérieur du centre quelques sentiers de randonnée bien aménagés nous permettent d’apprécier les beautés de la forêt humide, de longer une rivière à saumon et d’apprécier le talent des sculpteurs de totems en admirant leurs oeuvres érigées ici et là qui nous permettent de nous imprégner de la culture amérindienne.
Dimanche 31 juillet
Après les courses d’usages (épicerie, lavage, plein d’eau et de carburant…), nous avons visité et filmé la ville dans tous les sens et fait de belles rencontres. Hier soir, nous avons croisé un couple fort sympathique. Ils se sont installés ici, il y a 7 ans, pour leur retraite. En plus d’être bénévoles pour la garde côtière, ils adorent la pêche. Ils nous offrent de les accompagner mardi pour aller à la pêche au flétan. Nous sommes tentés d’accepter, car il nous manque effectivement des images de pêche au flétan. Mais nous avions prévu partir lundi, car la météo est clémente pour les prochains jours, pour naviguer en mer avec des vents portants. On décline l’invitation et ils nous offrent des filets de saumon (King), mon saumon préféré!!! Quelle gentillesse!
Lundi 1er août
Couchée sur l’eau calme de cette matinée, une loutre nous dit au revoir au départ de Sitka. Elle semble habituée au va-et-vient des bateaux du port, et ne bronche pas d’un poil à notre passage. Chloé, ravie, en profite pour faire des photos. Salut, mignonne petite loutre de mer!
Pour cette première journée de navigation après ces quelques jours d’arrêt, nous naviguons une vingtaine de milles et nous nous abritons dans Spring Bay, qui porte bien son nom vu la présence de bains thermaux en plein air! Nous nous empressons d’aller nous baigner dans cette eau chaude, quel bonheur! Pour couronner le tout, le soleil se montre enfin!
Mardi 2 août
Après une longue journée de navigation, nous arrivons dans une baie profonde au fond de laquelle se trouve une rivière à saumon. Au moment où Guy met l’ancre à l’eau, Chloé me dit: Maman, un ours!!!. Pendant que je mets la marche arrière pour la manoeuvre d’ancrage, je me jette sur la caméra vidéo pour avoir quelques images de cet ours qui se trouve à proximité, sur le rivage.
Une fois le bateau bien ancré, on entre tous les quatre dans l’annexe, et nous approchons à la rame vers le rivage où l’ours semble vouloir s’installer. Armées de caméras, Chloé et moi mitraillons l’animal pour être certaines de rapporter quelques images. Les gars, téméraires, s’approchent assez pour que nos gros plans soient mémorables.
Dans notre petit bateau gonflable, ça bouge un peu, mais nous sommes contentes du résultat!
Photo: Chloé et André Michel
Mercredi 3 août
Dès 8h, nous sortons de Redfish Bay bien content de la nuit calme passé dans ce mouillage. En mer le vent du nord-ouest ne souffle pas assez pour avancer sans le moteur. Il y a du « swell dans le large » comme le chante Gilles Vigneault. Un peu avant midi, nous doublons le «Cape Ommaney» à bonne distance pour éviter le Raz de marée, mais celui-ci s’étend sur plusieurs milles et nous gratifie de ses folles vagues désordonnées qui déferlent tout autour de Balthazar. Après 45 minutes à la barre à me (Guy) défendre contre l’assaut des paquets de mer, le vent prend un peu de vigueur et nous permet de continuer sous régulateur d’allure et d’éteindre enfin le moteur.
Après 40 milles de navigation à voile et moteur, dans un bonne houle de deux à trois mètres, nous doublons le «Cape Decision» en croisant des rorquals à bosses. Nous ancrons un peu plus loin entouré de familles de phoques qui se font dorer au soleil. Oui, le soleil est revenu, on l’avait presque oublié celui-là!
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De Cordova à Juneau
Mercredi 6 juillet, en mer!
Balthazar a quitté le quai de Cordova ce matin pour un nouvel été de navigation. Quel soulagement, quel plaisir de retrouver les mouvements familiers du bateau!
Ça sent le début des vacances; des romans trainent ici et là à bord, on somnole ou on observe la nature environnante…les montagnes, les oiseaux, la mer… Moments calmes et apaisants j’apprécie les minutes qui passent.
Les voiles portent avec le peu de vent ambiant. C’est un réel plaisir d’entendre le « floc floc» de l’eau sur les flancs de Balthazar. Nous terminons notre première journée de navigation à moteur et en fin d’après-midi l’ancre touche le fond de Zaikof Bay, située à 40 milles au sud de Cordova.
Nous entamerons ensuite une navigation de quelques jours en mer pour nous rendre à Elfin Cove, à l’entrée nord de « l’Inside passage ».
Dimanche 10 juillet, Elfin Cove
Wow! Nous sommes au pays des Elfes! Chaque maison profite d’un entretien soigné de ses propriétaires, qui y habitent en grande majorité durant l’été. On se promène au village (seulement 8 personnes y habitent l’hiver) sur un grand quai piétonnier (boardwalk) s’engouffrant ici dans un boisé, là à flanc de montagne… Magnifique! Les habitants ont semé quelques figurines de lutin qui nous font sourire au passage. En ce dimanche, les touristes repartent par petits hydravions, avec le produit de leur pêche mis au frais et sous vide. En fin de journée, le village semble endormi… on va prendre une bonne bière pression à l’unique bistro du coin.
Lundi 11 juillet, Hoonah
Le vent nul nous oblige à naviguer à moteur, la mer est calme nous ralentissons prêt de la côte et François sort de l’eau un beau saumon que nous dégustons à l’arrivée. De plus, des baleines, rorquals communs et rorquals à bosses se nourrissent autour du bateau.
En fin d’après-midi, nous prenons place à quai, devant le village de Hoonah. On nous a dit que des ours ont l’habitude de marcher sur la route qui borde la mer. Mais il fait tellement chaud que ceux-ci restent cachés à l’ombre.
Nous marchons sur la route qui mène à la pointe où se trouve le quai des paquebots. On y a aménagé des boutiques et des restaurants et on y attire les vacanciers (dont plusieurs Québécois) par des exhibitions de danses, de sculpture de totem, de visites guidées, etc. Il y a foule!
Mercredi 13 juillet, Swanson Harbour
Après avoir fait le plein des réservoirs d’eau, nous partons pour une journée de navigation vers Couverden Island. Nous entrons dans Swanson Harbour où on découvre des quais aménagés pour les bateaux de passage. C’est un parc protégé, et on peut observer quantité d’oiseaux; pygargues, corbeaux, mouettes, canards… et je croise, en marchant sur la berge, un couple d’oiseaux à bec rouge dont je ne connais pas le nom. Pendant que les bateaux de passage mettent des cages à crabes au fond de la baie, nous cueillons quelques moules pour le souper.
Jeudi 14 juillet, Oak Bay
Après que François ait travaillé sur le moteur de l’annexe, nous partons vers Auke Bay, en banlieue de Juneau.
Le soleil est omniprésent. Nous partons en excursion vers Juneau. En attendant l’autobus, François demande des informations, et le conducteur de l’auto nous offre de nous conduire tous les quatre à la ville! En ville, nous décidons de marcher vers le sommet du mont Robert. Petite ballade qui sur le versant du mont Robert se transforme en randonnée de niveau intermédiaire. Ça monte pendant une bonne heure et demie et c’est en sueur que nous arrivons à l’étape ou nous prendrons un bon repas sur la terrasse du restaurant en compagnie de Guylaine et François. La descente se fera par téléphérique avec une vue splendide sur la ville et le port.
Samedi 16 juillet, Skagway
Nous prenons un traversier pour nous rendre à Skagway.
Les 35 noeuds du « Fairweater » catamaran rapide, nous permette de franchir les 75 miles entre Juneau et Skagway en moins de 3h. Nous filons allègrement dans le fjord, entre montagnes et glaciers par une journée ensoleillée!
La rue principale de Skagway est aménagée pour les touristes. Quantité de boutiques qui offrent des bibelots, bijoux, sculptures, etc. Joli, mais ce qui nous intéresse, ce sont les randonnées possibles à faire demain.
Dimanche 17 juillet
Après un souper de sushis et une nuit dans une des dernières chambres disponibles à Skagway, nous prenons un bon déjeuner avant de faire notre choix d’excursion pour la journée.
Beaucoup de voyageurs viennent ici pour marcher le sentier de la White Pass et retrouver les conditions des explorateurs et des chercheurs d’or qui passaient par ici lors de la rué vers l’or de la fin du 19e siècle, pour se rendre au Yukon. Un train permet aussi de suivre cette trace et d’observer les paysages grandioses de cette région sauvage.
Nous optons pour un sentier de 6 milles qui longe le lac Dewey. Nous apportons un pique-nique frugal (pain, fromage, pommes, jus, barres tendres) et au retour, nous plongeons dans le lac où la température de l’eau s’avère très rafraichissante. Il faut dire qu’il fait un bon 28 C ! Nous croisons quelques jeunes qui s’élancent du haut d’un rocher, à plus de 20 mètres de l’eau. Tout un plouf!
Après cette bonne marche, nous sommes bien contents de retrouver la petite auberge et de prendre une bonne douche avant de reprendre le traversier, qui a un peu de retard. Nous sommes de retour sur Balthazar à 21h00.
Samedi 23 juillet
Mardi matin dernier, nos amis Guylaine et François ont pris l’avion pour entrer au Québec. Notre fille Chloé et son copain André-Michel sont arrivés le soir même. Depuis il pleut. Un petit coup de vent du sud nous bloque à la marina de Auke Bay. Nous larguerons les amarres lundi matin en direction de Sitka l’ancienne capitale russe de l’Alaska.
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Peril Strait
Mercredi 27 juillet,
Au mouillage dans Hanus Bay
57 24 N 135 01 W
Depuis l’arrivée de Chloé et André Michel à bord (mardi 19 juillet), la pluie est omniprésente ou presque. Lundi, nous avons profité d’une pause entre deux dépressions pour quitter le port d’Auke Bay (Juneau) et faire route en direction de Sitka. À quelques milles du port, un grand mâle épaulard est venu nous souhaiter bon voyage. Il a fait surface à quelques mètres sur tribord et a plongé sous Balthazar, «Amazing» comme disent nos amis Alaskiens.
Les prévisions météo annonçaient du vent debout (de face) et de bonnes vagues dans le Chatham Strait. La pluie fut de la partie (ça, c’est normal), mais le vent n’a pas soufflé plus de 10 noeuds, ce qui nous a permis d’engranger du millage. Nous arrivons au mouillage à l’heure prévue, après 11 heures de navigation. Nous préparons le souper tous ensemble et allons dormir tôt.
Aujourd’hui, nous prévoyons faire une trentaine de milles dans «Peril Strait» en espérant avoir bien calculé les courants de marée qui foncent à plus de 5 noeuds dans le Sergius Narrows, passage étroit 25 milles plus à l’ouest. Mieux vaut avoir ces courants avec nous!
Dès le début, le vent est portant, nous filons un bon 6 noeuds sous génois. C’est ainsi que nous franchissons les premiers 15 milles avant de démarrer le moteur.
Sur la route, quelques éclaircies se forment ici et là. On se laisse imprégner par l’atmosphère duveteuse des paysages environnants, où certains nuages collent aux montagnes, d’autres s’alignent en une longue banderole en bordure des sommets ou glissent doucement jusqu’à la mer.
En fin d’après-midi, nous embouquons le Sergius Narrows. Le mille à parcourir avec 2 noeuds de courant contraire se fait rapidement et nous ancrons un peu plus loin entre «Piper Island» et Baranof Island», les montagnes se cachent derrière un voile d’humidité, ça sent l’épinette!
Jeudi
La météo est fidèle au modèle des derniers jours, pluie, crachin, peu de vent et quelques éclaircies timides. C’est au moteur que nous franchissons le dernier 30 milles pour finalement prendre un quai au port de Sitka à 12:30.
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Sur la route
Vendredi 14 août
Nous avons fait quelques centaines de km dans une voiture de location, ce qui nous a permis de découvrir un peu l’intérieur du pays autour de Valdez. La route passe par des montagnes impressionnantes et des glaciers dont un est accessible à pied. La route nous a mené jusqu’à Chitina un très très petit village situé à la rencontre du fleuve Copper et de la rivière Chitina. La population de Chitina est composée d'Amérindiens athabascans et d’Américains. Quelques pêcheurs y pratiquent la pêche traditionnelle « Dipnetting fishing ». Celle-ci se fait avec un filet tendu au bout d’une longue perche qu’on manie de façon à la faire dériver dans le courant du fleuve. C’est une méthode qui comporte des risques, car le pêcheur peut se faire tirer par le courant et par les poissons qui se logent dans son filet.
Guy
Valdez
Valdez, 12 août 2015
Sise au fond du fjord portant le même nom, la ville de Valdez compte quelque 4000 habitants qui vivent dans un cadre spectaculaire. Port Valdez, étendue d’eau de 20 km de long et large de 5 km, est entouré de glaciers et de sommets à plus de 1500 mètres.
Nous sommes arrivés hier avec comme plan de repartir dimanche en direction de Cordova, mais voilà que la transmission du moteur fait des bruits bizarres. Ce matin, Stewart, un spécialiste local, est venu jeter un coup d’oeil à la bête: « ça va pas, il faut la sortir de là pour changer les pièces qui sont défectueuses ». Travail que je ferai dès demain matin avec Michel notre ami-équipier. Dans quelques jours, nous aurons des nouvelles de Stewart qui démontera notre transmission dans son atelier. À suivre…
28 juillet Prince William Sound
Mardi 28 juillet
Culross passage, Carrs Cove
Shotgun Cove, Ziegler Cove, Quillian Bay, Cars Cove, nous butinons d’un mouillage à l’autre dans le but d’explorer de nouveaux lieux et pour retrouver cette émotion subtile qu’apportent les découvertes.
Nous devons composer avec la météo changeante du Prince William Sound; nous sommes gratifiés de 2 à 4 jours de pluie par semaine, du soleil bien chaud à l’occasion, mais peu de vent pour déployer les voiles. Le Passage Canal au bout duquel est sis Whittier est parfois l’hôte de vent fort dévalant les pentes du glacier Portage. Des vents catabatiques, Williwaws, qui soufflent avec force et rafales le temps d’une dépression.
La température me fait penser à celle de la Gaspésie. Si le soleil se pointe le bout du nez le thermomètre indique entre 18 C et 25 C, dès qu’il se cache derrière un nuage le thermomètre indique entre 14 C et 17 C.
Nonobstant, la nature qui nous entoure est tout simplement incroyable de beauté. Elle nous révèle doucement ses mystères lors des navigations, mais aussi et surtout lors des marches que nous faisons dans les nombreux sentiers balisés ou non. Parfois, nous suivons le sentier des bêtes, sentier praticable, mais tortueux, qui nous mène au sommet des monts ou nous fait longer un ruisseau cascadant entre les rochers.
Nous nous régalons de « Salmons Berry », une sorte de mures de couleur saumon, de mures et de framboises bien rouges et de bleuets. Baies que nous trouvons un peu partout en marchant. Le sol est parfois comme une grosse éponge gorgée des eaux de la dernière pluie, et comme il pleut assez souvent, les bottes de caoutchouc sont de mises lors de nos marches. Hier, nous allions découvrir ce que les auteurs de notre guide nautique qualifiaient de « easy walk ». Le sentier était inexistant et c’est au travers des pins, des fougères, des ronces de tourbière que nous escaladions le petit mont en quête d’une vue imprenable sur les bras de mer qui nous entourent. Nous étions bien fiers d’en atteindre le sommet culminant à plus de 300 pieds…hihi…chacun ses petites victoires. Fiers aussi au retour, de garder le cap et de retrouver à travers cette forêt touffue, notre annexe qui nous attendait déposée sur la plage que la marée descendante avait dénudée.
Dans notre canot pneumatique, de quelques coups de rames, nous observons le ballet aquatique des saumons à l’embouchure de leur rivière d’origine. Nous tentons le lancement d’un leurre, histoire de mettre un poisson dans notre assiette.
Quelques milles plus au sud nous avions l’opportunité d’observer la nage sur le dos des loutres de mer montrant au ras de l’eau leurs têtes moustachues aux regards attendrissants. Mais depuis notre arrivée dans la région de Whittier, ils se font rares. Les ours sont présents partout dans le Sound, mais nous n’en avons vu que des traces. Quand nous partons en randonnée pédestre nous apportons avec nous des fusées de détresse qui devraient effrayer un ours trop curieux. Je me plais à croire qu’ils sont bien nourris de saumons et de baies et qu’un ours un tant soit peu lucide n’irait pas attaquer une si grosse bête que représente un être humain, mais on ne prend pas de chance, des fois que…
En savoir plusWhittier, Prince-William-Sound
Whittier Ak, 20 juillet 2015
Ce matin, comme la nuit dernière, le vent fait chanter les mâts dans le petit port de Whittier (se prononce Wi tieur). Sous un soleil radieux, les rafales atteignent une quarantaine de noeuds, assez fort pour nous interdire la sortie du port dans de bonnes conditions. Les pleins d’eau, de nourriture et de carburant sont faits. Nous partirons donc demain matin. Nous profiterons des 10 prochains jours, avant qu’embarque, ici même à Whittier, Michel notre prochain équipier, pour explorer les petites baies sauvages du nord-est du Prince-William-Sound. Certaines offrent des sentiers bordant des cascades tumultueuses, d’autres la visite d’une usine de transformation du poisson ou d’élevage de l’huître. De longs fjords au bout desquels les glaciers tombent dans la mer et y vêlent leurs progénitures glacées.
Depuis le départ de Seward, il y a 2 semaines, nous explorons tranquillement ce magnifique bras de mer qu’est le Prince-William-Sound. Nous n’avons fait qu’un peu plus d’une centaine de milles de navigation, souvent sous une petite bruine, mais aussi sous un soleil lumineux, comblés et heureux d’être simplement là avec notre fille Chloé et son copain André-Michel. Nous avions l’impression de fouler une terre qui n’a pas été modifiée par l’homme, une nature sauvage et belle, une nature invitante à la marche, au regard à l’exploration.
Guy
En savoir plus
Passage du Nord-Ouest: La ciné-conférence
Calendrier des ciné-conférences automne 2015
Billetterie: contactez la salle de spectacle de votre région
Mardi 10-nov |
19:30 |
Sorel |
Café-Théâtre Les Beaux Instants |
Mercredi 11-nov |
19:00 |
Shawinigan |
Salle Philippe-Filion |
Jeudi 12-nov |
19:30 |
Châteaugay |
Salle Rolland-Brunelle |
Lundi 16-nov |
19:30 |
Montmagny |
Cinéma Montmagny |
Mardi 17-nov |
19:30 |
Ste-Marie Beauce |
Salle Méchatigan - Ovascène |
Mercredi 18-nov |
20:00 |
New-Richmond |
Salle Baie-des-Chaleurs |
Jeudi 19-nov |
20:00 |
Moncton |
Université: Salle Jeanne-Valois |
Vendredi 20-nov |
19:30 |
Shippagan |
Maison de la Culture |
Dimanche 22-nov |
16:00 |
Lapocatière |
Salle André-Gagnon |
Mercredi 25-nov |
20:00 |
Sept-Îles |
Salle de spectacle de Sept-Îles |
Jeudi 26-nov |
14:00 |
Baie-Comeau |
Théâtre de Baie-Comeau |
Jeudi 26-nov |
20:00 |
Baie-Comeau |
Théâtre de Baie-Comeau |
Vendredi 27-nov |
19:30 |
Baie-St-Paul |
Salle Multi - Hôtel de la Ferme |
Lundi 30-nov |
19:00 |
Mont-Laurier |
Espace Théatre |
Mardi 1-déc |
19:30 |
Val D’or |
Salle Félix Leclerc |
Mercredi 2-oct |
20:00 |
Rouyn-Noranda |
Théatre du Cuivre |
Terminus: Seward
Lundi 1 septembre, Seward, Alaska
Le voyage de cet été tire à sa fin. Le voilier est désarmé, sa sortie de l’eau est prévue pour mercredi matin. Les jours de soleil ont été tellement rares ces dernières semaines que dès qu’il se montre, c’est le branle-bas de combat; nous avons fait sécher les voiles et les cordages et les avons rangés dans le bateau. Nous avons nettoyé dogger et bimini, et enduit ceux-ci de produit hydrofuge. Nous sommes allés voir le chantier qui recevra Balthazar et vérifié si l’emplacement est adéquat... Tout s’annonce bien.
Vendredi prochain, nous prendrons l’autobus pour nous rendre à Anchorage et passerons la journée avec des amis rencontrés sur les quais de Seward. Ensuite, nous prendrons l’avion pour Montréal.
En savoir plusCouette et café
Mercredi 27 août, Seward
Nous sommes arrivés de nuit. Réparation temporaire oblige, Guy voulait à tout prix continuer jusqu’à Seward pour ne pas avoir à vivre un autre faux départ. Aujourd’hui, grasse matinée ou matin de grâce! À quai, petit déjeuner avec oeufs et pain rôti, couette et café ;) Que c’est bon!
Petite pause bien appréciée avant les corvées pour préparer la sortie de l’eau de Balthazar et notre départ.
Seward est une charmante petite ville portuaire. Tout est conçu en vue de recevoir une grande quantité de touristes. Des rues piétonnières ont été aménagées avec vue sur le port et bordées de restaurants et de boutiques. On se sent des airs de touristes et on a envie de tout voir et, même s’il pleut à verse, nous avons la mine réjouie.
Une navette gratuite permet de visiter la ville avec des arrêts stratégiques, à la bibliothèque-musée, à l’épicerie...à la laverie... Pour nous, c’est une aubaine et chose sublime, on trouve ici un accès facile à des douches publiques (très rare en Alaska, pour nous c’est la première fois). Au programme, cet après-midi, sieste et douche chaude! Ensuite, un petit tour dans un café histoire d’avoir accès à internet, car nous n’avons pas réussi à envoyer nos messages du bateau ce matin. La proximité des montagnes et surtout le temps brumeux et pluvieux en sont peut-être les causes.
Les voiliers abondent sur les quais et plusieurs sont laissés à l’eau pour l’hiver. Certains ont l’air d’y être depuis longtemps et décrépissent doucement en montrant un pont triste et verdoyant de mousse. Nous laisserons Balthazar à terre. Nous avons essayé de joindre le responsable de l’entreposage, mais sans succès.
En savoir plusEn route vers Seward
Mardi 26 août, 19h30
Nous sommes partis ce matin à 6h00. Nous venons de tourner à la pointe du cap et tout va bien. La réparation de fortune du moteur tient bien et nous naviguons dans une mer un peu houleuse, sans vent et quelques nuages, mais pas de pluie pour l’instant.
On se croise les doigts pour que le moteur tienne la route. On se rendra le plus loin possible aujourd’hui, soit dans Resurrection Bay où se trouve, à 15 milles tout au fond, la ville de Seward.
En savoir plusPanne moteur
25 août,
Depuis quelques jours, j’ai une dent qui me fait mal et ce matin, ça ne semble pas s’arranger. Je prends une bonne dose d’acétaminophènes, ça devrait soulager le tout.
Nous préparons notre départ et Guy va lever les deux ancres et j’embraye le moteur en marche avant. Il fait un bruit bizarre... je mets tout de suite au neutre. Guy revient et je lui dis que le moteur fait un drôle de bruit... Ah, zut ! Il repart en avant pour mouiller l’ancre de nouveau.
C’est un scénario que nous avons déjà connu, Guy sait d’où ça vient. Il va dans le compartiment moteur pour resserrer l’arbre d’hélice à l’accouplement moteur... On réessaie la marche avant. Ça ne fonctionne pas. Il recommence le manège par tous les moyens pour serrer le plus possible le tout... Pas de changement.
L’autre solution, qu’il me dit, est d’aller dans l’eau et de pousser l’arbre vers l’intérieur, parce qu’il est possible que l’arbre soit déplacé vers l’arrière. Oui, mais l’eau est plutôt froide par ici ! Il se rappelle soudain qu’un ami nous a prêté des vêtements de survie étanches. Ils se trouvent dans le fond du coffre extérieur... en dessous des poubelles. La belle affaire ! Nous sortons tout le fouillis et trouvons enfin le vêtement. Je replace le tout et Guy me dit qu’il a aussi besoin de ses lunettes de plongée rangée, devinez où? Dans le fond du coffre. C’est vrai qu’on ne s’en sert pas souvent sous ces latitudes, on espère en tous cas. On finit par trouver les fameuses lunettes et Guy enfile le vêtement du mieux qu’il peut, je l’aide à terminer pour lui mettre ses lunettes en dessous de la capuche et...j’éclate de rire ! Je ne peux pas faire autrement, un fou rire me prend en le voyant ainsi vêtu. Il ressemble à monsieur patate rose fluo. Avec ses mitaines et ses bottillons. Hilarant !
Je me vois en situation de survie, exploser de rire à la vue de son costume... Ça égaye, pour le moins, la situation.
Il plonge, ou plutôt, il descend par l’échelle qui va dans l’eau à l’arrière et se met à réfléchir à la meilleure façon de plonger pour atteindre, vêtu de la sorte, l’hélice et son arbre... C’est un peu loin si on considère que l’habit est fait pour flotter... Il s’accroche ensuite à l’arrière et réalise que ses pieds touchent le bout de l’hélice et qu’il peut la pousser ainsi. Après un bon coup, on espère que ça sera suffisant pour réparer le problème.
On recommence le manège, réparation et essai moteur... rien ne va.
Il faut trouver une autre solution. Guy me parle d’un époxy spécial pour le métal qu’il vient juste d’acheter. En réfléchissant, il me dit qu’il faudrait mettre le bateau au sec, c’est-à-dire l’échouer sur la rive, dans la baie, pour faire une bonne réparation.
On annonce une grande marée, ça devrait pouvoir se faire, mais il faut aller inspecter la rive d’abord, et observer les fonds. Nous mettons l’annexe à l’eau, sous une pluie battante, et allons inspecter les lieux. J’apporte des bidons que nous pourrons remplir aux cascades qui dévalent les montagnes.
Après avoir inspecté presque toutes les berges, nous devons nous rendre à l’évidence que c’est un peu risqué, vu la quantité de roches qui tapissent le fond. Après avoir fait le plein de nos bidons, nous revenons à bord un peu déboussolés. Il est 12 h 30 et ma dent commence à me faire drôlement mal. Nous prenons un repas rapide et en me lavant les dents, je détecte une masse sur ma gencive. Je presse dessus et crève l’abcès qui dévoile une infection déjà bien avancée. Je reprends des acétaminophènes et sors les antibiotiques que j’ai à bord en prévision de coup dur... Allez hop ! J’en ai pour 15 jours, le temps de revenir à Montréal et d’aller voir mon dentiste.
En attendant, je vais me coucher, car cette petite opération à ma dent ne m’a pas fait grand bien. Après une heure, les médicaments font enfin leurs effets et j’aide Guy à remonter l’annexe sur le pont. Il tente maintenant de faire la réparation à l’époxy même si nous sommes sur l’eau, pendant que j’écris nos dernières aventures. Demain matin à l’aube, nous tenterons de faire tourner cet arbre d’hélice et de quitter ce mouillage.
En savoir plusCoup de vent
24 Août,
Par le hublot, j’aperçois une loutre qui s’amuse dans l’eau. En fait, non, elle est en train de manger quelque chose qu’elle tient entre ses pattes de devant. Couchée sur le dos, elle ne semble pas s’inquiéter de la pluie et des forts vents qui s’abattent sur nous depuis hier soir.
Nous avons mis deux ancres en prévision de ce coup de vent attendu. Nous sommes bien à l’abri au fond d’une profonde baie encastrée entre d’immenses montagnes. À chaque rafale, Balthazar est propulsé d’un côté et de l’autre avec un bon coup de gîte, nous laissant, Guy et moi, un petit noeud à l’estomac. Pas que nous soyons très inquiets de la situation, mais plutôt sur le qui-vive, car avec ces hauts sommets qui nous entourent, les vents sont d’une force surprenante.
Cette nuit, un bruit suspect a fait sortir Guy des couvertures. Il est allé sur le pont, a marché jusqu’à l’étrave pour inspecter chaînes et câblot. Le gros crochet au bout du cordage servant d’amortisseur à la chaîne a disparu dans une violente rafale. Rien de grave, quelques tours sur la grosse bitte avant et la chaîne fait son boulot, mais Guy revient transi de sa virée sur le pont. Ne trouvant plus le sommeil, il reste à veiller. On évalue certaines rafales à plus de 40 noeuds (autour de 80 km/h).
Les ancres tiennent bien, mais ce vent nous force au respect. Nous sommes en congé forcé, mais pas insouciants. Nous lisons, écoutons de la musique, jouons aux cartes... en ayant constamment nos pensées à l’extérieur, là où les éléments hurlent leur présence.
Nous venons de terminer le réservoir d’eau de tribord. Cent soixante litres d’eau en une semaine! C’est beaucoup! Nous avons dû condamner l’accès direct à l’eau salée, ce qui nous fait laver la vaisselle à l’eau douce. La pompe donnant accès à l’eau salée a fait défaut comme plusieurs petites choses, cet été. Balthazar montre des signes de fatigue. Il aura besoin de beaucoup de soin au printemps prochain, avant la prochaine mise à l’eau.
Par moment, le vent s’arrête complètement, nous apportant un doux réconfort et un grand silence. Tout doucement, on imagine le calme revenu. Lorsque le vent revient en force, on sait que ça finira bien un jour... Je commence à avoir hâte de quitter cette baie.
Vivement Seward!
En savoir plusCalme plat
Vendredi 22 août,
Ce matin, mer d’huile. Une brume légère voile les montagnes glacées qui se profilent à l’horizon. Seul le bruit du moteur nous empêche de savourer à sa pleine mesure ce moment de grand calme.
Guy s’est levé avant l’aube pour pouvoir arriver à destination avant le crépuscule. En me levant, j’ai fait des scones aux fromages qui égayeront ce petit matin.
Nous croisons seulement quelques bateaux de pêche sur la route et le pilote automatique barre le bateau. Nous nous approchons doucement de la péninsule de Kenai. Nous sentons la fin du voyage approcher par l’imminence de notre arrivée à Seward, notre destination finale.
Ce très grand calme me met curieusement dans un état de fébrilité. Je me mes à penser aux choses que je devrai faire en arrivant à la maison. Je fais une liste des travaux que nous devrons faire à notre arrivée... Difficile de vivre le moment présent quand on pense à l’avenir, demain arrivera bien assez tôt! J’arrête ma liste et je vais faire un tour dehors. Je fais un tour d’horizon... Quel calme! Petite coque de noix (d’acier) sur cette grande surface d’eau où une très légère ondulation me force à croire que c’est bien la mer et me permet de ne pas confondre cette eau avec le ciel, à l’horizon.
Je reviens à l’intérieur. Tiens! Guy a décidé de faire le ménage des hublots. Ressent-il comme moi comme un besoin de bouger et d’agir? Dehors, je sens une liberté et un respect pour cette belle nature, je me sens portée vers la méditation.
En revenant à l’intérieur, Guy a terminé le ménage des hublots.
Merci Guy! Les hublots sont maintenant propres!
En savoir plusBientôt aux pieds des glaciers
Jeudi 21 août 2014
Température extérieure: autour de 20 C
À 14 h 30 l’ancre touche le fond de Tonki Bay à la suite d’une navigation d’une trentaine de milles. Tout autour un paysage de conifères, on se croirait dans le parc du Mont-Tremblant, au Québec. Balthazar est seul ancré dans cette baie profonde de 5 milles. Le reste de la journée est dédié au repos. Nous ne mettons même pas le canot pneumatique à l’eau.
Si la météo tient ses promesses, demain nous aurons tout juste le temps de faire les 70 milles qui nous séparent de la Péninsule de Kenai avant que les vents d’Est ne se lèvent. Nous avons choisi une Baie du nom de Sunday Harbor pour faire notre arrivée aux pieds des glaciers. Les navigations suivantes nous permettront de découvrir quelques glaciers parmi les suivants: Addisson, Aialik, Bear, Holgate, Northwestern, Mc Carty, Petrof, Pedersen, Yalik, Split, et quelques autres.
En savoir plusSaumon au menu
Mardi 19 août,
Kitoi Bay
Martine et Joël nous ont recommandé d,aller dans la baie de Kitoi, sise au fond du côté nord-ouest de la grande baie d’Izhut. En début d’après-midi il nous a fallu zigzaguer un peu entre les nombreux bateaux de pêche aux saumons qui étalaient leurs filets en travers de la baie. Cette pêche "à la Senne" utilise un doris avec un puissant moteur tire de son côté pendant que le vaisseau mère tend l’autre bout du filet qui doit bien faire 200 mètres de long. Ensuite, les deux bateaux se rejoignent pour fermer ce piège à poissons.
En approchant du fond de la baie, des saumons, que nous ne savons pas encore identifier, sautent de tous les côtés. Quel spectacle, tout bonnement incroyable ! On n’en croit pas nos yeux ! À 14 h 30 nous ancrons au fond de la baie à 100 mètres de la plage tout près d’une rivière à saumon. Des milliers de migrateurs tentent de trouver la voie qui mène à leur lieu de naissance pour frayer.
Ce midi, nous avons terminé le flétan que nos amis du voilier Muktuk nous avaient gentiment donné. «Guy, on devrait pouvoir attraper un de ces saumons qui sautent partout», me dit Claire. Go ! Je passe ici sous silence le filet de 30 cm par 30 cm que Claire a tenté de confectionner pour attraper la bête, car nous risquions la famine à utiliser l’engin. On sait que les saumons ne s’alimentent plus à ce stade, d’où l’idée du filet. En fait, une simple ligne et un leurre suffiront.
Nous accostons la plage de galet où des dizaines de poissons se sont donnés rendez-vous dans 20 cm d’eau. Un 5 à 7 de salmonidés ! Debout sur la plage, je lance ma petite ligne comme un lasso à quelques mètres du bord, pas plus. Je ramène le tout rapidement avec 90 % de chance d’accrocher notre souper par le dos ou le ventre. Après quelques lancées il y en a un qui se laisse prendre par l’hameçon qui croche sous sa mâchoire. 15 minutes plus tard, il était bien enveloppé dans une papillote avec quelques oignons et des épices et prêt à mettre au four.
Rectification: la famine n’est pas pour aujourd’hui ni pour demain, car le repas prévu pour ce soir était des côtelettes de porc qui attendront demain vu l’incroyable abondance qu’il y a ici ! Pendant que Claire prépare le souper, le voilier chinois, «Second Dream», s’ancre à côté de nous. Comme nous, ils sont tous excités de voir tous ces poissons sauter allègrement tout autour!
En soirée
À 20h00, après une heure à scruter la rive pour détecter la présence d’ours, notre premier ours Kodiak se montre le bout du nez. Il longe la plage de galets à l’orée de la forêt. Nous décidons d’aller le voir de plus près en canot pneumatique, mais nos voisins du voilier chinois sont plus rapides. L’ours disparaît dans la forêt, effrayé par le bruit de leur moteur hors-bord. Nous longeons la plage à la rame tout doucement quand Claire le voit réapparaître un peu plus loin. Nous avons chacun notre rame et nous pagayons en sa direction, mais je pense que Claire n’a pas vraiment le goût de s’en approcher, ses coups de rame n’ont pas beaucoup d’ardeur et l’ours marche plus vite que nous avançons. Elle m’avouera ensuite qu’elle le trouvait bien assez près !
Mercredi matin 7 h 30
Le brouillard présent étouffe les bruits ambiants, un peu comme lors d’une tempête de neige. Quelques saumons font des cabrioles, mais la plupart dorment encore. C’est le calme plat. Sur la pointe à 100 mètres sur l’arrière une forme se détache sur le vert sombre de la forêt. Ça bouge. Un bel ours marche calmement vers l’eau. Il tend la patte et d’un coup de griffe, happe un saumon qu’il dirige vers sa gueule. Il fait une enjambée, dépose sa prise, renifle dans ma direction et prend conscience de ma présence. Il s’éloigne doucement avec son déjeuner qui ne lui a pas demandé trop d’effort à capturer.
Je jette un petit coup d’oeil dans l’annexe amarrée à l’arrière et je découvre qu’un saumon a fait un bond de trop. Il est là depuis un certain temps, car son corps est raide comme une barre. Il sera retourné à la mer.
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Kodiak
Mercredi 13 août, Kodiak
En bateau, arriver dans une ville où les services sont nombreux rime avec corvées. Nous avons commencé par faire une liste et d’établir les priorités; aller à l’épicerie, trouver la buanderie pour y faire 3 bonnes brassées, acheter huile et antigel pour le moteur et aller rencontrer un couple de pâtissier Français, de bons amis de notre ami Phil le marin du bateau le Manguier. Commençons par aller dire bonjour à Martine et Joël. Leur café, Mill Bay Coffee, a pignon sur rue à quelques milles d’ici. Ils ont peut-être un accès internet, ça fera d’une pierre deux coups !
Équipés d’une carte de la ville, nous nous rendons chez Mill’s Bay Coffee rencontrer Joël, pâtissier et cuisinier très accueillant. Nous sympathisons rapidement, il nous propose sa voiture pour faire nos courses, nous invite à souper et accepte d’emblée de participer à notre film.
La voiture est vraiment appréciée dans cette ville où les services sont à bonne distance pour des marcheurs. Ça va nous faciliter grandement la vie.
L’épicerie se fait en deux temps trois mouvements. Après dîner nous partons en auto avec nos trois gros sacs de lavage. Pendant que Claire attend le cycle de séchage, Guy va à la bibliothèque pour ajouter des photos à nos textes sur notre site. Aller voir à www.voilierbalthazar.ca.
Jeudi 14 août,
Aujourd’hui, nous profitons de la voiture pour voir du paysage et faire quelques prises de vues. Au retour, vers 15 h, le port est en effervescence. Plusieurs dizaines bateaux de pêche aux saumons sont de retour depuis qu’un arrêt des activités fut décrété hier soir à 21 h. Les pêcheurs sont sur le pont de leur bateau à remailler leur filet, à réparer ce qui cloche avec l’espoir de retourner en mer bientôt.
Depuis le début de notre voyage nordique, en 2012, nous espérons voir des ours. Dans le Grand Nord, les ours blancs se sont bien cachés et nous n’avons vu que des empreintes dans le sable des plages. Maintenant, nous espérons que le fameux Grizly de Kodiak, le plus gros ours au monde, saura se montrer le bout du nez… et le reste du corps tant qu’à faire!
En savoir plusUn ours Kodiak
17 août, Kodiak
Ce matin, je me suis réveillée en sursaut, j’ai vu un ours Kodiak de près... dans mon lit! Haaaa ! Ouf!! Ce n’était que Guy avec sa grosse barbe de deux mois !
Nous sommes toujours à quai dans Port St-Paul à Kodiak. Le mauvais temps est passé, il est temps pour nous de songer à naviguer encore plus au Nord.
Nous nous arrêterons en premier lieu dans Kitoi baie, sur l’île d’Afogniak (58 12,05N 152 21,50W) où on peut observer des ours Kodiak (des vrais). Ensuite nous nous dirigerons vers Seward, petit port de pêche près des glaciers, où nous laisserons Balthazar pour l’hiver. Après nous être informés des possibilités, il semble bien que ce soit un bon endroit pour laisser le bateau à terre, pour cet hiver. L’autre option serait de laisser le bateau à Kodiak, à l’eau, mais 8 ou 9 mois avec le risque d’une voie d’eau nous font pencher pour Seward.
Nous avons passé de bons moments ici. Nous avons rencontré une famille sur leur voilier, le Muktuk, venant d’Autriche qu’on espère revoir sur notre route. On se sent sur la même longueur d’onde !
À travers la centaine de bateaux de pêche sur les quais, il y a quelques voiliers de voyage. Un Australien, un français, un anglais et chose rare un voilier chinois le « Second Dream », un joli bateau de plus de 17 mètres équipé de tous les instruments derniers cris. Min Gao, son propriétaire, jeune retraité de l’immobilier, a entamé au départ de Chine, un tour du monde de 2 ans.
On dit au revoir à Martine et Joël, qui nous ont accueillis de belle façon et nous ont permis de faire un beau reportage. Ils ont été d’une grande aide en nous prêtant leur voiture. Nous avons sauvé tellement de temps à travers toutes nos courses (carburant diésel, épicerie, lavage...). Merci encore ! Et à l’année prochaine!
En savoir plusPort St-Paul Kodiak
Mardi 12 août,
Small boat bassin,
Kodiak
Nous arrivons à l’entrée du port à 3h par une nuit noire, sans lune et sans étoiles. Depuis quelques heures, les feux des bouées balisant le chenal se confondent parfois avec ceux de la ville et de l’aéroport. Heureusement, le vent est faible et l’approche se fait à moteur au ralenti. À 1 mille du port, nous repérons aisément les feux d’entrées. Cependant je n’arrive pas à garder le cap. Il doit y avoir un courant traversier, car je ne cesse de corriger ma route vers tribord. Je me frotte les yeux et je découvre que le port se déplace vers la droite, il bouge. La masse lumineuse arborant les feux vert et rouge est en fait un cargo qui bouge lentement vers notre droite et le port se trouve derrière.
Nous nous écarquillons les yeux pour trouver la bouée verte «C1», bouée lumineuse marquant le chenal d’approche, quand une masse sombre défile sur tribord, son feu ne fonctionne pas ! Ont n’a bien failli la heurter. Heureusement, les feux verts et rouges marquant l’entrée du port sont bien visibles et nous embouquons le chenal d’entrée. Des amis nous ont confirmé que nous pouvions ancrer dans la partie Nord-Ouest du port. À vitesse réduite, nous essayons de voir où nous pourrions mouiller l’ancre, mais il fait si sombre, les distances sont difficiles à évaluer et, étant donnée la fatigue présente, nous décidons rapidement de prendre un quai.
Paraît-il que la marina coûte chère, mais nous ne rêvons que d’une bonne... demi-nuit de sommeil. Il est 4h, Balthazar est bien amarré, une petite soupe chaude et dodo!
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Baie Pasagshak
Dimanche 10 août,
Ancré dans la Baie Pasagshak
57 27 64N 152 28 07W
La météo nous gratifie de brouillards, vents et crachins. Nous sommes mouillés à quelques encablures de la plage tout au fond de la baie Pasagshak. Quelques maisons s’étalent le long de la plage, une route semble relier ce hameau à la ville de Kodiak, en passant par les montagnes. Nous passerons une nuit tranquille.
Lundi 11 août.
Baie de Pasagshak
Je me lève avec une pensée pour Thérèse Balthazar, la marraine du bateau, ainsi que la mère de Guy. C’est son anniversaire de naissance aujourd’hui. Bonne fête Thérèse!
La météo annonçait des vents faibles changeant au sud-est en après-midi, parfait pour partir d’ici et nous rendre à la ville de Kodiak. Navigation de 40 milles qui devrait nous prendre 8 heures avec un vent portant. Nous partons à 8h et après deux heures de route, devant Narrow Cape le vent devient pile de face et bien établi à 20 noeuds et accompagné d’une vague de huit pieds. Pas bon du tout. Nous rebroussons chemin et revenons nous réancrer dans cette jolie baie paisible. Il pleut toujours mais quelques rayons de soleil nous envoient un bel arc-en-ciel, tout près de notre ancrage. Bon présage ou clin d’oeil de Thérèse?
Nous revérifions la météo qui a encore changée. On annonce des vent du sud à 20-25 noeuds pour cette nuit. Ça veut dire que nous ne pourrons pas rester ici cette nuit car notre ancrage est grand ouvert au Sud ..à moins que la météo ne change encore?
Que faire? Naviguer cette nuit? Georges voulait arriver à Kodiak aujourd’hui, peut-il attendre encore? Il y a peut-être une possibilité de trouver un transport à terre pour se rendre à la ville qui n’est pas bien loin d’ici par voie terrestre.
Une petite sieste devrait aider à voir plus clair dans tout ça...
Une heure plus tard, Georges et Guy décident d’aller voir à terre pour trouver un transport. Ils reviennent contents. Georges a trouvé une personne qui se rendait justement à Kodiak et accepte de le prendre. Elle attend sur la plage qu’il revienne avec ses valises. Un autre départ rapide de Balthazar! On se reverra à la ville de Kodiak dans quelques jours peut-être!
Pendant le temps que Guy amène Georges à la plage, il rencontre Mike, qui l’invite à venir prendre l’apéro chez lui. Ça en prendrait moins que ça pour que Guy accepte! Il vient me chercher et nous partons à la rencontre d’un couple fort sympathique qui se sont construit, ici, dans ce lieu éloigné et sauvage, une immense maison pour le moins paradisiaque, avec un confort absolu et tout ce qu’il faut pour être parfaitement autonome dans cet endroit. Ils sont retraités tous les deux et jouissent apparemment d’une grande fortune et aiment bien accueillir des visiteurs, ainsi que leur famille, leurs enfants et petits enfants qui viennent les voir pendant les fins de semaine.
Ils nous affirment que le bon moment pour naviguer est ce soir et cette nuit car la dépression qui s’en vient est forte et arrivera dès demain et nous empêchera de naviguer pour quelques jours. Georges a bien fait de s’en aller en auto. Nous revenons donc à bord vers 19h30 et partons à 20h00 pour naviguer de nuit. Nous prévoyons arriver au mouillage dans le port de Kodiak vers 4 heures demain matin.
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Pillar Point
9 août, baie de Pillar Cove
Déjà trois jours que je n’ai pas écrit. À Old Harbor, Guy et moi avons pu prendre une douche et laver nos vêtements chez Allan, un Aléoute du village. J’ai eu le plaisir (discutable) de garder ses deux enfants en faisant mon lavage... Je ne peux pas généraliser sur la façon aléoute d’éduquer leurs enfants, mais ceux-ci étaient pour le moins turbulents. Ils s’ennuyaient par cette journée de pluie. Je les ai distraits de mon mieux avec des jeux improvisés ; avions en papier, jeux de monstres, courses à travers la petite maison... ouf ! J’ai bien gagné mon lavage !
Temple orthodoxe de Old Harbor
On décide de remercier Allan en mettant 20$ d’essence dans sa camionnette. Le garagiste nous dit : vous voulez vraiment ne mettre que 2.7 gallons d’essence? Nous décidons finalement d’en mettre 5.4.
Nous passons à l’épicerie acheter une douzaine d’oeufs, du beurre, un oignon... total 20 $.
Le quai nous a coûté seulement 20$. Nous décidons finalement que nous avons assez vu Old Harbor. Nous allons nous abriter dans une petite baie environnante pour attendre le passage d’une dépression qui devrait s’éloigner dans deux jours.
Ce matin, réveillés tôt, nous profitons de la douceur pour faire une courte navigation et nous ancrer dans une autre baie au fond de Pillar point. Quel calme! Georges décide de pêcher derrière le bateau. J’ai un petit restant de spaghetti au saumon pour appâter la ligne. Après 10 minutes: « un bébé morue ! », dans la même famille que les « Poulamons » . Ah, elle est petite, mais, légèrement sautée à la poêle avec du beurre ça devrait être très bon... on la garde !
Une autre ! Même grosseur. Ça en prend une autre, nous sommes trois.
Après 3 petites morues, Georges est toujours en train de pêcher cette fois avec Guy qui s’est ajouté en cours d’activité. On y prend plaisir quoi !
Bon, après cette pêche miraculeuse, c’est le moment d’apprêter tout ça.
En savoir plusCôte Est de Kodiak
Mercredi 6 août,
Nous avons quitté ce matin un petit mouillage à proximité d’une usine de cannage de poisson. Nous ne sommes même pas allés à terre car nous étions bien trop contents de simplement nous arrêter, de prendre un bon souper et aller dormir au calme de cette petite baie sympathique du nom de Lazy Bay au Sud-Ouest de l’île Kodiak.
Après ce cours mais excellent repos, nous repartons pour une navigation qui nous mènera, si les vents sont favorables, à Old Harbour distant d’une cinquantaine de milles.
Pour l’instant, nous naviguons à moteur car le vent n’est pas très présent. Nous venons de croiser une famille de baleines qui ajoutent une touche magique à notre quotidien. Très lentes, elles déploient leur queue et plongent dans les tréfonds de la mer. Beau moment qu’on essaie d’immortaliser sur nos appareils photos.
Photo: Georges
Les minutes coulent doucement. Nos discussions s’approfondissent; nous parlons de la valeur du temps, de la richesse d’une vie autonome, de la possibilité de choisir... nous philosophons quoi! Georges me confie, que lors de l’un de ses nombreux voyages, il a fait la rencontre furtive mais déterminante, au Cambodge, d’une femme très âgée vivant dans une petite grotte au pied d’une pagode (sorte de temple dédié aux Dieux) et qui l’a accueilli avec un merveilleux sourire. Ce sourire lui a laissé une impression de plénitude. ...Mais qu’est-ce que j’ai à me poser des questions et à vouloir toujours plus quand un simple sourire peut laisser une telle empreinte!
Pendant ce temps, nous longeons la côte de l’île de Kodiak couverte de hautes montagnes à perte de vue, certaines ont des sommets tout ronds, d’autres des pics acérés. L’horizon demeure vaste malgré la présence des montagnes et confère au paysage une impression de vastitude.
Nous prévoyons arriver à Old Harbour, vers 20h00, si les vents du Nord ne se lèvent pas tout de suite. On annonce une bonne dépression demain et nous espérons être à l’abri près d’un village où nous pourrions peut-être laver le linge, prendre une douche, faire une petite épicerie, aller sur internet... Et une foule de choses encore, comme aller marcher, rencontrer des gens d’ici, commencer un petit reportage...
Maintenant, une large brèche s’ouvre sur la côte et on s’engouffre dedans. Le détroit Sitkalidak nous accueille et cela nous réjouit car nous avançons vents portants. C'est ainsi que nous arriverons à bon port; Old Harbour.
À 6 milles de l’arrivée: «Baleines!» dit Guy posté dehors. Nous sortons et assistons à la balade de tout un troupeau de baleines qui semblent s’être rassemblées ici pour profiter sans doute d’une profusion de nourriture. Et tout à coup, un groupe de dauphins à flanc blanc vient jouer devant le bateau. Ce qu’ils sont rapides! Georges essaie de les capter avec son appareil photo lors de leur sortie de l’eau. «Quel beau comité d’accueil nous avons!» dit-il.
En savoir plusEn traversée vers l'île Kodiak
Mardi 5 juillet,
Hier, c’est à moteur que nous avons parcouru les 60 premiers milles, sur un total de 170 milles, en direction de l’île Kodiak. En soirée un vent du Nord-Ouest nous permet d’arrêter le moteur et de faire route à bonne vitesse dans la bonne direction. Rapidement, il forcira à 20-25 noeuds, nous prendrons 1, puis 2 et finalement 3 ris dans la grand-voile. Je me sens beaucoup mieux en naviguant sous voile, sans le bruit du moteur. Les sons que font la mer, le vent et les vagues qui viennent éclabousser notre voilier me sont familiers. Je ressens les mouvements de Balthazar comme une extension de mon corps et même si la mer s’agite un peu je me sens bien. L’ensemble des microorganismes vivant en suspension dans l’eau laisse un sillage luminescent qui bouge et change au gré des mouvements du safran. Un spectacle que Georges a le plaisir de voir pour la première fois
.
Ce matin, le vent tourne au Nord et se transforme en petite brise molissante. Balthazar a besoin à nouveau de son moteur pour nous propulser dans la bonne direction et à bonne vitesse. Vers 17h nous encrerons dans Lazy bay (56 53,5 N 154 15 W) . Une conserverie de saumons opérée par Columbia-Wards Fisheries occupe la côte nord de la baie. De nouvelles découvertes en perspective!
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Pause à Mitrofania
Dimanche 3 août,
Depuis hier, nous sommes ancrés dans Mitrofania Harbor, une baie parfaite pour nous reposer et pour nous préparer à la prochaine navigation qui prendra une trentaine d’heures, pour nous rendre à l’île de Kodiak.
Aujourd’hui, le temps est un peu gris, ce qui n’a pas empêché Guy et Georges d’aller pêcher dans la baie. Guy me dit qu’il apporte la radio VHF portable et nous pourrons communiquer si besoin est.
Pendant leur pêche, j’en profite pour cuisiner des sablés aux amandes qui seront délicieux en navigation demain. Musique à fond dans Balthazar, je m’éclate et chante à tue-tête. Ça fait du bien ! Je termine la recette et, tiens, je décide d’appeler Guy, question de savoir s’ils ont attrapé quelque chose. Je ne les aperçois pas dans la baie. C’est vrai qu’elle est vaste et ils sont peut-être cachés par une échancrure de la côte...
Guy, Guy, Guy... ici Claire..... Pas de réponse. Guy, Guy, Guy... ici Balthazar, m’entends-tu?..... Toujours pas de réponse ! Ça valait la peine d’apporter la radio. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter, mais... et si jamais ils n’avaient plus d’essence dans le moteur hors-bord? Revenir à la rame ça fait un peu loin... Et si un des deux s’était blessé? Et s’ils étaient allés à terre et avaient rencontré un ours?
....Bon, ça va faire. On relaxe. Je m’installe pour écrire, je lis. Je jette un coup d’oeil dehors toutes les 10 minutes, ou plutôt 5. Ça fait 1 heure et quart seulement qu’ils sont partis... Relaxons...
Je réessaie la radio, Guy, Guy, Guy... ici Balthazar (un peu plus fort) est-ce que tu m’entends? Toujours pas de réponse ! Zut !
Voyons les choses autrement. Ils sont peut-être à terre, loin de la radio. Ils ont peut-être pêché un énorme poisson et sont en train de le préparer et de s’en mettre plein les mains et ne peuvent prendre la radio. Ils ont peut-être oublié de l’allumer. Cette dernière option me semble la meilleure, en tous cas elle m’aide à supporter l’attente avec plus de confiance.
Ils arrivent. Ça fait seulement une heure et demie après tout. Sacrée radio !
Ce sera une belle morue et un petit flétan ! Yé !
Photo:Georges
En savoir plusPetit matin
Samedi 2 août,
Matin tranquille, ancré entre l’île Paul et l’île Jacob (55 47 27 N 159 20 36 W), entourées de montagnes verdoyantes et parsemées de fleurs roses. Nature apaisante malgré les traces d’ours aperçu sur la plage, hier.
Nous avons rencontré une famille vivant à bord de leur voilier, le Seal. Ils arrivent de l’Antarctique via le Japon! Nous avons sympathisé à l’apéro à bord de leur voilier de 56 pieds conçu pour les navigations nordiques et nous ferons sans doute quelques miles de concert avec eux, jusqu’à l’île de Kodiak.
Photo:Georges
Pendant que Guy répare une petite fuite sur le moteur, Georges tente le poisson avec une ligne derrière Balthazar. Dès que Guy aura terminé sa réparation, ils iront pêcher un peu plus loin avec l’annexe, là où Hamish, du voilier Seal, a sorti un immense flétan hier soir. Je vais sortir mes livres de recettes pour apprêter ce futur poisson avec le respect qui convient.
Georges et Guy reviennent bredouilles de la pêche et nous levons l’ancre pour une navigation d’environ 25 milles en direction de Mitrofania, un village abandonné où nous mouillerons dans le port naturel formé par une petite baie encastrée entre les falaises.
Pour l’instant, nous profitons de la quiétude d’une navigation tranquille sur une mer où ne règne qu’une houle résiduelle. La journée est ensoleillée, nous observons le paysage et méditons sur les belles choses de la vie.
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Une nuit venteuse
Mardi 29 juillet
Initiation musclée qu’a vécu Georges dans sa première journée de navigation, hier.
Ça a bien commencé avec un léger vent, un vent si léger que nous avons même démarrer le moteur pour quelques heures. Nous prévoyions arriver au mouillage choisi, Cole Baie, vers 19h00.
En après-midi, le vent forcit et nous voguons allègrement le long d’une magnifique chaîne de montagnes qui nous envoie bientôt des vents catabatiques de plus en plus violents. À l’approche de Cole Baie, le vent augmente et la mer est cahoteuse.
Guy est à la barre et reçoit régulièrement de bonnes giclées d’eau salée tandis que Georges savoure ces moments intenses. Néophyte de la voile, il demeure spectateur des manoeuvres et vit ces premiers moments de voile de façon très ouverte et confiante. Il est curieux de tout. C’est l’enthousiasme des premiers instants !
Je suis personnellement ébahie de voir ces nuages vaporeux déposés sur les cimes des montagnes sans broncher, comme si le vent furieux dévalant les pentes ne les concernaient pas. De notre côté, nous recevons bien la violence de ces vents qui forment une mer déchaînée, si près de la côte ! Guy dit qu’il a l’impression d’être dans une machine à laver tellement la mer est hachée.
Nous réalisons rapidement que nous ne pourrons pas mouiller l’ancre dans Coal Bay, car le vent catabatique y souffle avec force. Nous repérons sur la carte une petite baie à un peu plus de 6 miles et nous continuons la route dans l’espoir d’y trouver refuge pour la nuit. Connaissant le manque de précision qu’affichent parfois les cartes électroniques, nous nous approchons de la baie tout doucement. Elle est parsemée de roches, mais elle semble être un bon refuge pour nous protéger des vents de tous les secteurs. C’est parfait. Trouverons-nous un fond de bonne tenu pour l’ancre? Il est maintenant 21h00. Nous tentons une approche. Les fonds montent, 20 pieds, 15 pieds, 12 pieds, « On ancre ! » crie Guy de l’avant du bateau, mais l’ancre ne croche que dans un amas d’algues. Guy remonte le tout et repère une bonne plaque de sable et nous ancrons de nouveau. « Ça vas tenir » me dit-t’il. Le vent souffle assez fort, mais heureusement aucun clapot ne vient déranger notre quiétude.
À 2h00 Guy et moi ne dormons plus. Le vent souffle avec furie et propulse Balthazar d’un bord à l’autre avec violence et nous ne sommes pas rassurés par la tenue de l’ancre. Pourrait-elle décrocher? Sait-on jamais? On se lève, l’estomac noué par le stress, et nous évaluons la tenue de l’ancre grâce au sondeur qui nous indique des fonds relativement stables. La marée monte ce qui rend l’évaluation un peu moins précise... Il fait nuit noire et nous ne voyons pas les rochers environnants, mais nous pouvons apercevoir la lumière du feu de Seal Cape à proximité, ce qui nous aide à constater que notre position d’ancrage reste stable. N’ayant pas d’anémomètre nous ne connaissons pas la force réelle du vent. Mais ça souffle vraiment fort !
Georges se lève et paraît surpris de nous voir debout à cette heure. On lui explique que le bruit que fait le vent dans notre chambre avant est trop fort pour dormir et il retourne se coucher confiant. Nous veillons jusqu’à 4 h lorsque le vent daigne se calmer un peu. Le bateau est bien accroché et rien ne pourra le faire chasser. Retour au dodo, nous sommes crevés !
Le lendemain matin, nous repartons de ce mouillage pour nous rendre à Sand Point qui se situe à une trentaine de milles. Il fait beau soleil et le vent est portant. À 17 h, le 29 juillet, nous nous amarrons au quai de Sand Point.
Mercredi le 30 juillet, Guy rencontre Arthur sur les quais, un pêcheur de morue qui lui avoue avoir passé une des pires nuits de sa vie lorsque son immense ancre n’a pas tenue son bateau rempli à ras bord de morue. Il était ancré dans la baie voisine de nous et il a enregistré des vents de plus de 50 noeuds avec des pointes à 60 noeuds entre 2 h et 4 h. À ce jour, ce sont les vents les plus forts que nous ayons subis.
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Au pied du volcan Shishaldin
Lundi 28 juillet, King Cove
Depuis notre arrivée dans les îles Aléoutiennes une succession d’évènements nous mène de surprise en surprise. D’abord, le soleil nous accompagne et dévoile un paysage grandiose avec d’un côté, ses volcans, ses pics enneigés, ses montagnes vertes et de l’autre côté, un horizon infini sur une mer clémente. Wow !
Samedi, on s’est levé tôt pour aller vers King Cove où Georges arrivera dimanche à bord d’un traversier qui fait la navette entre plusieurs villages des îles. Nous terminons de déjeuner quand Joe et Ben, pêcheurs rencontrés à False Pass, nous abordent à bord de leur bateau pour nous donner du crabe. Quelle belle attention! Ils en profitent pour nous demander si nous voulons aller pêcher le saumon avec eux ce matin. Nous décidons de concert d’y aller, quitte à arriver plus tard au mouillage ce soir.
Nous embarquons donc à leur bord et partons pêcher !
Nous reviendrons deux heures plus tard, en rapportant deux beaux poissons, éviscérés et emballés sous vide par Ben. Merci les amis !
Joe nous invite aussi à nous rendre à Seward, son port d’attache, où nous pourrons trouver une place pour hiverner Balthazar. C’est un endroit sûr avec toutes les commodités (épiceries, logement disponible, magasins...) et c’est plus près d’Anchorage que Cordova, la destination que nous avions choisie au préalable.
Nous n’avons plus qu’à changer nos billets d’avion... C’est décidé, on va à Seward et Cordova sera pour une autre année !
En après-midi, la température est magnifique et nous traversons un paysage bordé d’une succession de montagnes et de pics enneigés. Nous naviguons à moteur, car le vent est presque nul. Guylaine dit: il ne manque plus que des baleines ! Quelques heures plus tard, on voit quelques souffles au loin. On ne peut pas se détourner et aller à leur rencontre, car notre temps est compté pour arriver au prochain mouillage avant la nuit. Nous observons les souffles s’approcher imperceptiblement vers nous. Bientôt, ils se retrouvent à quelques mètres et nous pouvons admirer les plongeons et le déploiement des queues des rorquals à bosse.
Et elles se rapprochent de plus en plus ! Ma foi, elles viennent à notre rencontre ! Nous mettons le moteur au neutre et attendons leur arrivée. Elles nagent autour du bateau, plongent en groupe. Elles sont immenses. Elles disparaissent sous l’eau. Nous attendons quelques minutes... elles remontent toutes en même temps et repartent en nous disant au revoir dans un même souffle... Quelle belle rencontre !
Le soir, nous ancrons dans une baie bien protégée le coeur comblé par cette belle journée.
Le lendemain matin, nous partons pour King Cove pour y accueillir Georges qui embarque pour 2 semaines. Quant à Guylaine et François, ils débarqueront à Sand Point dans 2 jours.
En route, un cargo nous croise. On se dit que c’est peut-être le bateau de Georges qui arrive un peu en avance. On lorgne avec les jumelles, on prend des photos de ce bateau pour finalement découvrir au loin un grand traversier moderne. Le cargo n’était pas le bon... Georges arrive pile à l’heure en même temps que Balthazar. Nous allons à sa rencontre après avoir amarré Balthazar au quai. On s’embrasse, se donne des nouvelles.
François et Guylaine demandent le prix de la traversée à bord de ce grand bateau qui peut les mener jusqu’à Homer au sud d’Anchorage. Très abordable ! Ils épargneraient ainsi le coût exorbitant du billet d’avion entre Sand Point et Anchorage. La décision est prise en quelques minutes. Branle-bas de combat, les valises sont sorties, on appelle le traversier à la radio VHF qui accepte de les attendre avant le départ prévu dans cinq minutes !
On a le coeur gros. On se dit rapidement au revoir. Ce fut un réel plaisir de vous avoir à bord les amis. Une belle aventure qui se termine subitement pour s’ouvrir sur une nouvelle. Bienvenu à bord, Georges.
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Un autre monde!
En mer de Béring, mercredi 23 juillet 2014.
Tout est gris, le crachin est presque permanent, il ne fait que 10C, mais les vents sont cléments et nous poussent vers notre destination.
Un autre monde! Ce sont les mots employés par un ami de Nome en parlant de la différence entre l’Alaska du Nord et celle du Sud, de l’autre côté des Aléoutiennes, là où nous allons. Au nord, tout est plat. Devant, à une centaine de milles au sud, la barrière formée d’îles volcaniques, les Aléoutiennes, culminent autour de 2500 mètres.
La couverture nuageuse nous empêche de voir ces hauts sommets, faut dire que nous sommes encore à bonne distance, mais nous espérons que demain après la nuit qui ne dure que 5 heures, le ciel sera assez dégagé pour que nous puissions admirer, lors de notre approche, le relief montagneux des îles.
Le nom des certains volcans évoque le passé Russe de l’Alaska: Shishaldin, Pogromni, Pavlof. Des îles portent fièrement leur nom aléoute: Umnak, Unalaska, Unimak.
Vendredi 25 juillet
En fin d’avant-midi, nous embouquons le chenal d’entrée de False Pass. Deux heures plus tard, nous choisissons une baie pour ancrer, mais les fonds tapissés d’algues ne permettent pas à notre ancre de crocher adéquatement. On a quand même hâte de faire une halte repos. Un village, tapi du côté ouest de la passe, semble offrir l’espace pour ancrer. En approchant nous distinguons l’entrée d’un port de pêche nouvellement construit. Par curiosité nous franchissons la jetée de protection pour découvrir de beaux quais tout neuf avec beaucoup d’espaces libres.
Guy
C’est notre premier arrêt dans les aléoutiennes, un arrêt improvisé puisque nous pensions passer la nuit à l’ancre. Le port de False Pass est bien protégé et c’est dans un paysage grandiose que nous y rencontrons des gens accueillants. C’est jour de repos pour plusieurs pêcheurs et nous avons le plaisir de partager avec eux la richesse de leurs expériences. Grâce à leur générosité, nous dégusterons un excellent saumon Sockeys pour souper et nous aurons une provision de crabe et de poissons pour repartir.
Après les 600 milles de mer que nous venons de parcourir, cette chaîne de montagnes volcaniques nous offre un spectacle à couper le souffle. À la suite des bonds et rebonds d’un troupeau de dauphins qui semblent être venus nous souhaiter la bienvenue, les nuages s’éclipsent tout doucement pour faire place à ces montagnes majestueuses et à ces pics enneigés. Un pur délice pour mes yeux et mon âme. Je sais que je suis une terrienne...
Il y a longtemps que je ne m’étais pas retrouvé à bord et ces quelques jours de traversée m’ont réconciliée avec une paix intérieure. Faire le vide, embrasser l’immensité, et respirer. Merci mes chers amis de m’offrir cette opportunité, de vivre des moments délicieux en votre compagnie. Je me sens privilégiée de partager vos connaissances, votre expérience et surtout votre passion.
Avec amitiés, Guylaine
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Sous le vent de Nunivak et du Cap Algonquin
Nunivak, 21 juillet
60 13’ 50 N 166 56’ 00 W
Sous le vent de Nunivak et du Cap Algonquin.
Nous partons de Nunivak où nous n’avons vu que quelques vestiges de vie, lors de notre deuxième escale sur cette île, à Nash Harbour. On y retrouve entre autres deux saunas et une tente moderne avec tout ce qu’il faut pour tenir quelques jours...le temps d’un retour de chasse... ou d’une retraite... On imagine plein de choses dans cet endroit éloigné de tout, mais entouré d’une nature riche et grandiose.
Nous avons été un peu déçu de ne pas voir âme qui vive à Nash Harbour. La veille, nous n’avons pas visité Mekoryuk, seul village habité de l’île, car un coup de vent sévissait et nous étions confinés à bord à une dizaine de km du village. Maintenant, notre objectif est d’aller au plus tôt vers le Sud et les Aléoutiennes.
Pour l’instant, nous voguons sous voile, au près, avec un vent qui nous fait avancer à 4 noeuds, ce qui n’est pas très rapide, mais agréable. Nous en aurons probablement pour 3 jours entiers avant d’arriver à False Pass, dans les îles Aléoutiennes. J’espère que le temps sera dégagé pour pouvoir apprécier, pour la première fois, ces montagnes et volcans qui nous font rêver depuis quelque temps déjà.
Un courant de face nous empêche de nous extirper rapidement des environs de l’île et nous entrons dans une brume qui devient de plus en plus opaque dans cette lente avancée... Nous démarrons le moteur, car le vent refuse complètement. Heureusement, la mer n’est pas très agitée ce qui rend la navigation assez confortable. Je crois que nous devrons par contre supporter le bruit du moteur jusqu’à demain, avant que le vent du nord prévu souffle assez fort pour nous pousser vers notre destination.
Le radar nous indique une masse (un bateau?) à 5 milles sur tribord. Nous devrons être vigilants. Nous sommes quatre à nous relayer à l’extérieur et surveiller les alentours. De plus, notre pilote automatique qui prend le relais qui ne fonctionnait plus dans le Grand Nord vu la proximité du pôle, fonctionne enfin, donc nous n’avons pas à barrer.
Il est maintenant 17h 30. Ce matin, j’ai préparé un repas avant de quitter le mouillage et il ne me reste qu’à le réchauffer pour le souper. Nous mangerons donc un porc à l’ananas, en sauce aigre-douce sur riz. Ce que j’appelle un repas réconfortant.
En savoir plusALASKA 2014
vendredi 18 juillet 2014
Hier matin à 7h00 pile, nous avons largué les amarres pour entamer ce voyage qui nous mènera aux îles Aléoutiennes, dans le sud de l’Alaska. On dit au revoir à Nome qui nous reverra peut-être un jour... qui sait ?
Départ en force, cette première navigation de l’été est musclée avec de grosses vagues et un léger vent de face qui nous oblige à naviguer au moteur. Une petite bruine mouille nos cirés, il fait froid et gris, mais ça ne nous empêche pas d’être fébriles devant cette nouvelle aventure qui commence.
Guylaine et moi avons préparé quelques petits plats qui nous éviteront de cuisiner les deux premiers jours. De son côté, François, boulanger de son état, a fait trois fournées entières de pains que nous dégusterons le long du parcours... Nous sortons déjà quelques craquelins, car nos estomacs ont besoin de se caler un peu. Nous avons besoin de nous amariner. Vu l’état de la mer, ce n’est pas facile.
On se relaie à la barre. Chacun passe une heure dehors pour ensuite se réchauffer à l’intérieur où une douce chaleur est produite par la toute nouvelle chaufferette installée par Guy et François avant-hier. Celle-ci utilise le liquide de refroidissement du moteur.
Le vent se met à souffler. Guy et moi allons installer le tangon qui permet de maintenir en place la voile d’avant et d’adoucir notre navigation.
Vient la nuit. Il nous faut établir des quarts plus longs pour permettre à l’équipage de dormir assez longtemps. Guylaine a le mal de mer. Les gars décident de faire les quarts de nuit chacun à son tour.
Je me fais éjecter de mon lit par un coup de gite subit. Je change de couchette pour dormir au carré.
François est dehors depuis quelques heures et entre pour se réchauffer. Il retourne dehors à toute vitesse et remet son souper à la mer...
Nous avançons à bonne vitesse. Les vagues grossissent, mais la navigation se fait plus confortable. Le soleil nous envoie quelques rayons à l’occasion. Nous arriverons à notre première destination, l’île de Nunivak, samedi vers 2 heures du matin. Probablement à temps pour éviter une nouvelle dépression avec des vents d’une trentaine de noeuds soufflants du Sud-Ouest, notre cap.
Guylaine et François
François prépare du pain
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ALASKA: Terre de tous les possibles « Nome »
Les articles sur Alaska: terre de tous les possibles, font suite à la série d'articles sur le passage du nord-Ouest que vous trouverez plus bas.
Lundi 14 juillet 2014, Nome
Hier soir, Balthazar était encore à terre, ce qui ne nous a pas empêchés pas de recevoir à bord nos amis Guylaine et François, tout juste arrivés de Montréal. Pendant que nous soupions, on nous annonce que le bateau sera mis à l’eau sous peu. Il est 19 h, nous n’y croyons pas vraiment. C’est sûr que Phil et Roland ont travaillé tout l’après-midi à installer la remorque, mais il reste encore à rejoindre le conducteur du gros tracteur et... nous sommes à Nome ! Ici, le temps et les horaires semblent y être plus souples qu’ailleurs.
À 21 h, nous terminons à peine la vaisselle quand on entend un moteur et que le bateau se met à bouger. Ça y est ! Branle-bas de combat nous installons les défenses et amarres.
Quelques minutes plus tard, Balthazar s’engage dans la descente de bateau et se met doucement à flotter. Guylaine, qui subit les effets du décalage horaire, est couchée et ne bronche pas, même quand qu’on démarre le moteur! La pompe à eau du moteur, refait à neuf, ne semble pas vouloir faire son travail et Guy doit éteindre le moteur. Balthazar est toujours retenu par quelques amarres, mais le vent le pousse de plus en plus et nous empêche de les libérer facilement. Nous décidons de redémarrer le moteur pour enlever la pression sur les amarres. La pompe du moteur finit par s’amorcer et crachote son eau par le tube d’échappement. Nous naviguons une petite distance pour rejoindre les quais du port et nous nous amarrons à couple du bateau Arktika.
Balthazar se remet à vivre, il est enfin à l’eau !
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Nome
Dimanche 18 août
Nome Alaska
Balthazar est à quai dans le petit port de Nome.
La ville de Nome est connue pour la ruée vers l’or de la fin du 19e siècle. La particularité de Nome, à cette époque, est que l’or se trouvait sur la plage. Dès la première année, les premiers chercheurs d’or accumulaient la somme de 2 millions de dollars en pépites. La nouvelle se répandit, ce fut la ruée et des milliers de gens débarquèrent à Nome pour faire fortune!
Aujourd’hui, sur les quais du port, une petite communauté de chercheurs d’or et de pêcheurs de crabes s’active. Les chercheurs d’or sont de plus en plus nombreux à conduire leurs pontons flottants, embarcations hétéroclites, à quelques centaines de mètres de la côte pour draguer les fonds peu profonds à l’aide d’aspirateurs géants. Ils viennent du sud du 48e (c’est comme ça qu’on appelle le reste des É.-U. en Alaska), ils passent plusieurs heures par jour sous l’eau à manier le tube de leur aspirateur en plongée. Ce n’est pas sans danger, un «dradger», comme ils se font appeler, nous montrera la peau de son abdomen brulé par l’eau chaude censée le tenir au chaud sous sa combinaison de plongée.
Les plus travaillants sortiront environs 1/2 once d’or à l’heure. L’or se trouve sous forme d’une fine poussière ou de petites pépites (un peu comme des flocons de maïs émiettés) mélangées au gravier.
Quelques compagnies utilisent d’immenses barges sur lesquelles sont installées des pelles mécaniques qui remontent plusieurs tonnes de graviers. Ils retirent plus d’une trentaine d’onces d’or par jour des fonds de la mer. À 1500 $ l’once, c’est assez lucratif.
Nous avons eu la confirmation que nous pourrons sortir Balthazar ici pour l’hiver, ce qui se fera jeudi de cette semaine sur une remorque nouvellement construite. Aujourd’hui, avant l’arrivée de la première bonne dépression de l’automne, oui ici l’automne arrive rapidement, nous avons commencé à désarmer Balthazar en remisant les voiles dans leurs sacs.
Ce n’est pas la fin du voyage, mais bien la fin d’une étape. Cet été, nous n’étions que deux pour affronter le froid, la météo aléatoire, les embuches d’un tel voyage et faire nos quarts. Les mers de Chukchi et de Bering n’ont pas besoin de grands vents pour se montrer agressives et demandent une attention soutenue de la part des équipages qui s’y aventurent. Nous avons parcouru un peu plus de 1000 milles dans de bonnes conditions et nous sommes contents de faire escale à Nome. Balthazar y passera l’hiver pendant que nous travaillerons à la maison au montage du film de nos aventures pour une tournée avec Les Grands Explorateurs.
Claire et Guy
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De Barrow à Nome
Mercredi 31 juillet, Barrow
Nous sommes à Barrow, là où l’été dure une semaine... Je crois que c’était la semaine passée! Il fait aujourd’hui 8 degrés et c’est au-dessus de la moyenne! Un brouillard pénétrant entoure Balthazar ancré dans «Elson Lagoon». Nous sommes à une dizaine de milles de la ville, éloignés de tout mais bien protégés des vents d’Ouest. Ces vents d’Ouest apportent sur la côte, devant la ville, là ou nous pourrions ancrer à quelques centaines de mètres du centre-ville, une quantité impressionnante de growlers de toutes les formes et crée un amoncellement de glace bien dense. On annonce des vents d’Ouest pour encore quelques jours.
Hier, nous avons reçu un accueil incroyable d’un petit groupe de résidents de la ville. Grace à la collaboration d’un radio amateur de Winnipeg, Peter Semotiuk, amateur du Grand-Nord, nous avions les coordonnées d’un biologiste, Craig Georges, résident de Barrow. Craig étant à l’extérieur de la ville pour quelques jours, c’est sa conjointe Cyd ainsi qu’un collège Todd qui nous ont accueillis et nous ont même donné une coup de main avec les autorités pour les douanes et l’immigration. Ils travaillent ici comme chercheurs, biologistes pour la plupart.
Avec Cyd et avec une bande d’amis fort sympathiques, nous sommes allés dîner au restaurant chez «Pépé’s». Ensuite elle nous a laissé chez elle où nous avons pu prendre une bonne douche chaude, laver nos vêtements et même faire un saut à l’épicerie. Merci beaucoup!
Nous devons maintenant attendre que la glace se retire et que les vents soient calmes pour ancrer devant le village. De là, en faisant des allers-retours en annexe, nous pourrons faire le plein d’eau, de carburant diésel et de nourritures.
Notes:
- Barrow est une ville de 4700 habitants dont 65 % sont Inupiat.
- La ville semble s’être développée autour de l’industrie pétrolifère de Prudoe Bay.
- Barrow est a environ 1200 milles du Pôle Nord
- Il nous reste environ 1200 milles à faire pour Sand Point, là ou s’achève notre périple de cet été.
- Pourquoi il n’y a pas de feux-d’artifices le 4 juillet, jour de la fête nationale? Parce qu’il fait jour 24 h!
Claire et Guy
Lundi 5 août 2013,
Aujourd’hui, la navigation se fait sous une pluie (voire de la neige) intermittente. Température extérieure 3 C. Température intérieure 17 C. Tout est gris; la mer, le ciel et l’horizon. Parfois d’un gris si monochrome, que nous les confondons. Le vent est du Nord à 12 noeuds en moyenne. Enfin, les voiles portent et nous avançons en moyenne à 5 noeuds. Être sous voile est moins exigeant qu’à moteur, nous n’avons pas à tenir la barre car le régulateur d’allure fait le travail. Quel plaisir de ne pas entendre le moteur! Le soleil nous manque. Il s’est heureusement montré toute la journée de samedi à Barrow. C’était la seule journée ensoleillée en 10 jours. Et là, c’est reparti de plus belle pour le gris.
Le vent et la glace à Barrow nous ont fait mouiller l’ancre dans le lagon un peu loin de la ville. Nous y sommes restés 3 jours à attendre. Jeudi dernier la météo plus clémente et la disparition de la glace devant la ville nous ont permis de mouiller directement devant le village à proximité de la station d’essence et du super marché. En 3 jours nous avons fait le plein de tout ce dont nous avions besoin.
Hier, dimanche nous avons levé l’ancre. Après 50 ou 60 milles de navigation, nous essayons de trouver des endroits pour passer la nuit. Tout au long du littoral, des lagons formés par de minces langues de gravier et de sable offrent parfois une bonne protection et il est possible d’y ancrer. Mais les passes d’entrées sont souvent peu profondes. Les fonds changent avec les années et les cartes nautiques ne sont pas à date. De plus la position en longitude et latitude des cartes est souvent décalée de plusieurs centaines de mètres. Si on ajoute à ça une visibilité souvent réduite par le brouillard et la pluie, nous avons là des fins de journée un peu stressante.
Nous accumulons un peu de fatigue, mais le moral est bon à bord. Pendant que j’écris ces lignes, il tombe de petits grêlons! Je me surprends parfois à rêver de vents d’alizés, de cocotiers et de belles grandes traversées sous les tropiques!
Guy
Dans la gueule du loup!
Aujourd’hui, beau début de journée à la voile. Vers 14 h le vent diminue, nous ne faisons que 3.5 noeuds. Nous calculons arriver à « Akoliakatak Pass » vers 2 h du matin et nous sommes un peu fatigués. Nous décidons de faire escale à Wainwright distant d’une quinzaine de milles et accessible plus rapidement. Un ami nous avait conseillé de demander de l’aide pour embouquer la passe et avoir accès au lagon. Dès 15 h nous appelons Wainwright et nous avons la communication radio avec Wainwright Rescue. Nous leur faisons part de notre intention d’entrer dans le lagon et nous leur demandons de l’aide pour passer au travers les hauts fonds sans nous échouer. La réponse fut positive — pas de problèmes, vous pouvez entrer au sondeur — oui, mais l’approche semble difficile que je leur dis et nous avons besoin d’un minimum de 5 pieds d’eau. OK fut la réponse, nous serons là avec un bateau et nous vous attendons vers 17 h.
À 17h10 nous sommes devant ce qui nous semble être l’entrée. Une entrée utilisée par plusieurs voiliers avant nous. Nous attendons en mer que le bateau de la Rescue se présente. Il se présente une heure plus tard et nous fait signe de le suivre pour entrer. Nous sommes soulagés bientôt nous ancrerons dans le lagon pour une bonne nuit de sommeil.
(En rouge le trajet en suivant le bateau accompagnateur. Les triangles sont les points donnés par le capitaine d'une barge local. La carte est décalé en longitude et latitude mais les points sont bon!)
Sur nos cartes nautiques, la profondeur moyenne est de 7 à 10 pieds avec quelques hauts fonds à 3 pieds que nous voulons éviter! Nous suivons donc les « pros » du coin qui connaissent bien cette passe. Les vagues déferlent à notre bâbord ainsi que sur tribord. Nous sommes dans la passe, le sondeur indique 7, puis 6, puis 5, puis 4, puis 3 pieds, puis 2,6... bordel de m.... y’a pas d’eau. Nous touchons... la dérive du safran remonte... la barre est dure et nous toucherons comme ça sur une centaine de mètres avant de retrouver assez d’eau. Tabarn...#%$@@!&):*&?!
Pas besoin de vous dire que je suis en beau « Joual vert »! Finalement, nous arrivons dans 15 pieds d’eau, le bateau accompagnateur se rapproche. Nous lui faisons part de notre incompréhension et nous répond que «c’est comme ça quand il vente du nord — il n’y a pas d’eau!» Oui, mais pourquoi nous avoir accompagnés dans ce piège à con??? De plus ils nous disent d’ancrer là, dans le chenal et non dans le lagon, car il n’est pas accessible par vent du nord... #$?%&?$%$.
Nous v’là donc ancré dans le chenal d’accès au lagon, entre le lagon où il n’y a pas d’eau et la sortie où il n’y en a pas non plus! À la question comment sortirons-nous d’ici, la réponse fut: «Il faut attendre quelques jours que les vents du Nord ( ceux qui nous font bien avancer vers le sud ) cessent pour faire place aux vents du Sud, là vous pourrez ressortir, car il y aura un peu plus d’eau.» Oui, mais pourquoi ne pas nous avoir dit tout ça ...AVANT! J’suis toujours en beau joual vert!
Avec leur bateau moteur ils s’approchent un peu plus, probablement pour voir si tout est correct... Ils réussissent avec beaucoup de dextérité à prendre le pied de leur moteur dans notre chaîne d’ancre, le courant les pousse sur nous et ils frappent la coque de Balthazar... c’est le comble de la bêtise!
Quelle sera la suite... nous verrons demain matin!
Écrire ce petit mot m’a aidé à me défouler... excusez là!
Guy
PS: prévision météo pour les 4 prochains jours... vents du Nord!
Mercredi 7 août, mer de Chukchi
Nous sommes sortis ce matin de la passe de Wainwright sans encombre et grâce à l’aide d’un bateau commercial qui connaissait les « waypoints » pour sortir de là. L’entraide qui existe entre bateaux de toute forme et de toute origine est un vrai bonheur! Merci capitaine Mike pour votre aide!!! Ce fut un réel soulagement pour nous de sortir de cette impasse.
11 h
Nous faisons route maintenant vers le sud-ouest, à moteur et voile, car le vent n’est pas très fort. La mer est douce et confortable, mais nous envisageons de nous arrêter pour la nuit près de la côte, car la barre est rendue difficile à cause de la dérive du safran qui est légèrement remontée. Guy a essayé de la remettre en place avec la gaffe, mais n’a pas réussi à la remettre à sa place à 100 %.
13h
Nous filons maintenant sous voiles. Le régulateur d’allure fait son travail et nous n’avons pas à tenir la barre. Nous avançons entre 4 et 5 noeuds dans la bonne direction.
Bref, le voyage continue de plus belle et nous serons à Nome d’ici 6 à 8 jours selon la météo. Hier nous avons discuté de la possibilité de sortir le bateau là pour cette année. Nous avons communiqué par courriel avec des amis qui y ont laissé le leur l’hiver dernier et ils nous ont fortement déconseillé de le faire. Nous continuerons donc plus au sud , comme prévu, pour tenter de rejoindre Sand Point, qui se trouve beaucoup plus au sud, dans les îles Aléoutiennes.
16h30
Nous passerons cette nuit en mer. Nous continuons jusqu’à Pointe Hope où nous passerons la nuit et repartirons le lendemain pour profiter de ces bons vents du nord. Pendant notre arrêt forcé, j’ai eu le temps de faire du pain et de préparer des côtelettes et légumes en cocotte. Il ne reste qu’à faire réchauffer.
Claire
Point Hope, vendredi 9 août 2013
Mercredi matin, après nous être remis de nos émotions d’une entrée plus que hasardeuse à Wainwright l’avant-veille, nous sortions allègrement de l’impasse grâce à de bons «Waypoints».
Navigation de Wanwright à Point Hope (suite).
Les conditions de voile, en ce jeudi matin, sont bonnes. Nous filons à bonne allure.
En après-midi, le vent augmente. La mer grossit. Nous subissons notre premier coup de vent de l’été et le vent s’établit à une trentaine de noeuds sur l’arrière (prévisions 22 noeuds). La mer devient grosse et même très grosse, impressionnante!*
La température extérieure se maintient à 8 C, les nuages sont à fleur d’eau et il tombe une pluie froide. En fin d’après-midi nous naviguons au vent arrière sous grand-voile à 3 ris et le Génois avec tangon sur tribord.
Après avoir empanné la grand-voile pour changer légèrement de cap nous décidons d’installer le tangon sur bâbord pour conserver une bonne stabilité de route. Se déplacer sur le pont dans cette mer démontée est laborieux et au moment où nous nous apprêtions à mettre le tangon en place, Guy me regarde et dit: «la mer est beaucoup trop grosse pour cette manoeuvre et le vent est trop fort nous n’avons pas besoin d’une voile de plus!». Nous rangeons le tangon et continuons sous grand-voile avec la voile d’avant (génois) bordée bien plate dans l’axe du bateau.
Nous filons malgré ce peu de surface de voile à entre 6 et 8 noeuds et la mer est de plus en plus grosse et agressive. Nous faisons de multiples embardées décidons d’affaler la grand-voile et de ne garder qu’un petit bout de génois à l’avant. Ouf! Nous stabilisons ainsi Balthazar sur sa route et les 3 dernières heures, avant de doubler la pointe (Pointe Hope), sont beaucoup plus calmes même si les conditions de vent et de mer ne s’améliorent pas!
À minuit quinze, nous ancrons sous le vent de Pointe Hope pour une nuit de repos bien méritée.
- La mer de Chukchi, comme beaucoup de mers qui ne sont pas des océans, est peu profonde et bordée par des côtes pas très lointaines. Il s’y lève des vagues qui n’ont aucune mesure avec la force du vent. Dans l’océan pacifique, par exemple, le vent prendra plusieurs jours pour lever une mer semblable à ce que nous avons vu lever en quelques heures en mer de Chukchi.
Guy
Samedi 10 août,
Nous naviguons aujourd'hui sous voile et sous régulateur d'allure. C'est bien, car nous n'avons pas à barrer le bateau et nous pouvons rester à l'intérieur pour nous abriter de la pluie et du froid. Il fait quand même moins froid maintenant, à mesure qu'on va vers le sud (aujourd'hui 8 degrés). La mer est douce et on prévoit passer le détroit de Béring demain par temps doux. Heureusement, car il n'a pas bonne réputation par vent fort!
Dimanche 11 août,
Détroit de Béring
À l’approche du détroit le temps se gâte un peu. Bien sûr, il pleut! Le vent augmente un peu, la mer aussi. Nous voyons sur tribord les Îles Diomède, la grande est russe et la petite, 3 km à l’est, est états-unienne. À bâbord le Cap Prince of Wales (POW pour les intimes) se profile à l’horizon.
À minuit trente, après une navigation d'une quarantaine d'heures, nous nous ancrons juste au sud-est du Cap Prince of Wales devant le village abandonné de Tin City, après avoir franchi le détroit de Béring dans des vents catabatiques furieux.
Lundi 12 août
Aujourd'hui, c'est la plus belle journée depuis fort longtemps. Il fait un soleil radieux, chose assez rare, et même qualifié d’exceptionnel par les gens du coin! Balthazar est aux pieds de montagnes de plus de 2000 pieds, et la verdure présente nous stimule et nous attire vers ces sommets.
Nous avons mis l'annexe à l'eau et allons marcher dans ce petit paradis. Pendant notre ascension, nous remarquons quantité de crottins d’animaux qui marque la présence de caribous, de boeufs musqués et peut-être d’ours? Nous continuons notre randonnée en restant à l’affut des mauvaises rencontres et allons vers ce qui nous semble une habitation dans la montagne.
Surprise, ce n'est que l'immeuble abritant le mécanisme d’un défunt remonte-pente, style gondole ! Mais, de là, nous avions une vue étendue sur l’autre versant qui nous montre d'autres immeubles et antennes paraboliques que nous nous sommes empressés d'aller visiter. Nous avons eu la surprise d’y rencontrer le responsable d’un groupe de travailleurs. Il nous confirme la présence fréquente de caribous et de boeufs musqués (que nous n’avons pas vu encore!) mais nous affirme qu’il n’y a pas d’ours. Nous apprenons aussi que nous sommes sur une base des US air force (base secrète hihi). Il ne faut pas oublier que la Russie est juste de l'autre côté du détroit, à moins de 100 km.
À notre retour, en fin d’après-midi, il fait plus de 20 C à l’intérieur de Balthazar. Le thermomètre extérieur indique 30 C au soleil! C’est l’été! Nous en profitons pour faire un brin de toilette au grand air!
Après souper, nous retournons à terre pour explorer la plage. Un couple inuit arrive en 4X4 avec leur petite fille endormie dans les bras de sa mère. Celle-ci nous raconte que la semaine dernière, elle a assisté, sur cette plage, à l’arrivée d’une traversée à la nage du détroit de Béring dont plusieurs pays participaient. Les nageurs (ses) entraînés pour cette dure épreuve arrivaient sur la plage complètement frigorifiés mais réussissaient à tenir le drapeau de leur pays respectifs!
Elle nous raconte aussi que les gens d’ailleurs pensent que les inuits vivent encore dans des igloos! Elle précise que dans son village qui se trouve sur le versant Nord de la montagne, labouré par tous les vents, ils ont toutes les commodités. Elle me décrit, avec fierté, tout son confort: maison chauffée, eau, électricité, câble téléphonique et télévisuel, internet, etc.
Mardi 13 août, température extérieur 10 C, un peu de soleil.
Nous longeons la côte découpé de hautes montagnes brunes et grises éclairées par un soleil éclatant. Le vent est bon et nous pousse entre 5 et 6 noeuds, vitesse un peu réduite à cause d’un courant contraire de plus de 1.5 noeud.
Après le dîner, le vent tombe complètement. Nous partons le moteur pour continuer cette douce navigation côtière et mouiller l’ancre en fin d’après-midi.
Il nous restera un peu moins de 100 milles à faire pour rejoindre le port de Nome que nous atteindrons jeudi ou vendredi.
17h, ancré face à la longue presqu’île qui forme Port Clarence
Claire et Guy
En savoir plusDe Inuvik à Barrow
Mercredi 10 juillet,
Aujourd'hui beau soleil. Pas trop froid malgré le vent du Nord qui souffle entre 25 et 30 noeuds. Il fait 10C.
Nous sommes ancrés depuis lundi soir dans le delta du fleuve Mackenzie et nous attendons patiemment que le vent daigne faiblir.
Si tout va bien, demain matin nous tenterons d'embouquer une passe étroite — hauts fonds de chaque côté, non balisée — pour ensuite suivre un embranchement du fleuve sur une distance de 30 milles qui nous mènera dans «Shallow Bay» et dans «Mackenzie Bay». Selon les rapports météo que nous recevons, il y a de la glace dans «Mackenzie Bay», qui sera probablement de plus en plus compacte, pousser contre la côte par les vents du Nord! À suivre…
Delta du Mackenzie, jeudi 11 juillet.
Le chenal que nous nous apprêtons à traverser demande une grande attention. D’ici, de notre mouillage, nous voyions bien l’île que nous devrons contourner, mais nous ne voyons pas la bouée qui est censée se trouver au nord de cette île. Sommes-nous trop loin pour la voir? A-t-elle disparue comme plusieurs amères introuvables le long du fleuve?
Nous avons besoin d’une bonne visibilité pour contourner cette île, car on peut voir sur la carte qu’elle est entourée de hauts fonds. L’eau du fleuve est malheureusement brune et opaque, ce qui nous empêche de voir les fonds. Depuis deux jours, un coup de vent a amené des vagues qui ne nous permettaient pas d’embouquer ce chenal étroit et difficile d’accès. Mais, ce matin, après deux jours d’attente, le ciel est bouché par un brouillard dense! Celui-ci est causé par la température plus froide d’aujourd’hui (il fait 3 degrés) qui entre en contact avec l’eau beaucoup plus chaude du fleuve. On ne nous annonce pas beaucoup plus chaud demain. On devra donc attendre encore une journée... ou deux ?
La bonne nouvelle c’est que le bateau reste sec et chaud à l’intérieur! Le confort total!
Alors, on joue aux cartes, on lit, on écoute des films sur notre petit MacBook... Toute une aventure!?
Et pour les repas, pas de problème! Le frigo est tellement plein que nous pourrions demeurer plusieurs semaines sans manquer de rien... ou presque. Nous avons de l’eau pour deux semaines, trois semaines tout au plus. Dommage que l’eau du fleuve soit si brune, mélange de sable et d’eau ce qui élimine toute idée de consommation et même nous rebute d’y laver la vaisselle.
C’est quand même bizarre. Nous ne sommes pas si loin de la ville d’Inuvik (50 milles au nord). On sait exactement où on est, ancré dans un des bras tentaculaires d’un vaste delta parsemé de hauts fonds. On se sent quand même au milieu de nulle part, entouré d’une nature sauvage avec quelques oiseaux ici et là, comme pour nous prouver que la vie existe au nord du cercle arctique.
Et l’on se retrouve, Guy et moi, seuls sur notre petit bateau, dans cet endroit isolé, sans autres choix que d’attendre, d’être patients et de vivre sereinement chaque minute!
Claire
Jeudi 11 juillet en après-midi,
Le brouillard s’est dissipé à l’heure du dîner. À 12 h 30 nous levions l’ancre pour une petite balade de 28 milles. À 16 h 45 l’ancre est mouillée par 4 m de fond. Nous sommes maintenant à quelques milles de la mer. Vous pouvez voir notre position sur notre site voilierbalthazar.ca en cliquant sur le logo « Spott ».
Shingle Point, Dimanche 14 juillet
Nous n’étions qu’à quelques milles de la mer ! Mais sortir du delta du Mackenzie n’est pas une mince affaire, surtout si on emprunte cette voie qui mène à « Shallow Bay », sortie qui nous fait gagner beaucoup en distance, mais qui demande une plus grande vigilance, vu la faible profondeur de l’eau.
C’est Dough, un pilote de remorqueur rencontré au chantier de Horizon North, qui nous a parlé de cette sortie en nous disant qu’elle était très praticable et que de toute façon, les fonds sont mous. « Je l’ai moi-même déjà emprunté », nous dit-il. Nous sommes allés dans son remorqueur pour comparer nos vieilles cartes papiers avec les siennes qui sont plus récentes et tout semble correspondre.
Nous nous sommes levés tôt, samedi matin, fébriles à l’idée de naviguer et d’aller voir du pays. Partis à 6 h 45, nous avions 40 milles à faire et pensions arriver à Shingle Point aux environs de 15 h ou 16 h. Nos points de route (points faits à partir de la longitude et de la latitude sur une carte) relevés sur la carte papier sont tous positionnés sur les cartes électroniques même si nous n’avons pas complètement confiance en la justesse de celles-ci qui nous semblent décalées autant en longitude qu’en latitude. Qu’à cela ne tienne, nous pourrons vérifier les fonds à mesure que nous avançons et ainsi corriger les erreurs possibles.
Le pire était à prévoir ! Au fur et à mesure que nous avancons, les points de route ne correspondent plus. Premier échouement. Nous nous en sortons en poussant le devant du bateau avec notre canot pneumatique. Ç’est vrai que les fonds sont mous ! Nous devenons quand même plus prudents. Deuxième échouement ! Zut ! Rebelote, nous poussons l’étrave et sortons de ce bourbier. Nous devenons un peu plus tendus.
Nous cherchons en fait une passe qui se situe quelque part dans cette eau boueuse, opaque, sans aucun amère, ni bouée pour nous repérer. On la voit sur la carte, cette passe, mais lorsque nous tentons de l’embouquer, on touche le fond.
Après 2 heures de zigzag à chercher ce passage qui nous semble de plus en plus inexistant, nous essayons de nouveau, et comme le dit l’adage; jamais deux sans trois ! Sauf que ce troisième échouement est décourageant ! Comment allons-nous pouvoir sortir de cette immense baie ? Je commence à imaginer la possibilité de rebrousser chemin.
Nous nous ancrons dans un abysse de 4 mètres d’eau, on s’arrête pour dîner et on prend le temps de réfléchir. On décide de sonder les fonds à l’aide de l’annexe (canot pneumatique) et d’une perche en apportant avec nous un petit GPS muni de nos points de routes. Guy et moi virevoltons dans notre annexe volante et sautons d’une vague à l’autre à une vitesse folle pour s’arrêter à alternance de la route pour sonder. Nous sondons, 1000 mètres d’un côté à l’autre de l’endroit où devrait se trouver ce passage et faire un peu plus de 2 mètres de profond. Après plusieurs tâtonnements, et quelques heures de ce manège, nous sommes proches du découragement. Mais il faut avouer que, autour de chaque point de route, les fonds sont mous et jouent autour de 1,50 mètres à 1,70 mètres de profondeur. C’est quand même un peu plus que la profondeur moyenne environnante. On pense avoir trouvé le bon endroit pour permettre à Balthazar de passer avec dérive relevée et *dérive du safran boulonnée en position basse (1,70 mètre de tirant d’eau dans ces conditions).
On revient au bateau et on entre à vitesse réduite dans ces fonds vaseux. Le sondeur nous indique rapidement 3 pieds ! Mais ça passe !!! Ouf ! Au final, en sortant de ce chenal, il est 15 h 30 et il nous reste 30 milles à faire dans des fonds de 2 mètres en moyenne. Le vent est maintenant levé et souffle de face à 15 noeuds levant de petites crêtes écumantes. De plus, la barre est devenue très dure, signe que la dérive du safran a décroché et remonté vers l’arrière en position haute (les nombreux échouements ont probablement eu raison du boulon de 1/4 de pouce qui maintenait la dérive basse)*. Mais c’est ce qui nous a permis de passer par un chenal de 3 pieds. Malheureusement, je n’arrive pas à tenir la barre et Guy devra barrer tout le chemin restant dans ces conditions.
Nous sommes fourbus, mais contents d’arriver à bon port, à 21h45, et nous mouillons l’ancre derrière la langue de sable de Shingle point, là ou quelques camps d’été se dressent sur une grande pointe avançant dans la mer.
- Dans nos navigations sous les tropiques la dérive du safran était retenue par une goupille de 1/8 de pouces qui cédait facilement au besoin et qui l’empêchait de basculer vers l’arrière sans raison. Il était même aisé de la dégoupiller, en allant à l’eau, pour passer dans peu d’eau et de remettre le tout en place ensuite. Ici, dans le nord, la température de l’eau n’incite guère à la baignade, c’est pourquoi le safran est non goupillé, mais bien retenu par un bon boulon. Guy
Claire et Guy
Mardi 16 juillet, Shingle Point
Ce matin à 8 h 30, nous avons quitté le village d’été de Shingle Point. Pendant les deux derniers jours, nous avons pu faire de belles rencontres, trop courtes, mais riches en échange et en partage. Peter et Manny, 2 frères de notre génération (entre 45 et 55 ans) nous ont exprimé l’importance et leur volonté de transmettre leurs traditions à la prochaine génération. Ils sont de la nation Inuvialuit, leurs ancêtres sont venus du nord Alaska. Ils parlaient la langue Inuvialuit (similaire à l’inuktitut), mais depuis 2 générations, cette langue semble s’être perdue au profit de l’anglais. Heureusement, les jeunes à l’école réapprennent cette langue ancestrale, qui gardera un lien avec leur origine et leur histoire.
Le paragraphe ci-dessous a été publié seul sur FB
Hier après-midi, nous avions rendez-vous chez Mavis et Peter, un couple inuit, pour prendre le thé. Ils vivent ici pendant les vacances d'été avec toute une petite communauté formée par des membres plus ou moins rapprochés de leur famille. Tous ont apporté leur aide pour construire à chacun une petite cabane pour loger toutes ces familles. L'ambiance y est très détendue, on vit ici au rythme de la nature. La chasse et la pêche sont les activités principales et ils profitent de cet environnement fécond pour faire le plein de poissons et de viandes séchées pour l'hiver.
Une petite déception, en quittant Shingle Point. Nous ne pourrons pas assister à la compétition de jeux inuits (Northerm Games), rassemblement culturel qui aura lieu dans 10 jours. Les Northerm Games sont des compétitions traditionnelles de coup de pied de précision « High kicks », de sauts à la corde, d’acrobaties où les compétiteurss’affrontent pour le plaisir, pour se rencontrer, pour perpétuer des traditions de vie, mais aussi pour encourager les habilités qui ont contribué à la survie de leur peuple dans un environnement sauvage et souvent hostile.
photo prise à Inuvik lords d'une démonstration.
Par une belle journée ensoleillée, nous avons parcouru une cinquantaine de milles, sous voiles et nous sommes arrivés à 18 h, par 20, 25 noeuds de vent portant du NE. La température a clairement fraichi, il fait maintenant 15 degrés - il faisait 20 C à 10 h ce matin.
À notre arrivée, le gardien du parc accompagné de son mousse, à bord d’une chaloupe à moteur, sont venus nous accueillir; « bienvenue à Hershell » nous dit-il, et bang! il oublie de mettre sur le reculons et fonce carrément sur Balthazar! Accueil pour le moins percutant! Nous garderons un petit souvenir « rouillant » de notre arrivée à « Hershel Island »... Il s’excuse et nous demande combien de temps nous pensons rester ici.
Nous nous donnons rapidement rendez-vous à terre demain matin, mercredi, pour régler tout ça. En attendant, souper de macaronis et pour le dessert, crêpes Suzette flambées au rhum! Il faut bien fêter notre arrivée dans cette île historique, là où à une époque, les baleiniers hivernaient de longs mois.
Claire
Île Herschel, mercredi 17 juillet,
À 11h, nous rencontrons Ricky, le «ranger» responsable du parc provincial qu’est l’Île Herschel. Fort sympathique, le bonhomme ! Nous rencontrons aussi une joyeuse équipe de chercheurs - pergélisol, végétation, géologie - semblent être les sujets de leurs études sur place. Chose curieuse, ils vivent tous dans un horaire où la journée commence autour de 11 h et s’étend jusqu’à 2 ou 3 h du matin ! Privilège d’une nuit qui n’existe pas ! Bref, à cette heure très matinale, 11 h, c’était l’heure de leur déjeuner. Nous sommes donc revenus sur Balthazar, ancré près de la plage, pour notre dîner.
Le vent qui soufflait d’une quinzaine de noeuds du Nord-Est depuis notre arrivée hier, s’est brusquement mis à virer de 180 degrés au Nord-Ouest à plus de 30 noeuds et nous mettait le cul dans moins de 2 mètres d’eau à 10 mètres de la plage.
Nous avons dû relever l’ancre (ouf) et nous reprendre par 2 fois pour se ré-ancrer sur 2 ancres, dans 4 mètres d’eau. Mouillage un peu agité, mais qui tient bien et n’est pas trop près de la plage.
Demain, si le temps le permet, nous accompagnerons les scientifiques dans leurs travaux !
Guy
Île Herschel, jeudi 18 juillet,
Hier, un coup de vent subit et aujourd’hui nous apprécions un temps beaucoup plus calme avec moins de 10 noeuds du NE. La température de l’eau de ce côté ci de l’île (côte Est) se situe autour des 10 C et du côté ouest environ 2 C. Cette différence marquante est dûe au delta du Mackenzie qui apporte son eau chaude du sud jusqu’à la côte est de l’Île Herschel. Bref nous ne souffrons pas du froid, pas encore.
Aujourd’hui, balade sur l’Île Herschel. Nommée en l’honneur de l’astronome John Herschel par John Franklin en 1826, son nom original serait Kikiaktaryuak ou Qikiqtariuk qui veut dire « grande île» en langue Inuvialuit.
Sur les collines de l’île, nous avons rencontré une partie des jeunes chercheurs qui se sont fait un plaisir de nous expliquer le but de leurs travaux sur le terrain. Fascinant de voir ces jeunes scientifiques passer des heures à remuer, creuser, tarauder le sol en vue d’accomplir leurs recherches.
L’île est aussi un lieu de villégiature pour les touristes de passage. Ils souhaitent voir les animaux vivants sur l’île. Nous n’avons pas vu de caribous, ni de buffles musqués, ni de grizzli, mais plusieurs empreintes et plusieurs bouses et crottin qui prouvent leur présences.
Nous surveillons les données des glaces et des vents que nous recevons via la radio-amateur pour un départ possible demain en direction de «Démarcation Bay» ou de «Barter Island».
Samedi 20 juillet
Nous sommes restés une journée de plus pour tenter de voir et filmer les animaux présents sur l’île. Ce matin, jeudi, une des scientifiques nous dit qu’hier soir, elle s’est trouvée au milieu d’une chasse à l’ours ! Elle et une de ses consoeurs s’était éloignée dans les collines, à un ou 2 km du campement, pour leurs travaux et un des «rangers» a vu un Grizzli courir sur les traces d’un boeuf musqué. C’était une femelle Grizzli avec son petit et les filles se trouvaient à peu près à mi-chemin entre l’immense prédateur et sa proie. Le Rangers, en prenant toutes les précautions nécessaires (armé et accompagné), est allé les chercher et les filles furent quittes pour une bonne frousse ! Ce matin, il y a eu une réunion spéciale dans la cabane des chercheurs. Le Rangers en chef lançait un appel à la prudence et les collines seront désormais interdites d’accès jusqu’à ce que cette ourse quitte ce territoire. Donc pas de randonnées dans les collines pour tenter de voir des animaux. Nous resterons tranquilles près du campement. Nous avons profité de cette journée pour cuisiner un pain et des biscuits.
Pour l’instant, le voyage se passe bien. On ne manque de rien, on se porte bien et nous faisons des rencontres intéressantes. Nous avons aussi des conditions météorologiques idéales; il fait relativement chaud, il n’y a pas de glace, à part quelques morceaux de banquise que nous apercevons à l’horizon, et une petite brise nous pousse en général dans la bonne direction. À partir de maintenant, on s’attend à ce que les conditions changent un peu. On nous dit que plus à l’ouest, après l’île Herschel, il fait plus froid et on devrait rencontrer plus de glace !
À 18h00, pile à la frontière de l’Alaska, nous rencontrons notre première barrière de glace. Ça nous rappelle le Groendland! La grande différence est que cette barrière est accompagnée de brume qui devient de plus en plus opaque à mesure que nous approchons de notre point d’arrivée. Soleil de face, nous zigzaguons entre ces monticules de glaces (appelés growlers), formes fantomatiques que nous voyons apparaître autour de nous à une trentaine de mètres, pour arriver enfin à 19h15. Ouf!. Et tout-à-coup la brume se dissipe pour dévoiler une belle baie tranquille et bien protégée de la mer.
Dimanche 21 juillet
Depuis ce matin, nous croisons des morceaux de banquise, longue bande de glace flottante qui nous bouche partiellement le chemin; il faut la contourner. C’est, paraît-il, l’endroit de prédilection de l’ours blanc. Mais on a beau scruter la surface blanche sur des kilomètres, on ne l’a pas encore vu.
En milieu d’après-midi, à 6 milles au large et à mi-chemin entre la baie Demarcation où nous avons passé la nuit, et Kaktovik, où nous passerons quelques jours, un point orange se profile à l’horizon. Il se démarque parmi tout ce blanc! Après quelques minutes à bien regarder avec les lunettes d’approche, je distingue nettement la forme d’un bateau rouge qui fait route dans notre direction. Il a l’air d’un bateau de pêche avec ses mats de charge. À moins que ce ne soit les «coast gards», ce qui serait surprenant ! Je reprends les lunettes et... mais oui, c’est Le Manguier, le remorqueur transformé en bateau de plaisance par Phil le marin!
Quel hasard! Nous nous étions écrit au printemps. Le Manguier partait du sud de l’Alaska à la mi-juin et je savais qu’il était depuis 2 semaines dans la région de Barrow. En faisant une petite recherche sur le net,on découvre une histoire pour le moins intéressante. Bref, une rencontre fortuite en mer de Beaufort, Le Manguier et Balthazar se croisent à quelques mètres de distance, nous nous parlons à la VHF. On se donne des informations pertinentes sur ce qui attend l’un et l’autre sur nos routes respectives. On a juste le temps de s’apercevoir d’un pont à l’autre et on se dit au revoir! On aurait bien aimé se rencontrer au mouillage!
21h, ancré près du village de Kaktovik.
Claire et Guy
Lundi 22 juillet,
mer de Beaufort
Nous nous sommes arrêtés à Barter Island, juste pour passer la nuit. Le mouillage était bien protégé des vents d’Est, mais pas de l’Ouest et nous avons dû repartir le lendemain matin pour faire le plus de route possible pour nous rapprocher de Barrow.
Après Barrow, la glace ne risque plus de nous barrer la route.
En mer de Beaufort, la glace est bien présente même en ce mois de juillet. L’hiver fut froid, et parait-il que la fonte est un peu lente cette année. Nous sommes fin-juillet et c’est un pack de glace morcelé que nous avons rencontré. Cette glace bouge aux grés des vents. Les vents du secteur Est ont tendance à l’éloigner de la côte et ceux du secteur Ouest la ramène pour embêter les voiliers de passage. Nous croisons alors quantité de morceaux de glace, petits icebergs et growlers, qu’il faut contourner. Nous nous relayons, Guy et moi, à la barre toutes les heures pour faire des journées de 10-12 heures, 45 à 60 milles avant de trouver un mouillage pour la nuit aux abords de la côte.
L’Alaska est bordé par trois mers et un océan. La mer de Beaufort tout au nord, la mer de Tchouktches à l’ouest de la pointe Barrow, la mer de Béring côté ouest et au sud du Cap du Prince de Galles et enfin l’océan Pacifique, au sud des îles Aléoutiennes.
Nous sommes en mer de Beaufort et ça me fait penser que nous ne sommes qu’au tout début du voyage! Il me tarde de trouver un café internet où nous pourrons enfin mettre nos textes, et peut-être des photos, sur notre site! Pour se faire nous devrons attendre à Barrow, dans environs une semaine. Heureusement que notre fille Joëlle fait le lien sur Facebook.
Nous sommes entrés, hier soir dans un chenal protégé par une barrière de sable et, malgré la brouillard présent ce matin, la pluie et le vent contraire nous pouvons nous rendre au prochain mouillage, situé à 15 milles. Petite journée, car le crachin qui accompagne cette petite dépression rend ces trois heures de navigation inconfortables, froides et humides.
Claire et Guy
Vendredi 26 juillet
Enfin sorties de ce mouillage désert ! Trois jours à attendre que le mauvais temps passe. Ce n’est pas si mal d’être obligé d’attendre; on peut lire, regarder des films, cuisiner... préparer la route... mais le simple fait de bouger le bateau, qu’il se déplace vers un but change la donne ! On se sent en action, on sent qu’on fait quelque chose de constructif. C’est le même sentiment qui m’anime quand j’ai un projet qui me tient à coeur. En fin de compte, c’est juste une façon de voir, un changement d’attitude face à l’avenir... Ce qu’on appelle la motivation.
Il est 9 h, je rentre de mon quart d’une heure à la barre. Je me sens comme après une descente de ski, lorsque je rentre me réchauffer avec un bon chocolat chaud ! Il fait 6 degrés ce matin. Pas chaud, mais ensoleillé !
On croise quelques glaces qui nous rappellent que nous sommes en Arctique et des barges qui approvisionnent les stations pétrolifères de la région.
11 h. Pendant cette deuxième heure de veille, mon esprit s’envole, car être à la barre me donne du temps pour penser. Je réfléchis au sens de la vie. À ceux qui ont perdu la vie et à ceux qui se l’enlève. À ceux qui n’ont pas cru qu’il restait une petite parcelle de possible, une parcelle d’espoir.
Mon ami, j’ai dit à ta fille et à ton fils que j’aurais une pensée pour toi lors de ce voyage.
Claire
Samedi 27 juillet
Grosse journée! Nous nous sommes levés très tôt ce matin, 5 h 30, pour nettoyer le fond de la coque d’un déversement de carburant diésel causé par une fuite du réservoir arrière.
À 7 h 30 nous étions prêts à partir et pensions faire une route de 40 milles qui nous mènerait à Cap Halkett, protégé des vents de l’ouest annoncés pour demain.
Après 4 heures de route, donc à mi-chemin, nous croisons d’immenses plaques de glace qu’il faut contourner. Ce qui nous fait naviguer dans un dédale de glaces* pour arriver vers 16 h à notre mouillage. Malheureusement, le vent pousse la glace vers cette côte et nous décidons de continuer pour un autre 20 milles (4 heures) et contourner une pointe qui nous protégera un peu du vent et surtout de la glace dérivante.
À 20 h, nous arrivons de l’autre côté et le mouillage est inaccessible à cause de la présence de glace. De plus, le vent d’ouest, annoncé pour demain, se lève, et pousse la glace sur cette côte. Nous décidons de continuer pour nous rendre 30 milles plus loin, près du Cap Simpson. Un brouillard opaque - visibilité 30 mètres - décide de se mettre de la partie et nous rend la vie difficile, d’autant plus qu’il y a encore des morceaux de glaces de bonnes grosseurs qui se dévoilent au dernier moment. Cela nous garde sur le qui-vive et sous une tension constante à la barre. Nous nous remplaçons toutes les heures pour nous réchauffer. Nous naviguons à moteur, vent de face, et bruine fraiche et prévoyons arriver vers minuit, en espérant que le mouillage sera accueillant.
Comme par magie, deux heures avant notre arrivée, le brouillard se dissipe laissant apparaître une petite bande côtière parmi les nuages. Heureusement que le soleil ne se couche pas. Nous, par contre, irons nous coucher et aurons un sommeil bien mérité. Ancré à 0 h 30 près de la côte à 50 milles à l’est de Barrow.
Claire
- Lorsque je parle de « glaces », je veux dire des morceaux de 1 mètre de diamètre à 15-20 mètres de diamètre et de 1 à 3 mètres de haut. Je les différencie des « Icebergs » qui sont beaucoup plus hauts.
Dimanche 28 juillet
Aujourd’hui 40 milles à faire pour Barrow. À Barrow, on peut s’ancrer en mer face à la plage. Prérequis; beau temps. Exclus les vents du secteur ouest et il ne doit pas y avoir de glaces dérivantes. En option, si la météo est mauvaise, on peut aussi ancrer dans le grand lagon.
Pour l’instant, quel plaisir de savourer une navigation sous voiles dans une mer plate et un petit vent presque chaud! Après 4 heures paisibles avec ce vent de terre de 12 noeuds sur le travers, le vent refuse et passe rapidement à 20, 25 noeuds et un peu plus dans les rafales. Nous naviguons maintenant avec 3 ris dans la grand-voile et un petit bout de voile à l’avant et notre cap nous éloigne de l’entrée du lagon. La température chute à 7 C, la pluie tombe et quand elle cesse c’est pour être remplacée par un brouillard gluant et impénétrable!
Nous avançons à l’aveugle à plus de 6 noeuds quand nous décidons d’embouquer une des passes qui donnent accès au lagon. Au même moment le vent fait une pause, le brouillard se dissipe et la glace apparaît droit devant!
Nous démarrons le moteur et mettons 5 heures pour parcourir les 20 milles face au vent pour entrer dans cette passe parsemée de haut fond, et ensuite pour rejoindre le mouillage au Nord-Ouest tout en haut du lagon.
Enfin, à 19h30, l’ancre est bien prise et nous pouvons prendre un peu de repos!
Nous pourrons ici faire nos courses, le plein de carburant et d’eau, etc. Le seul hic est que la ville de Barrow se trouve à 10 milles de notre mouillage, 3 milles en annexe (canot pneumatique) et 7 milles...sur le pouce!
Claire et Guy
En savoir plusLe départ approche!
Le départ approche!
Ça y est, la glace commence à fondre et la côte commence à se dégager! Si tout va bien nous partirons lundi 8 juillet. Demain, nous ferons les préparatifs de dernières minutes; achats d’aliments frais pour les deux prochaines semaines, plein d’eau etc.
La descente du fleuve Mackenzie devrait nous prendre deux jours (avec un arrêt pour dormir au mouillage). Ensuite, nous pensons faire un arrêt à Shingle Pt. On nous dit qu’il y a des inuits qui s’y réunissent chaque année pour pêcher (baleine et béluga). Ça peut faire un bon début de reportage sur cette deuxième partie de notre périple dans le Grand Nord!
Cette semaine, nous avons reçu quelques invités à bord, dont Laurence, jeune homme d’origine Inuit qui travaille au chantier de Horizon North. Ce soir, on fait un party de départ à bord de Balthazar; bière et vin au menu pour remercier les travailleurs du chantier.
Claire
En savoir plusLe départ approche
Jeudi 4 juillet
Quelques éléments nous obligent à attendre; la fracture de la glace sur la côte, la réception d’une pièce pour établir des communications par radio amateur et le téléphone Iridium. Il fonctionne à merveille pour les communications vocales, mais refuse de fonctionner en mode «modem», ce qui nous donnerait accès aux cartes météo, la raison pour laquelle nous en avons fait l’acquisition.
La pièce devrait arriver demain. On se croise les doigts! On doit faire confiance à la poste. La glace, quant à elle, devrait fondre dans les prochains jours. Et là, nous devons faire confiance à dame nature et nous laisser conduire selon ses humeurs.
Nous avons préparé notre itinéraire avec les mouillages possibles en cours de route!
-Départ d’Inuvik, deux escales dans le fleuve Mackenzie pour arriver à Tuk ou ses environs.
-Tuk à North Head: 35 Milles
-North Head à Kay point: 85 M
-Kay Point à Herschel: 20 M
-Herschel à Demarcation: 55 M
-Demarcation à Barter Island (village de Kaktovik): 60 M
-Barter Island à Simpson Cove: 30 M
-Simpson Cove à Mary Sachs Entrance: 32 M
(mouillages à l’intérieur de la barrière)
-Mary Sachs Entrance à Prudhoe Bay: 50 M
-Prudhoe Bay à Barrow: 164 M (2 jours de navigation)
-Possibilité d’arrêts intermédiaires: (Jones Island: 40 M - Cape Halkett: 35 M
-reste 80 M pour Barrow)
-Barrow à Peald Bay: 60 M
-Peald Bay à Wainwright: (hauts fonds possible...)
-Peald Bay à Icy Cape (passe): 66 M
-Icy Cape à Cape Lisburne: 128 M (encrage possible entre les deux si vents du sud)
-Cape Lisburne à Point Hope: 36 M
-Point Hope à Cape Prince of Wales: 164 M
-Cape Prince of Wales à Port Clarence: 46 M
-Port Clarence à Nome: 80 M
-Nome à Cape Romanzof (Hooper Bay): 165 M
-Cape Romanzof à Nunivak: 75 M
-Nunivak à Platinum: 165 M
-Platinum à Nunimak: 228 M (ou arrêt aux iles St-Paul et St-Georges à mi chemin)
-Nunivak à Sand Point: 130 M
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Mise à l'eau
Inuvik, 29 juin,
Enfin, Balthazar est à l’eau! Aujourd’hui, le thermomètre indique 23 C à l’intérieur de Balthazar et nous sommes contents d’avoir un peu de fraicheur. Croyez-le ou non, les deux derniers jours, nous préparions la mise à l’eau par 32 C à l’ombre.
La chaleur des derniers jours fut propice à l’éclosion de « maringouins », petites foutues bestioles qui se manifestent à l’aurore et qui vont se coucher avec le soleil. Le hic, c’est que le soleil ne se couche pas dans le coin! La nuit, nous avons établi nos premiers quarts de veille... à la chasse aux « maringouins »! La présence de moustiquaires ne semble pas les empêcher de passer à l’attaque!
Malgré tout, nous sommes contents d’être de nouveau à l’eau. Balthazar est amarré à une immense barge. Il reste quelques petits travaux à faire pour nous assurer de bonnes communications météo. La mer de Beaufort est encore glacée jusqu’à la côte, et rien ne presse de quitter Inuvik pour l’instant. De plus, nous avons commandé un adaptateur USB qui n’arrivera qu’à la fin de la semaine.
Claire et Guy
Inuvik, 24 juin
Lors de nos préparatifs d’avant départ, les travaux sont nombreux et, sans l’appui de l’équipe de Horizon North Logistics , division Marine, nous n’aurions pas avancé aussi rapidement et avec autant de facilité. Les magasins d’accastillages sont rares dans le coin, mais nous trouvons parfois, ici au chantier, les matériaux désirés, mais surtout les bons outils et l’aide de tous les travailleurs. Toute une équipe de travail qui ne demande pas mieux que de nous aider quand c’est possible. Ils sont soudeurs, ébénistes, conducteurs de machinerie lourde, capitaines de bateau, ingénieurs, machinistes. Quelques-uns sont du coin, mais la plupart viennent de partout au Canada. Ils travaillent 12 heures par jours, 7 jours par semaine, et ce, du mois de mai jusqu’à la mi-octobre.
Merci Willie, Alec, Fred, Robin, Keith, Dave, Scott, Red et tous les autres!
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Inuvik, 22 juin
Hier, lors de l’Aboriginal Day, les Inuits étaient à l’honneur. En après-midi, nous avons assisté à des prestations de danses et de jeux athlétiques traditionnels. Il me semble que toute la communauté inuite d’Inuvik était rassemblée au coeur de la ville pour fêter cet événement en famille. On offrait même un repas gratuit accompagné d’un thé chaud et des banniques.
En fin d’après-midi, nous avons marché quelques kilomètres pour revenir au chantier. À 18 h, nous embarquions dans un bus scolaire, en compagnie des employés du chantier. Nous étions conviés à un BBQ au club de golf d’Inuvik offert par nos hôtes, la compagnie Horizon North. Le club de golf en question est muni d'un petit « 3 trous » et d'une aire d’exercice où nous nous sommes bien amusés. Grillades, bière et vin étaient de la partie.
Ce matin, nous avions en commun (Claire et Guy) un petit mal de tête. Perdu l’habitude de prendre quelques bières !
Aujourd’hui, nous avons terminé de transformer les hublots en « châssis double ». Fini la condensation !
Claire et Guy
En savoir plusInuvik, 19 juin
Inuvik, 19 juin 2013
Les préparatifs vont bon train! L’été dernier, la condensation à bord nous a vraiment fait...suer, je devrait plutôt dire nous a embêtés étant donné les conditions de température ambiante! Alors aujourd’hui pour éviter la formation d’humidité , causé par le contact du froid et du chaud, nous avons commencé l’isolation du contour des hublots où environ 3 cm d’acier était resté non isolé! Nous avons passé toute la journée à découper et installer des bandes de «styrofoam bleu», travail que nous terminerons demain. Ensuite nous ferons des «châssis doubles» en apposant un film plastique sur les cadres des hublots.
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Inuvik, mardi 18 juin
Aujourd’hui, journée fructueuse ! C’est sous un soleil radieux que nous avons installé Dodger et Bimini, les voiles, sorti le canot pneumatique sur le pont, lavé et séché les housses de nos matelas, aéré le bateau, fait remplir les bombonnes de gaz propane en ville, etc. Une idée du prix, le remplissage de la bombonne de 20 lb, 41$ et la plus grosse qui doit faire un peu moins de 40 lb, 67$. C’est quand même mieux que les 140$ payés l’été dernier pour l’achat de la petite 20 lb!
On nous a prêté la voiture de la compagnie pour faire nos achats en ville et nous en avons profité pour aller prendre des informations au « Visitors centers ». On nous a informés de la tenue d’une danse traditionnelle (Drum dance), ce vendredi, dans le cadre de la journée des autochtones (aboriginal day). C’est une chance, pour nous, de pouvoir filmer cet événement qui se passera en plein air, au centre de la ville d’Inuvik.
Le soleil ne se couche presque plus. C’est plein jour tout le temps. Le thermomètre a frôlé le 24 degrés aujourd’hui et tenez-vous bien les prévisions pour mercredi 24, jeudi 29, vendredi 33 et samedi ce sera un peu plus frisquet avec un petit 23 !!
Claire et Guy
Inuvik, lundi 17 juin
Inuvik, 17 juin 2013
Nous avons retrouvé Balthazar comme nous l’avions laissé. Tout est sec, propre et impeccable... ou presque. Il y a bien ces petites taches de moisissures (héritage de l'humidité qui régnait à bord l'été passé) qui se sont formées sur le bord des hublots de pont (sur le bois nu de petits tasseaux), et un peu de poussière, mais ça s’arrange facilement.
Ce matin, il faisait un peu froid pour travailler sur le bateau (2 degrés) et il tombait quelques gouttes de pluie poussées par un bon vent du nord. Nous avons alors décidé de préparer et comprendre le fonctionnement du téléphone satellite Iridium, au chaud, dans notre chambre de la barge-hôtel. Nous avons réalisé que pour télécharger des documents il nous fallait un fournisseur de service, ce qui ne sera pas gratuit bien sûr! Vive la radio amateur et le service Winlink!
Après-midi, encouragés par le retour du beau temps, nous avons testé notre radio amateur pour essayer de comprendre nos déboires de l’été passé (l’appareil n’a pour ainsi dire pas fonctionné correctement de tout l’été). Avec un instrument qui mesure les Watts qui passent dans un sens et dans l’autre — prêté par Bill, électronicien à la retraite venu passer quelques semaines au chantier pour l’entretien des systèmes électroniques des remorqueurs —, nous n’avons découvert aucune anomalie! Les prochains tests se feront à l’eau, la semaine prochaine.
Claire et Guy
En savoir plusInuvik, dimanche 16 juin
Nous passerons les prochains jours dans cette barge-hôtel, le temps de préparer Balthazar. De toute façon, il faut attendre que le delta du Mackenzie et la côte se libèrent de la glace hivernale, ce que nous espérons pour la première semaine de juillet.
En attendant, nous retrouvons les mêmes conditions que nous avions trouvées l’automne dernier au chantier de la compagnie Horizon North aux abords du fleuve Mackenzie.
Nous sommes installés dans une chambre confortable. Nous avons accès aux douches et aux machines à laver et nous prenons nos repas en compagnie des équipes de travail du chantier. C’est très sympathique. Cela nous facilitera grandement la tâche pour préparer le bateau avant sa remise à l’eau.
Claire et Guy
En savoir plusVers l'Alaska
Jeudi 13 juin 2013
Fébrile, anxieuse, excitée, stressée... voilà comment je me sens avant notre départ vers l’Alaska. Cette fois-ci, nous serons seuls, Guy et moi, pour entamer ce voyage autour de l’Alaska.
Nous apportons un téléphone satellite (Iridium) qui nous facilitera grandement la tâche au niveau des communications, et apportera une touche supplémentaire de sécurité. La météo demeure l’aspect le plus important et, aujourd’hui, avec toutes les données journalières qu’on peut recevoir via la radio amateur et le téléphone satellite, il est possible de prévoir ce qui nous attend en terme de vent, de température et de pluie.
Il nous reste quelques préparatifs à faire à la maison avant de prendre l’avion samedi vers Inuvik, où se trouve présentement notre voilier, Balthazar. Inuvik se trouve aux abords du fleuve Mackenzie, dans les Territoires-du-Nord-Ouest, à la frontière du Yukon. L’Alaska se trouve à quelques centaines de milles à l’ouest.
Le voyage de cet été se terminera dans trois mois, dans les Aléoutiennes.
Dans les prochaines semaines, Guy et moi vous transmettrons le plus fidèlement possible nos impressions du voyage !
À bientôt,
Claire
Le grand Nord 4000 milles en 3 mois
Henryville (Québec) Canada
Dimanche 4 novembre 2012
Balthazar est hiverné et passe l'hiver sous les grands froids d’Inuvik. Aujourd’hui, nous sommes de retour à la maison depuis un peu plus d’un mois. La pression de trois mois de navigation intense s’est évacuée lentement mais surement. Je réalise peu à peu l'ampleur du trajet parcouru, je réalise aussi que le trajet humain que chacun d'entre nous a accompli est et sera toujours une grande richesse.
Je me suis parfois senti bien isolé, pas seul, car je pouvais compter sur un équipage extraordinaire, mais éloigné du connu de ce qui fait qu'on se sent en maitrise d'une situation, car elle nous est familière. Avec le froid, l'éloignement, la météo incertaine et ses coups de vent, les petits problèmes techniques peuvent nous sembler, pendant quelques minutes, insolubles. Le manque d'espace et de liberté de mouvement sont des facteurs de stress puissants auxquels chacun d'entre nous a du faire face. Le sentiment de vivre en promiscuité est d'autant plus présent, confinés que nous sommes à bord d'un espace restreint dans des conditions climatiques rigoureuses.
La patience, la compétence et la présence de nos équipiers, Nicole, Yann et François, ont fait de ce périple nordique une belle réussite. Merci!
Quant à Claire ma conjointe adorée qui a su relever un défi gigantesque en m'accompagnant dans cette aventure un peu folle, c'est beaucoup plus qu'un grand merci que je veux lui exprimer. Les mots me manquent... merci Claire!
Merci à vous tous, amis du nord pour votre accueil et votre gentillesse!
Guy
En savoir plusLast leg: from Tuktoyaktuk to Inuvik: Yann
Last leg: from Tuktoyaktuk to Inuvik
I am writing aboard while we are sailing up the beautiful and quiet Mackenzie river to our last stop: Inuvik where the boat will winter. The landscape has drastically changed since Cambridge Bay or even the stopped we had on the way to Tuktoyaktuk. Tuktoyaktuk, still on the marine coast but at the mouth of the river, still across the Arctic Circle yet not polar any more, still an Inuit town but very southern Canadian in many ways. The language is gone and a road comes here. Now there is a night and a morning everyday, here there are trees, cumulonimbus and the weather resembles what we call a winter.
It looks like a nice place to end an Arctic journey, the North-West Passage is technically completed and the vegatation desolation and cities isolation are behind us.
Of course there is still much ahead. The Inuit populations and culture continues in various and certainly interesting ways in Alaska and Russia. Other native or migrated population are to be visited. I would definitely like to meet these people striving or thriving such extreme environments, I would like to experience all these Arctic natures, the North Slope of Alaska, its steep mountains, the improbable Diomede Islands lying at the verge of everything, the fierce Chukchi sea as well as the perfect geometry of the volcanic Aleutian Islands. And then, then is Japan, Siberia, or the western coast of America. We also heard along way of the beauty of the rivers, many of which so little visited, especially in Russia. Then is the rest of world. Later.
Now is fall coming, some parts of the boat and the crew are tired. Good mental and physical exhaustion aboard. It has been 3 months of sailing, a few thousands kilometres, many degrees both on the map and the thermometer, many calories left at sea but also many encounters many cultural experiences, many discoveries and as many departures. Now is the time to winter, to get back home and spend time with people, to soak with our experience and shape the dreams for the coming ones.
Yann
En savoir plusDe Gjoa Haven à Inuvik: Claire
De Gjoa Haven à Cambridge Bay et à Inuvik
Lundi 27 août
Notre traversée de deux jours pour arriver à Cambridge Bay s’est bien passée. Nous avons fait beaucoup d’heures à moteur mais terminons sous voile, avec un vent portant qui nous mène à 6,5 nœuds avec deux ris dans la grand-voile.
Le soleil se montre! Ça faisait longtemps que nous l’avions vu! Ça fait du bien! En début de soirée le ciel bleu fait place aux nuages bien denses et la pluie vient ajouter une touche un peu triste au paysage. Nous arrivons de nuit, une nuit colorée à l'encre noire, et nous ancrons non sans avoir fait plusieurs zigzags pour trouver les fonds propices.
Vendredi 31 août
Hier, nous avons fait une sortie culturelle. Nous avons passé la journée à filmer des dames Inuits qui préparaient à manger façon traditionnelle; poisson cru, soupe de poisson, pain bannock étaient au menu.
Le Bannick ou Bannock, pain rapide que les Inuits cuisent en friture.
Aujourd’hui, nous avons eu une belle surprise! Deux jeunes filles Inuits de l’école secondaire sont venues nous faire une prestation vocale dans la bibliothèque de l’école.
J’avais demandé à, Renée, la responsable du centre culturel, de me dire si elle connaissait des chanteurs de gorge (chant traditionnel Inuit). Elle m’a dit qu’elle demanderait à deux jeunes étudiantes si elles voulaient bien chanter pour nous… Elles sont venues après les classes!
Quelle surprise de les entendre! C’était fabuleux!
Donna et Judi
Elles chantent de façon parfaitement naturelle, comme un jeu, sans sembler se douter elles même que le résultat est grandiose! Sans à peine bouger les lèvres, des sons sortent de leurs gorges et forment des rythmes étonnants. Elles construisent, par leur voix, des paysages en mouvement, des vols d’oiseaux, des vagues qui déferlent… Toute leur histoire est transmise par ces sons venus du fond des âges, des sons qui nous interpellent et nous transportent dans des contrées inconnues.
Dimanche 2 septembre
Départ de Cambridge Bay, ça y est, nous reprenons la route. Le vent est favorable pour quelques jours, juste le temps d’aller nous abriter dans une baie de Edinburgh Island. Ça nous permet aussi de nous reposer pour affronter la plus grande part de cette étape où nous passerons encore quelques nuits à faire des quarts part temps froid et venteux. J’avoue que ce n’est pas ce qui me plait le plus… C’est peu dire.
Vendredi 7 septembre
Après quelques jours de navigation par bons vents portants qui nous faisaient filer à plus de 5 noeuds, le vent a faibli et nous avons terminé au moteur. L’arbre d’hélice commence à faire de drôles de bruits et ne tourne pas bien! Guy fait une réparation de fortune en essayant de visser des boulons presque inaccessibles… Nous éviterons la marche arrière pour les prochains jours.
Nous sommes ancrés depuis hier matin dans une baie protégée, à Pearce Point Harbour. La météo prévoit un fort coup de vent et c’est l’endroit idéal pour attendre que ça passe.
Pearce Point Harbour
Le coup de vent est arrivé ce matin. Nous nous sommes levés tard, 9h00, avons préparé le déjeuner doucement quand tout-à-coup, Guy trouve qu’on s’est rapproché du bord. On regarde par les hublots et on surveille pendant une minute… On n’est pas très sûr. Le sondeur montre que les fonds descendent un peu. Peut-être qu’on tourne sur notre ancre, tout simplement? Guy décide de démarrer le moteur au cas où… 30 secondes plus tard, François dit d’un air dégagé : « On se rapproche du bord ». Guy regarde et saute dans le cockpit en criant : « On s’échoue, tout le monde dehors! ».
Je ferme les feux du café et des toasts et je laisse les gars réancrer le bateau un peu plus loin. On l’a échappé belle!
Après le déjeuner, le vent souffle de plus belle. Il fait froid. Je suis installée sous mon sac de couchage dans mon lit et je les entends discuter de tout et de rien…. Ils parlent de poker, de logiciels, d’argents à la bourse… et de bateaux!
Ils s’apprêtent à jouer aux cartes. Pourquoi pas! Je me joins à eux.
Dimanche 9 septembre
Nous sommes toujours ancrés à Pearce Point Harbour. C’est un beau mouillage. Hier, nous sommes allés marcher à terre. Nous y avons trouvé une ancienne base de recherche maintenant à l’abandon, avec ses bâtiments, ses routes, ses pistes d’atterrissages pour hélicos et avion… Aussi, une cabane de bois, aménagée comme un camp de chasse et pêche; table, chaises, lit, poêle… et plein de détritus et d’objets de toutes sortes… et même une canne à pêche laissée là pour qui voudrait taquiner l’omble arctique.
Nous avons marché jusqu’à la pointe où nous avons observé les vagues immenses qui se fracassaient sur les rochers. Beau et impressionnant de voir et sentir cette force en action.
Lundi 10 septembre
Le temps s’est calmé et nous partons enfin vers Tuktuyaktuk, pour deux jours deux nuits de navigation. Le vent est léger et variable.
Mercredi 12 septembre
Arrivons à Tuktuyaktuk. Après le plein de nourriture et une visite dans le « congélateur communal » (caverne creusée dans le permafrost où les familles congèlent leurs denrées). Nous allons à l’école où nous pouvons nous connecter à internet et prendre une douche… froide.
Nous essayons le téléphone cellulaire et … il fonctionne!!! Nous avons un forfait que nous pensions utiliser tout le long du voyage dans la portion canadienne et c’est ici que nous pouvons enfin l’utiliser. J’appelle mes filles et mes parents qui sont bien contents de m’entendre! Les émotions sont au rendez-vous!
Après tous ces mois intenses avec leurs moments de stress et de fatigue, on dirait que le fait de terminer le voyage fait tomber la pression et les émotions ressurgissent très fortement. Je réalise que j’étais sous tension continuelle, refusant inconsciemment de libérer mes émotions… Des vacances me feront du bien.
Vendredi 14 septembre
Ce matin, après avoir cherché en vain des cartes nautiques du fleuve Mackensie, nous partons à la découverte de ce plan d’eau inconnu. On nous affirme qu’il est bien balisé… J’espère! Nous ne naviguons jamais sans cartes et partir comme ça est déstabilisant malgré nos cartes électroniques.
Le mal était à prévoir, l’eau est brune opaque et nous nous échouons dans un banc de sable, en fin d’après-midi. Après avoir essayer de tirer le bateau avec l’annexe, de le faire giter en tirant la drisse du haut du mat… nous avons finalement réussi en allant porter une ancre plus loin avec l’annexe et en tirant le bateau avec celle-ci. Ça nous a pris une heure! Ensuite, nous avons cherché un ancrage pour passer la nuit dans le canal. François et Yann étaient dans l’annexe et sondaient les alentours devant le bateau pour éviter un deuxième échouage… Ça nous a pris une bonne heure et demie.
Nous avons ancré à 20h30. Souper et dodo.
Samedi 15 septembre
Grosse journée de navigation dans les canaux de la Mackensie. Nous faisons la vigie deux par deux : un tient la barre et l’autre surveille les environs et essaie de voir les bouées. Celles-ci nous permettent d’éviter les hauts fonds et sont placées (habituellement) de chaque côté du chenal de navigation (bouée rouge à droite, tribord et bouée verte à gauche, bâbord). Ici, c’est n’importe quoi. Les bouées sont très éloignées les unes des autres et le soleil de face, aveuglant, nous rend la tâche plus difficile.
Il fait de plus en plus chaud. On observe ici le résultat d’un micro climat qui permet la présence des arbres. Conifères et feuillus étaient absents dans toutes cette portion de l’hémisphère mais ici on s’émerveille devant de tous petits arbres qui deviennent de plus en plus nombreux. Il fait un temps radieux, la nature est magnifique et on avance bien.
Nous ancrons vers 17.00 heures devant un groupe de petites maisons. Nous allons voir à terre et découvrons un camp d’été pour jeunes « Reindeer Station ».
Après souper, Yann part en randonnée sur la montagne.
Dimanche 16 septembre.
Nous sommes partis à 8 heures. Nous pensons arriver à Inuvik, notre dernière escale, vers 2 heures cet après-midi. Le temps est partiellement couvert mais il fait assez chaud (7 à 10 degrés).
Nous laisserons le bateau à Inuvik pour l’hiver. Les prochains jours, nous ferons lever le bateau à terre, nous hivernerons le moteur, les réservoirs d’eau et les toilettes… Nous rangerons tout le matériel et ferons nos baguages pour revenir à Montréal via Edmonton et Toronto, en avion.
Le voyage touche à sa fin.
Claire
En savoir plusRéponses à quelques questions.
Dernièrement je n’ai pas vraiment pris le temps d’écrire. Bien occupé avec la navigation, l’entretien de Balthazar et la vie à bord. Voici quelques réponses à des questions qui nous sont régulièrement posées. Température actuellement à Tuktoyaktuk 4 C (Parrait qu’y a fait plus de 30 C au mois de juillet, humm..). Groenland au mois de juillet 10 à 18 C, Arctique canadien aux mois d’août et septembre 3 à 12 C.
Icebergs en baie de Disko
À la question à savoir s’il fait beau dans le nord. Hé bien au Groenland nous avons eu beaucoup de pluie à l’escale de Nuuk et nous fumes choyés par le beau temps ensoleillé de la baie de Disko. Ensuite brouillard, pluie, neige et temps froids furent notre lot quotidien dans l’archipel arctique canadien. Mais avec un bon « Kanuk » sur le dos, mitaines et tuque ce n’est pas si mal.
Nous mangeons très bien à bord, merci Claire et malgré que nous mangeons comme des ogres nous maigrissons!
Il n’y a pas d’alcool en vente en Arctique. Nous avons par contre été invités à prendre une petite bière dans un Club privé à Cambridge Bay. Club ouvert seulement le vendredi soir.
Faites-vous de la voile ou du moteur? Nous faisons vraiment beaucoup d’heures moteur, je pense que nous en sommes à 50/50 pour le moment. Oui, nous allons sortir Balthazar de l’eau à Inuvik. L’automne est déjà là, les dépressions se suivent à la queue leu leu avec des vents que nous n’avons pas le goût d’affronter et il faut bien le dire, nous sommes un peu fatigués. À suivre...
Guy
En savoir plusDe Cambridge Bay à Tuk: Vu par François
De Cambridge Bay à Tuk
Mardi le 28 août,
Grasse matinée, nous ramenons le bateau plus près du village, ayant dû mouiller loin à l’ouest selon les indications de « Margerite » (voilier ami) déjà ancrée à cet endroit sur les indications de la garde côtière. Nous allons donc directement à quai et commençons la découverte de Cambridge Bay par le centre d’accueil touristique (pas piqué des vers pour un petit village!) et le centre culturel où nous découvrons une liaison internet digne de ce nom… douche et prise d’informations pour le mazout, l’eau et le lavage de linges. C’est une journée marquante dans ce périple car nous décidons de mettre fin au voyage de cette année à Inuvik (petite ville au sud de Tuktuyaktuk, dernière ville du Canada avant l’Alaska). La raison étant le retard déjà pris et l’arrivée imminente de la saison des grandes tempêtes le long de la côte de l’Alaska, continuer le voyage se ferait dans de pénibles conditions et nous mènerait à la fin octobre…un peu tard merci!
Yann, François,(Janusz,Joëlle,Daniel équipage du voilier Marguerite) et Claire.
Mercredi le 29 août,
Bateau à quai pour la livraison du mazout et de l’eau puis mouillage à proximité pour la nuit. Nous ne passerons pas de nuit à quai car les jeunes du coin s’amusent à attirer notre attention en lançant des petites roches sur le bateau…Nous passons une bonne partie de la journée à combler notre manque d’internet et effectuons quelques achats à l’épicerie.
Cambridge Bay est un village qui ne brille pas par sa beauté mais il y a beaucoup d’activités, les gens sont très affairés tout en étant très affables. C’est un gros centre de distribution pour tout le Nunavut et une base importante pour le développement du nord polaire. Malgré la laideur du village, celui-ci nous charme peu à peu à mesure que l’on rencontre les gens et qu’on apprend leur petite histoire.
Jeudi le 30 août,
Surprise! On nous réveille assez tôt pour nous inviter à accompagner un groupe de femmes inuits pour une journée dans les terres où elles ont leurs maisons d’été et qui servira de plateau pour une démonstration des habitudes de vie du peuple inuit (habitudes qui se perdent tranquillement avec la modernité...).
On y verra entre autres la préparation du poisson cru et séché, le tannage des peaux, les cages pour le séchage de la viande, quelques chants par des enfants et les femmes portant des habits traditionnels. Tout ça est bien sûr organisé pour le plaisir des touristes qui débarquent d’un bateau de croisière pour l’occasion.
On participe en aidant à transporter le matériel et la nourriture qu’elles ont préparée pendant toute la nuit. Au menu, soupe de poisson, poisson cru et séché, bannock (pain inuit) et thé chaud, très apprécié car le petit vent du nord est plutôt frais.
Vendredi le 31 août,
Deux jeunes filles se sont offertes pour nous chanter quelques chants de gorges…événement assez spécial qui permet à Claire et Guy de filmer une rare prestation dans la bibliothèque de l’école. Ces jeunes filles (deux sœurs) sont vraiment exceptionnelles et l’écoute de leurs chants nous remplit d’émotions. Dernière douche avant le départ, lavage du linge à l’hôtel, épicerie et…invitation à une petite soirée dans un bar !!?? (les villes du nord sont presque toutes sans alcool). En fait, certains ont des permis spéciaux et ce bar n’est ouvert que le vendredi soir. Tous les profits vont à une œuvre de charité et le tout est administré par des bénévoles. Quand même quelques petites bières sont très appréciées et font leur effet pour bien entamer la nuit…
Samedi le 1er septembre,
On reçoit des visiteurs dans le bateau incluant les équipiers du petit voilier finlandais « Lena » qui est arrivé cette nuit au quai. Muffins et café et retour en ville pour une dernière épicerie. Finalement, le vent d’ouest ne diminue pas assez et nous devons attendre demain matin pour le départ. En attendant, on prépare le bateau et on relaxe.
Dimanche le 2 septembre,
Départ à 5h00 du matin, le temps s’annonce beau…il sera exceptionnel, le soleil, le vent, les vagues…tout est réuni pour une journée de voile magique…bonheur!
Lundi le 3 septembre,
Arrivée dans une petite baie en avant midi. Nous arrêtons pour laisser passer un petit vent d’ouest qui ne nous intéresse pas du tout. La baie nous dévoile un panorama grandiose avec des montagnes de roches et quelques coins verts et rouges. Le décor est définitivement moins monotone…Déjeuner gargantuesque après ces trente quelques heures de voile, Claire nous cuisine des repas pour les prochains jours, sieste, départ en soirée avec un léger vent du nord.
Mardi le 4 septembre,
Pendant que nos compatriotes québécois vont voter nous voguons allégrement par vent arrière vers notre prochaine destination espérée dans deux jours.
Mercredi le 5 septembre,
Le vent arrière se poursuit toute la nuit avec une bonne force, la journée passe très rapidement avec un ‘’trou’’ de vent en début de soirée qui nous confirme que l’arbre de l’hélice est légèrement sortie de ses gongs…assez pour nous tenir sur le qui-vive. Nous poursuivons donc en ayant plutôt hâte d’arriver à notre petite baie qui devra nous protéger du gros vent d’ouest prévue à partir de jeudi matin jusqu’à dimanche.
Jeudi le 6 septembre,
Arrivée à bon port au début de la nuit, long dodo bien mérité pour tous. Déjeuner aux crêpes asperges-fromage, pommes-fromage et sirop d’érable évidemment. Découverte de la baie, c’est une ancienne base d’étude scientifique encore utilisée par l’armée et des Inuits de passage. Le pays est à la fois grandiose et désertique, les collines nous offrent de magnifiques points de vue. Les nouvelles de chez nous confirment la victoire du PQ, le Québec se paiera, enfin! une femme première ministre.
Vendredi le 7 septembre,
Le mauvais temps annoncé se confirme…le bateau chasse au moment du petit déjeuner (heureusement car nous étions tous éveillés) et nous évitons l’échouage de justesse. Ré-ancrage un peu plus loin avec deux ancres car le vent demeure puissant. La journée se passera tranquillement à l’intérieur au son du vent hurlant dans les cordages et de la pluie.
Commence à avoir hâte d’arriver à Inuvik…
Samedi le 8 septembre,
Gros temps de l’ouest encore, les vagues en mer sont gigantesques, leur fracas sur les rochers sont impressionnants et les embruns atteignent facilement les 50-60 pieds. Nous demeurons sagement sur place et passons la journée en lisant, faisant la sieste, cuisinant et jouant au poker. Nous aurons quand même le temps de faire une petite promenade à terre dans le vent fort pour mieux admirer les vagues, la tempête a réussi à arracher un morceau de la falaise côté mer…
Dimanche le 9 septembre,
La météo plus clémente annoncée la veille ne se concrétise pas…une autre journée à attendre en passant le temps comme bon nous semble (dans la mesure du possible!) sur notre petit bateau.
Lundi le 10 septembre,
Enfin! On peut décoller de notre petite baie, les vents sont du nord et les vagues encore impressionnantes mais gérables. Arrive ce qui devait arriver, je ne peux dormir pour être en forme pour mon heure de quart (2h00 à 8h00 du matin), fatigue, brasse camarade et..oui! Malade encore une fois! Repos donc pour les heures qui suivent et me revoilà en relative bonne forme pour la suite, encore une journée et demie à naviguer. Le temps est gris et maussade, rien pour remonter le moral.
Mardi le 11 septembre,
Poursuite du périple final, j’ai droit à ma première aurore boréale à la faveur d’une éclaircie pendant la nuit, c’est une agréable consolation pour ce temps triste qui nous accompagne.
Mercredi le 12 septembre,
Arrivée à Tuktuyaktuk, bingo! La traversée du passage du nord ouest se termine ici. Le temps se maintient à la bruine, plafond bas et eau brune…malgré tout, le village est accueillant, les gens très affables et nous pouvons utiliser internet et les douches de l’école! Nous sommes en Territoire du Nord Ouest, l’atmosphère est très détendue, nous irons filmer et nous promener un peu plus en ville demain. Ne reste plus que 100 miles dans les canaux pour atteindre Inuvik (i.e. 20 heures de pout pout).
François
En savoir plusDe Pond-Inlet à Cambridge Bay: vu par François
Notes de François Roberge
Pond Inlet, jeudi le 9 août,
Arrivée tardive en fin d’après-midi à l’aéroport de Pond-Inlet. Je regarde autour…personne pour m’accueillir! En fait Yann est là mais je ne le connais pas et lui non plus…alors la rencontre tiendrait du hasard. Je demande donc à une personne qui elle-même accueille d’autres passagers si on peut m’accorder un lift pour le bord de l’eau (ici, pas de port comme tel). Entre temps, Claire et Guy arrivent en sueur, haletant car ils ont dû courir depuis le bas de la pente du village pour arriver à l’aéroport. Retrouvailles…en route vers Balthazar.
Installation dans mes quartiers pour les deux prochains mois, plutôt excitant et agréable.
Petit tour à l’hôtel du coin, internet via satellite très très lent, impossible d’envoyer des messages à cette heure, demain peut-être.
Le village est décevant, jonché de détritus et plusieurs maisons sont placardées et construites à la va vite. Heureusement, quelques enfants jouent au baseball dans un champ et les gens sont généralement souriants lorsqu’on les salue.
Souper sur le bateau à l’omble de l’arctique, gracieuseté d’un pêcheur local.
Vendredi 10 août,
Journée emplettes, fuel pour le bateau, eau potable et petite épicerie à la vente annuelle de l’entrepôt de la coop locale, on y trouve plein de bonnes petites choses à prix très bas (exemple, une boîte de sauce tomate à 1$ alors que le prix en épicerie est de 5$).
Toujours autant d’insuccès avec l’internet.
Samedi 11 août,
Douches pour tout le monde et derniers petits achats, on part demain.
Dimanche 12 août,
Go, le temps est superbe, on décolle tout en slalomant au travers quelques morceaux de glace qui se promènent dans le port. Après quelques heures, le chenal bifurque vers le nord et là, bingo! De fortes vagues nous accueillent de plein fouet accompagnées par un fort vent dans le pif. Le vent forcit et forcit, les vagues grossissent (1 à deux mètres), on décide le se replier dans une baie protégée à proximité, nous y passerons la nuit.
Lundi 13 août,
Temps calme…on repart, le soleil se montre, la journée sera magnifique. Rencontre magique, un couple de baleines boréales qui se bécotent, se jasent et se minouchent juste à côté du bateau. Le mâle s’est aussi lancé dans de majestueux coups de queue partant de très haut dans les airs…spectaculaire!
En fin d’après midi, le ciel se couvre, le vent se lève, la nuit sera longue…
Mardi 14 août,
Impossible de dormir avant mon chiffre de nuit (trop de manœuvres dues aux coups de vent), la journée se passe dans les vagues, le vent et courant à contre…résultat, fatigue et mal de mer au rendez-vous. Dodo, ça presse. On ne peut s’arrêter car il n’y a aucun mouillage dans cette région, les chenaux empruntés sont bordés de montagnes abruptes plongeant dans l’eau en falaise. On continue toujours et ça brasse.
Mercredi 15 août,
Journée de récupération (goûters légers et repos) toujours dans le vent et les vagues. Le mal de mer se passe et l’appétit revient en soirée, enfin! La navigation 24/24 continue.
Jeudi 16 août,
Nous arrivons à Fort Ross le matin. Nous ancrons et allons visiter les restes du fort ainsi qu’un ancien poste de traite de la compagnie de la Baie d’Hudson qui est toujours utilisé par des scientifiques pour diverses études. Les paysages sont lunatiques (déserts et rocheux), la présence potentielle d’ours nous rend plus prudents. On rencontre un autre bateau qui quitte le fort pour le passage de Bellot et ils nous donnent une carte des glaces à jour qui montre que le passage vers notre prochaine destination (Gjoa Haven) est bloqué. On devra attendre un déblocage… en attendant, bouteilles de vin au menu…
Vendredi 17 août,
Traversée du détroit de Bellot, impressionnant! Étroit couloir entre deux murs de calcaire comme une fente dans la croute terrestre. À gauche le point le plus au nord du continent (Amérique du Nord) à droite une des îles de l’Arctique canadien (Somerset). Depuis le début, l’eau est remarquablement claire et transparente (on peut voir le fond à 20p), la couleur est bleue acier et plutôt verte en zone peu profonde, à bien y penser, c’est la même chose que dans les eaux plus chaudes et la couleur du ciel y est aussi pour beaucoup.
On croise deux voiliers qui veulent se mettre à l’abri car on annonce des vents de 35 nœuds pour les deux jours suivants. On décide d’aller s’abriter de l’autre côté dans une petite baie recommandée par quelques marins qui ont déjà fait le passage (baie Camilla).
Détroit de Bello droit devant.
Samedi 18 août,
Après une petite visite à terre pour mieux apprécier la nature et faire un plein d’eau dans un petit ruisseau au fond de la baie (avons aussi remarqué des pistes d’ours fraîches sur la plage), on décide de partir vers le sud car le temps est radieux.
Dimanche 19 août,
Nous avons navigué toute la nuit et avons rencontré nos premiers murs de glace formés de plusieurs morceaux de la banquise qui dérivent vers le nord. Un puissant vent d’est se lève et nous rencontrons un véritable pack de glace qui nous barre complètement le chemin vers notre objectif de la journée (une baie protégée plus au sud). Nous rebroussons chemin et allons s’amarrer sur la côte pour voir la suite. Le vent ne dérougit pas et notre position est fragile (non protégée si le vent devient sud, nord ou ouest avec, en plus, la présence de glaces tout autour qui pourraient nous emprisonner). Nous retraitons donc vers le nord pour aller s’abriter dans une baie mieux protégée. Dure navigation dans les glaces, les vagues et le vent.
Lundi 20 août,
La nuit a été dantesque, des vents puissants (50-70km/h) ont secoués le bateau mais notre position et les deux ancres ont fait le travail. La tempête se poursuit toute la journée et nous demeurons ancrés. Nous avons pu obtenir une prévision de glace et de météo grâce à notre tél satellitaire, nous tenterons une sortie demain (comme à la guerre!).
Mardi 21 août,
On redécolle vers le sud, le temps est gris mais correct, le vent est variable et nous envoie quelques rafales à l’occasion, c’est avec un mélange de voile et de moteur que nous atteignons la petite baie initialement visée deux jours plus tôt. Nous avançons à pas de tortue.
Mercredi 22 août,
Mer d’huile, brume, pluie, moteur…Bof! On nous annonce un vent plus favorable demain.
Jeudi 23 août,
Mer d’huile, brume, moteur…soleil! Courant portant, on file et on attend le vent promis pour terminer le périple vers Gjoa Haven. Finalement pas de vent mais la mer est calme et le courant est fort, on fera la nuit pour arriver tôt demain matin.
Vendredi 24 août,
Gjoa Haven enfin! Arrivée en douceur dans la brume, ancre jetée, dodo, la nuit a été …blanche! Village plus propre a première vue que Pond Inlet, les gens semblent très accueillants, souriant et nous saluant au passage. Recherche pour une douche et lavage de linges…en vain, seule possibilité à l’hôtel où on nous demande 75$ par personne (eh oui!) pour ce petit service. M’entendant discuter avec la gérante pour un meilleur prix (en vain) une dame inuit nous offre d’aller chez elle pour utiliser sa douche et sa machine à laver sans rien demander en retour, l’hospitalité à son plus haut niveau!
Sa maison est neuve, grande mais le mobilier se fait rare et ne date pas d’hier! Nous aurons le temps de faire la plein d’eau du bateau et de fixer rendez-vous pour le plein de mazout le lendemain matin. La soirée se termine par une grande cérémonie de remise de diplôme à l’école secondaire (6 jeunes diplômés).
Le seul point négatif de ces belles rencontres (nous avons rencontré la famille de la dame (Lena) et une ribambelle de petits enfants) est la disparition mystérieuse de mes bottes d’eau pendant notre court séjour chez la dame…je suis donc parti avec une autre paire de bottes trouvées dans une boîte dans l’entrée…
Samedi 25 août,
Rencontre d’un autre voilier qui est entré dans la baie pendant la nuit. On nous invite à bord et sur les conseils du capitaine, un habitué du passage du nord-ouest, on retarde notre départ à minuit pour être certains de passer le détroit de Simpson le jour. Ce détroit est plein d’embûches et nous devons être très attentifs aux points de visées sur le trajet. En attendant, on fait le plein d’essence et on reçoit les gens du bateau à notre bord.
Jonatan, un inuit rencontré plus tôt nous donne un morceau de caribou qu’il vient d’abattre.
Dimanche 26 août,
Navigation tranquille toute la nuit et la journée, avons eu crainte de passer le détroit de Simpson dans la brume mais le soleil s’est montré le nez et nous a accompagné toute la journée, du vrai gâteau!
Un bon vent du sud-est se lève et on sort les voiles, nous passerons la nuit sous voiles. Le régulateur d’allure fait cependant un bruit assez dérangeant (les cordes crissent sur les poulies) et nous empêchent de bien dormir dans la chambre arrière, Yann et moi passons une nuit plutôt blanche.
Lundi le 27 août,
La journée est toujours venteuse et le soleil présent. De bonnes vagues arrière nous bercent allégrement et nous terminerions ce transit à la voile. L’arrivée à Cambridge se fait en soirée dans la brume et la pluie, l’ancrage est difficile et nous allons au dodo vers minuit.
En savoir plusFinally in Gjoa Haven!
Finally in Gjoa Haven! Took 12 days instead of 5 we're almost running out of water and food and are definitely short in gas. What a weather here!
We leave Pond Inlet with good forecast, 4 hours later we're stopped by a sudden gale in the face. Two days later a strength 8 wind (or storm, whatever you call it) on the Beaufort scale, fortunately with us.
We won't hide, let's ride!
We are going way too fast with our 2m² sail among the icebergs and ice bits in the dark. It's still not full nights yet but it's still hard to distinguish ice bit in a foamy-wavy sea when snow or hail beats your face. Everything went great, I was super excited and learned a lot. It so great when you're not in charge and when it's not your boat. You just enjoy the storm, watch the elements unleashed, enjoying the show from a place you shouldn't be and where in fact you are pretty much alone. As I said it's scary when you realise there is ice all around you and you didn't see it, but it feels great to still use the wind and the sea, not only you float but you sail, you go where you want.
The day after the wind is gone we have to use to the engine all day. Then a stop at Fort-Ross, where there are still houses built by the Hudson Bay Company in 1937, full of messages of previous sailors and explorers. In the morning we see the coast and the boat covered in snow. It really feels like its true aspect. My first snow was on August 12th this year...
Then, we meet a friend boat heading back in the amazing Bellot Straight, to hide from a coming storm. Nah, we won't hide! A day passes, the wind gets suddenly stronger, much stronger, this time we are stuck between the ice back and the shore and the wind is against us.
Ok, let's hide asap!
Our mooring sucks and we are still exposed to ice so we have to sail back a bit. Great sailing with the stormy wind for me but the tiny kilometre to reach the shore upwind with the motor is endless. Machine seem a bit powerless in such conditions. The gales went to strength 9-10. Good thing we hid!
We get stuck there for 2 days and then the wind disappears and engine again. It seems that there isn't ever a steady usable wind here, no wonder Inuits aren't sailors (that and the fact their sea is most often solid).
My impressions.
There is no one living here compared with Greenland, I don't think a place can be more desolated: it's almost purely mineral, split into pieces by the cold; no plant sticks out more than 10cm above the ground; you rarely see animals on land, just a few woodchucks and tracks/poop of polar bears. The live is at sea, with all the chars, the seals and the whales (we saw polar whales mating), and in the sky with all the migratory birds and the very lively clouds. With all the storms the clouds are changing and passing constantly with all shades or shiny white lenticular clouds to dark grey/blue rainy stratus. Sometimes you see that blue sky still exist behind but it soon disappears. You won't get it yet. When the evening comes (still pretty long lasting here), the moist air and the low sun create a powerful red shade that brings warmth to this desolated land. The sky is obscure, the water is blue green and the rocks, the coast is orange-redish.
In the end, this place, much like Mars which it resembles, is not really meant for sailing but what a land, what a beautiful desolation. I would really be curious to see how Inuits lived here. Humans impress me.
Yann
En savoir plusDe Pond-Inlet à Cambridge Bay
De Pond Inlet à Gjoa Haven et à Cambridge Bay: Claire
Jeudi 9 août
François est arrivé avec une demi-heure d’avance! Pendant que Guy et moi nous nous apprêtions à monter dans l’annexe (canot pneumatique qui nous permet d’aller à terre) nous avons vu son avion arriver! On accélère pour faire les deux cents mètres qui nous séparent de la plage, on monte le canot sur la plage, on monte la côte presque en courant pour arriver 15 minutes plus tard à l’aéroport où Yann avait déjà fait connaissance avec François. Ouf! Puis, nous avons l’opportunité de monter dans le minibus de l’hôtel pour retourner à la plage.
Dans la journée, un couple rencontré sur la plage nous a donné un magnifique omble de l’arctique (poisson) que je vais préparer pour le souper.
Ça commence bien le séjour de François!
Dans les prochains jours, nous terminerons les préparatifs pour la suite du voyage. Il nous faut trouver du gaz propane, de l’eau douce, du mazout et bien sûr, refaire le plein de nourriture. À Pond Inlet, ce n’est pas une sinécure.
D’abord, à l’épicerie, on nous dit qu’il n’y a plus de gaz propane, les stocks sont vides (!!?). Plus tard, on croise le gérant de cette épicerie, à l’hôtel du village, et il nous assure qu’il peut nous en trouver. Nous retournons avec lui et il nous vend une bouteille pour la modique somme de 130$. Bienvenue dans le Nord! Pour le plein d’eau, on nous dit qu’il est mieux d’aller puiser de l’eau dans une rivière à 10 milles au Nord-Est, ce qui veut dire rebrousser chemin. Finalement c'est au Hamlet (hôtel de ville) que nous commandons notre eau, un camion citerne fera la livraison et nous attendra pendant que nous transférons nos bidons remplis dans les réservoirs du bateau. Nous aurons besoin de trois voyages en annexe vers le bateau.
On se fait ensuite livrer le carburant diésel sur la plage de la même façon.
Il ne reste que le plein de nourriture à faire. J’ai fait quelques petites épiceries qui, chaque fois, m’ont couté très cher. J’apprends ensuite qu’ils font une vente d’entrepôt pour vider les stocks! J’y achète une foule de denrées pour le cinquième du prix! Nous sommes prêts à partir.
Lundi 13 août
Hier, nous avons subi un petit coup de vent d'une trentaine de noeuds. Le vent était de face, nous avons donc rebroussé chemin sur une douzaine de milles pour trouver un mouillage bien protégé.
Ce matin, le temps est calme et nous reprenons la route par mer d’huile. Pas de vent et grand soleil! Temps idéal. Ça vaut la peine parfois d’attendre. François dit « il ne manque qu’une baleine pour que ce soit parfait! ». Quinze minutes plus tard, nous apercevons au loin un couple de baleines. Merci François! En approchant, on identifie des baleines boréales, qui ont déjà été en voie d’extinction. Nous sommes chanceux!
La présence de François me fait du bien, ça m’apaise. Il me donne des nouvelles de la famille et ça me réconforte. Il a apporté un téléphone satellite qui lui permet d’appeler Johanne, sa conjointe, qui pourra nous donner des nouvelles et nous donner la météo de la région. Nous ne pouvons pas recevoir de courriels avec ce téléphone, mais ça nous donne une sécurité supplémentaire.
Depuis le Groenland, notre radio amateur, avec laquelle nous avions prévu envoyer et recevoir des courriels et des cartes météo, ne fonctionne plus. Nous pouvons entendre, mais pas émettre. Maintenant, le téléphone satellite de François pourra pallier ce problème.
Mardi 14 août
Pond Inlet, Gjoa Haven, Cambridge Bay, Tuktuyaktuk… Ces destinations représentent le but ultime de la vie de certains découvreurs (le québécois Joseph-Elzéard Bernier, le norvégien Amundsen et les Anglais James Ross et Franklin) à la recherche du fameux passage du Nord-Ouest. Ils y ont fait leurs renommées ou y ont laissé leur vie.
Après la remontée du détroit de « Navy Board » nous débouchons dans le détroit de Landcaster. Nous avons droit à un beau lever de soleil, mais ensuite, les nuages nous apportent de la neige. Il fait deux degrés! Guy, pendant son quart de veille, a même eu de la difficulté à voir tellement la neige tombait dru!
La météo nous annonce des vents de 15 à 30 nds (30 à 60 kmh) pour descendre le détroit de Prince Régent. Nous devrions l’atteindre vers minuit. Nous remontons l’annexe sur le pont et nous sommes prêts à affronter ce possible coup de vent. Chacun va dormir à son tour.
Mercredi 15 août
Le vent a soufflé de 30 à 35 Nds une bonne partie de la nuit. Yann et Guy, qui sont de quart jusqu’à deux heures du matin, n’ont pas arrêté de manœuvrer les voiles pour optimiser le comportement du bateau. Ils nous ont laissé dormir plus tard et François et moi avons repris notre quart sous régulateur d’allure, au petit matin. Nous devions trouver un endroit pour nous arrêter et nous reposer.
Nous avons trouvé une baie sur le rivage ouest du détroit de Prince Régent mais en tentant d’y aller, le vent a refusé, il soufflait de devant. Nous avons mis le moteur en marche et tranquillement le temps a changé. Le soleil est apparu et un courant portant nous poussait vers le sud. Parfait! Nous avons continué jusqu’au détroit de Bellot. Chacun s’est reposé avant d’arriver jeudi avant-midi.
Jeudi 16 août
Un autre voilier est au mouillage de Fort Ross. Nous distinguons un voilier rouge et en approchant nous reconnaissons le voilier hollandais «Jonathan ». Ils partent dans une heure et nous laisse une carte des glaces avant de partir. Merci!
À terre, on trouve ici la cabane qui abritait le comptoir de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Nous y avons laissé une petite note dans un livre mis à la disposition des navigateurs de passage. Nous avons trouvé la note de passage du Sedna IV. Nous y avons laissé aussi un de nos livres « Balthazar autour du monde » en souhaitant qu’il passe de mains en mains…
Je trouve, sur la plage, des os d’ours blanc (je crois) que je rapporte pour mon amie Geneviève qui veut que je lui rapporte du bois flotté… Elle imaginera sûrement quelque chose à fabriquer avec ce bout de fémur… Je trouve aussi une roche spéciale pour Manon.
Vendredi 17 août
Nous traversons enfin le fameux détroit de Bellot. Lorsque celui-ci est ouvert (que les glaces l’ont quitté) , ça peut être un signe que le reste du passage est débloqué. Pour l’instant, la carte de glace du voilier Jonathan nous dit qu’il reste encore un bouchon dans le détroit de James Ross, juste avant d’arriver à Gjoa Haven.
Pendant que nous traversons Bellot, nous croisons le voilier « Dodo’s Delight » rencontré à Pond Inlet. Ils font le trajet inverse! Ils nous disent vouloir s’abriter des vents du Sud-Est prévus pour demain.
Nous nous arrêtons à 18h00, dans Camilla Cove, un mouillage protégé des vents d’est, du sud et du nord. Nous repartirons lorsque la tempête se calmera.
Nous trouvons à terre un bassin d’eau où on fait le plein dans nos bidons vides. L’eau est belle, mais le fond de l’étang est parsemé de crottes d’oies ou d’oiseau du genre… François fait remarquer qu’à cette température (entre 2 et 10 degrés) les bactéries ne vivent pas longtemps. Nous conserverons tout de même cette eau pour usages extrêmes.
Nous remarquons, sur la plage, des pistes de maman ourse et de son petit. C’est une bête redoutée quand nous sommes en randonnées à terre, mais heureusement, ces traces ne sont pas récentes. Nous restons tout de même prudents.
Avant de revenir sur le bateau, je ramasse quelques roches et les transporte en haut de la colline pour y laisser un petit inukshuk qui marquera notre passage ici.
Samedi 18 août
Nous continuons et pendant la nuit, Yann et Guy font route sous voiles par bons vents du Sud-Est et contournent un pack de glaces. Nous reprenons la barre, François et moi, à deux heures du matin. À trois heures, je distingue devant une grande bande de glace qui n’a pas l’air de laisser beaucoup d’ouvertures… En approchant, nous devons nous rendre à l’évidence que ça ne passe pas. Je réveille Guy et lui dit que nous allons rebrousser chemin pour trouver un endroit pour nous arrêter. Le vent se met à souffler de l’Est de plus en plus fort et ramène les glaces vers nous et bloque notre retraite. Nous trouvons finalement une éclaircie dans la glace, près de la côte où nous pouvons ancrer.
Nous allons tous nous coucher et une heure plus tard nous sommes réveillés par un gros morceau de glace (growler) qui s’est logé entre la chaîne de notre ancre et le devant du bateau! Branle-bas de combat, on se lève pour se réancrer plus près de la côte. Nous dînons et prenons la décision de rebrousser chemin pour trouver un ancrage plus sécuritaire au Sud.
Le vent est contraire et force à 30 - 35 noeuds. Il est impossible de continuer et nous retournons vers le Nord. Guy écrit dans le livre de bord «Les derniers milles contre le vent pour rejoindre le mouillage près de la côte seront pénibles. Le moteur peine à nous faire avancer à 2 milles à l'heure, 40 nds de vent dans le nez. Finalement, mouillons 2 ancres sur fond de sable. Ouf! repos.»
Dimanche 19 août
Au mouillage, le vent a soufflé toute la nuit, très fort. Nous avons mis deux ancres qui tiennent bien à l’avant. Nous avons appelé Rémy (un ami de Montréal), grâce au téléphone de François, pour avoir une météo de la région. Le temps s’apaisera demain. Nous décidons de repartir à cinq heures demain matin. Merci Rémy!
Nous faisons une soirée cinéma avant d’aller nous coucher.
Lundi 20 août
Repos au mouillage.
Mardi 21 août
Nous repartons pour faire 35 milles jusqu’à un mouillage plus au Sud. Il faut se rapprocher de notre destination prochaine, Gjoa Haven, où nous pourrons refaire l’approvisionnement… Je commence à fouiller dans mes réserves de légumes déshydratés. Brocolis et carottes pour la soupe, oignons, tomates et poivrons pour les pizzas, chilis, curry, pâtés…
Mercredi 22 août
Nous repartons sous voiles par petit temps pour terminer la route à moteur après une trentaine de milles un peu au nord de James Ross Strait. Il nous restera environ 100 milles à faire pour arriver à Gjoa Haven.
Jeudi 23 août
Nous partons après le déjeuner pour faire les 100 milles restants. Nous naviguons à moteur, car il n’y a toujours pas de vent. On annonce pourtant des vents du nord qui nous permettront, je l’espère, de terminer cette navigation. Nous devons absolument limiter notre consommation de «diésel» pour pouvoir arriver. Nous arrivons à la fin de nos réserves d’eau potable. Je devrai faire bouillir l’eau des bidons extérieurs (ceux dont l’eau fut recueillie dans l’étang de Camilia Cove) pour cuisiner.
Il est 11h30, je vais aller préparer un petit dîner. Le soleil pointe son nez! Ça fait du bien.
Vendredi 24 août
Arrivée à Gjoa Haven dans la brume du petit matin. Déjeuner et dodo.
Samedi 25 août
Une belle rencontre à Gjoa Haven. Joëlle, Janusz et leur fils Daniel du voilier français « Margueritte » qui, au petit matin, était ancré près de nous.
Nous pensons repartir ce matin de Gjoa Haven. Nous avons été très efficaces pour faire toutes nos corvées (plein d’eau, de mazout, épicerie et nous avons même trouvé une dame qui nous a offert sa maison le temps de prendre une douche et de faire deux brassées de lavage! Nous lui avons donné un peu de sous pour la remercier. Sa maison est un feu roulant de visites de toutes sortes; nièce avec sa petite famille, son petit fils et ses amis, etc… La dame doit aller travailler à l’hôtel et nous laisse seuls dans sa maison. En repartant, François réalise qu’il n’a plus de bottes. Elles ont disparues! Après quelques recherches infructueuses auprès de la dame, il n’a toujours rien trouvé. Il fait un échange avec de vieilles bottes appartenant à la famille de la dame…
Ce matin, François et moi avons réussi à appeler nos parents et souhaité un bon anniversaire à papa qui aura 87 ans demain.
Il est 11h15, heure locale, nous devrions repartir après le dîner pour nous rendre à Cambridge Bay à près de 240 milles.
Après le dîner, nous allons visiter le voilier français « Marguerite », arrivé ce matin dans la baie. Ils sont français et polonais. Ils nous suggèrent de partir dans la nuit pour arriver au Simpson Strait pendant le jour, à cause des nombreux virements à faire dans ce détroit. Nous repartons donc à minuit pour arriver deux jours plus tard (lundi 27 août en soirée), à Cambridge Bay.
Claire
En savoir plusMenus à bord!
J’ai réussi à répertorier, avec l’aide de tous les équipiers et leurs livres de bord, presque tous les repas du soir qu’on s’est préparés à bord, depuis le départ de Gaspé. Nos repas de midi sont en général aussi consistants, car nous avons besoin de beaucoup de calories pour combattre le froid. Voici donc, pour ceux que ça intéresse, la longue liste de nos savoureux repas. Je n’ai pas mis les desserts avec les repas, mais j’en ai fait une liste un peu plus bas.
Les cuisinières : Nicole et Claire
17 juin : bœuf bourguignon (première nuit en mer)
18 juin : rôti de porc, pommes de terres et haricots verts
19 juin : spaghetti sauce végétarienne maison (mis en pot «mason» avant de partir)
20 juin : couscous au poulet
21 juin : macaroni au gratin
22 juin : gougères et salade verte
23 juin : ragoût de côtelettes en sauce tomate
24 juin : lieu noir (poisson offert par les pêcheurs de l’endroit)
26 juin : spaghetti sauce rosée et poisson
27 juin : cake aux sardines
28 juin : ragout de bœuf et légumes
29 juin : poulet au four, sauce aigre-douce
1er juillet : entrée de tortillas au fromage, risotto au poulet
2 juillet : salade de légumineuse et pâté de foie (dîner)
3 juillet : apéro nachos, tartes aux oignons et anchois
4 juillet : spaghetti sauce à la viande (fait à bord et mis en pot «mason»)
5 juillet : (dîner :gratin de pommes de terre) souper pizza
7 juillet : colombo de porc
8 juillet : chili végétarien
9 juillet : macaroni au gratin
10 juillet : pâté aux lentilles et tarte au sucre
11 juillet : morue en papillotes d’algues trouvées sur l’eau en navigation
12 juillet : (dîner : soupe de poisson), porc thaï sur spaghetti
13 juillet : tajine de morue sur lit de chou
14 juillet : cake de poisson et soupe de morue
18 juillet : épaule d’agneau sur lit de pomme de terre
19 juillet :entrée de moules , mijoté d’agneau aux oignons sur riz
20 juillet : (dîner : spaghetti aux morues en sauce à la crème et curry )
quiche aux moules, carottes aux coriandres
21 juillet : poulet à la basquaise
22 juillet : lasagne
23 juillet : côtelettes de porc aux oignons et patates grelots
25 juillet : filets de flétan (offert par notre voisin pêcheur)
26 juillet : (dîner : tarte aux tomates) rôti de bœuf à la moutarde
27 juillet : truites en papillotes
28 juillet : (dîner : spaghetti sauce normande aux truites du Groenland)
petits pâtés de boeuf en sauce et salade de choux
29 juillet : (dîner : truites parmentières) poulet vapeur et haricots aux tomates
30 juillet : potée de lentilles et jambon
Desserts :
Quatre quarts au citron (4 fois)
Gâteau aux carottes (2 fois)
Gâteau au chocolat
Gâteau aux épices et tomates (fait avec une soupe aux tomates Cambell…)
Renversé aux ananas
Gâteau aux bananes (4 fois)
Muffin aux bananes, chocolat et noix (2 fois)
Tarte au sucre
Mousse à l’orange (2 fois)
8 août : pizza
9 août : darnes d’omble de l’atlantique
10 août : lasagne
En savoir plusDe Saqqaq à Pond Inlet
De Saqqaq à Pond Inlet,
https://www.facebook.com/voilierbalthazar
Mardi, 31 juillet (suite)
Nous profitons d’une dernière journée à Saqqaq au Groenland pour nous reposer et partir en direction de Pond Inlet frais et dispos. Nous sommes tous un peu fatigués et avons besoin d’une journée de repos. La météo nous indique du vent de nord tournant à l’est et au sud. Nous ferons donc un peu de près (remonter le vent) avant d’apprécier les allures portantes sans oublier les quelques heures de moteur lors des périodes de calme.
Ce matin nous avons pu envoyer et recevoir nos messages via la connexion internet du bureau de la mairie. La mairie est la maison communautaire qui gère aussi une laverie et un service de douche. Il y a une liste d’attente impressionnante pour utiliser les machines à laver, alors on oublie ça. Nous avons demandé pour prendre une douche (un peu moins de 3$ par personne), mais on nous a répondu que ce n’était pas possible, car le système d’eau chaude ne fonctionnait pas. Dommage!
En après-midi nous demandons de nouveau pour la douche et on nous répond que l’eau chaude ne fonctionne pas encore. Guy teste l’eau du lavabo à la laverie, elle est tiède. Il décide de se laver les cheveux là. Yann va demander du nouveau pour prendre une douche à l’eau tiède. Ce n’était pas si froid et nous avons tous apprécié.
Nous allons faire une petite épicerie, côtelettes, patates, crème UHT, riz, et du vin que nous ne trouverons plus dans le nord du Canada. En sortant de l’épicerie, nous croisons un pêcheur de baleine qui vendait le fruit de sa pêche. C’est l’occasion pour nous d’y gouter! Nous achetons un bon morceau, environ 2 kg (17$) et le pêcheur nous offre un gros morceau de gras de baleine et nous dit qu’on peut le manger cru.
Nicole prépare les steaks de baleine
En arrivant au bateau nous goûtons au gras de baleine… pas extra et recrachons le morceau! Quant à Yann, il y goûte et trouve ça bon! Il aime vraiment tout celui-là!
Nicole prépare quelques steaks de baleine pour le souper et l’apprête avec de la crème et de la moutarde de Dijon. Très bon! La baleine est une viande très riche et nous avons eu besoin d’une bonne marche à terre pour digérer le tout.
Je prépare un bourguignon avec ce qui reste de viande, environ 1.5 kilo, pour la traversée. Le plat restera dans l’autocuiseur et nous n’aurons qu’à le faire réchauffer en navigation, un peu riche mais toujours aussi bon.
À terre, nous avons croisé une famille dont les deux enfants (3 et 4 ans) s’amusaient à jouer au soccer. Ils étaient très bons et vraiment impressionnant à voir jouer, en particulier la petite fille de trois ans! Et elle riait tout le temps, surtout lorsque Guy, en jouant avec elle, faisait semblant de rater le ballon.
Mercredi 1 er août
Je prends mon quart à 17h30. Je m’installe à la barre et m’assois sur le banc arrière qui me donne une bonne visibilité sur l’avant du bateau. Un vent léger et frisquet arrive de face. Je prends quelques minutes pour trouver la position idéale pour barrer pendant mon heure et demie de veille. Nous devons nous relayer à la barre car, le pilote automatique que nous utilisons habituellement lorsque nous naviguons à moteur ne fonctionne pas sous ces latitudes. Histoire de compas à l’intérieur qui se dérègle quand on se rapproche du pôle Nord.
Cette heure et demie, seule sur le pont, me permet de prendre la pleine mesure de nos dernières semaines de voyage, au Groenland. Les Groenlandais sont des gens très calmes et joyeux. Ils aiment s’amuser, rire et offrir leur aide. Nous avons fait de belles rencontres : Marie à Nuuk qui nous a offert un goûter et la possibilité de faire notre lavage chez elle; Édouard et Joël qui nous ont emmenés pêcher le flétan; Neils qui nous a offert de la truite quand il a vu qu’on n’était pas parvenu à en pêcher nous-même dans la rivière; Michey qui nous a offert son aide à Saqqaq… Merci à vous, vous nous laissez de beaux souvenirs.
Au Groenland, deux cultures se côtoient, celle des Groenlandais (Inuits) et celle des Danois. Cette cohabitation semble réussie, car chacun respecte la culture et les origines de l’autre.
Il est 19h, c’est le temps pour moi d’aller dormir un peu, car je reprends la barre à 23h30.
Jeudi 2 août
Quart de 23h30 à 1h00 du matin : réveil difficile, mais conditions agréables. Bonne visibilité et mer calme, lever de soleil (même s’il ne se couche pas vraiment) et de lune magnifiques!
Quart de 5h30 : je n’ai pas réussi à dormir, mais nous sommes à voile donc nous pouvons naviguer sous régulateur d’allure (pilote automatique qui fonctionne sous voile) et nous n’avons pas à barrer pour l’instant. Une brume opaque rend la visibilité nulle. Nous pouvons heureusement éviter les Icebergs qui se dévoilent sur l’écran du radar.
À 6h30, je demande à Guy de m’aider à réduire la voilure. Le vent forcit.
Réveil à 9h00 un peu barbouillée. J’ai réussi à dormir une petite heure.
Vendredi 3 août
Cette navigation est éprouvante pour moi. Le manque de sommeil, la promiscuité, le froid sont des éléments qui s’accumulent et entraînent de nouvelles émotions qui sont difficiles â gérer. Je fais des découvertes sur ma façon de réagir face aux autres et face à moi-même. Je deviens irascible, émotive, suspicieuse, etc. J’imagine aussi que l’approche de la ménopause n’aide en rien… Vous imaginez le tableau? Bref, j’apprends. Et je me dois d’apprendre vite, l’atmosphère à bord en dépend!
«Nous avons tous nos passages à traverser»
Je me trouve devant une décision à prendre face à la suite du voyage. Je sais que le passage du Nord-Ouest me demandera beaucoup d’énergie et de courage. Si je continue, c’est d’abord pour aider Guy, pour l’épauler. Mais je ne peux pas demander aux autres de subir mes sautes d’humeur. Je sais, par ailleurs, qu’après une bonne nuit de sommeil, tout se replace. Pourquoi arrêter?
Enfin reposée, je pense à tous ceux qui me donnent un exemple de courage. Je pense à ma tante Simone qui a accompagné son conjoint dans sa maladie, jusqu’à la fin; je pense à mes parents qui s’épaulent encore après 61 ans de mariage, dans les bons et les moments les plus durs; je pense à mes amis qui traversent une séparation, la maladie, le deuil…; je pense à tous ceux qui traversent leur vie avec courage. Nous avons tous nos passages du Nord-Ouest.
Et puis, qu’est-ce que je veux transmettre à mes filles? La réponse est là. Je dois continuer, pour l’amour, pour le courage, pour la vie. Je dois surtout apprendre à apprécier les belles choses de la vie. Derrière la fatigue, il y a ce beau lever de soleil, derrière l’incompréhension, il y a toute cette énergie issue d’un groupe, derrière la peine il y a la joie que procure un saut de baleine…
Cette nuit, j’ai dormi. Guy ne m’a pas réveillé pour mon quart de 5h30 du matin. J’ai dormi 6 heures en ligne! Je me lève encore émotive, mais j’arrive à voir clair dans mes émotions.
Il est 11h00, je reprends mon quart à 11h30.
Je vais d’abord préparer une omelette au jambon pour l’équipage. Le quotidien me rattrape!
Dimanche 5 août
Nous arrivons à Pond Inlet. La traversée s’est bien passée même si je suis passée à travers une foule d’états d’âme.
Aujourd’hui, avant d’arriver, j’ai fait un grand ménage du bateau, pendant que tout le monde se trouvait dehors. Ça fait du bien.
Nous sommes entourés de montagnes avec des pics enneigés en plein mois d’août!
Mon frère François sera là dans quelques jours, j’ai bien hâte de le revoir.
Claire
De Illulissat à Saqqaq
De Illulissat à Sarqaq,
Lundi 23 juillet
Navigation vers Illulissat, notre première navigation dans les glaces.
Mardi 24 juillet
Ce matin, expédition en ville pour trouver une douche! Nicole et moi avons trouvé, pour 20 couronnes (4$), une douche à l’auberge de jeunesse. Ça fait du bien!
Guy , Yann et Nicole sont allés retirer les leurres avec les pêcheurs rencontrés au port. Ils rapportent du flétan!
Jeudi 26 juillet
Nous partons toujours plus au nord, en direction d’Atâ. Nous sortons dans un champs de glaces et tentons de remonter le fjord de Pakitsok. Nous rebroussons chemin et ancrons à 18h00 devant un petit village apparemment abandonné. En fait, c’est un endroit de villégiature pour les touristes qui arrivent d’Illulissat. Ils viennent diner ici et parfois restent dormir dans de petits campements. Ils vont ensuite visiter les glaciers qui se trouvent plus au nord.
Le guide de la place nous dit qu’il y a de la truite dans la rivière et qu’on peut même la pêcher à la main!?. Nous essayons, avec des lignes, de pêcher mais ça ne mord pas…
Nous recevons à bord un couple groenlandais, travaillant ici, ainsi que le guide-cuisinier de la place. Ils nous remercient avec quatre énormes truites. Merci!
Vendredi 27 juillet,
Nous restons ici pour nous reposer et nous irons voir le glacier de Eqipsermia demain.
Il y a beaucoup de Iceberg et de glaces de différents formats dans la baie et à 00h15, un petit iceberg nous oblige à déplacer le bateau.
Mouillage à Atâ
Samedi 28 juillet
Nous allons voir le glacier en navigant entre les glaces et les Iceberg par temps nuageux. La visibilité est bonne mais nous devons constamment avoir une vigie à l’avant.
En arrivant au glacier, le temps se dégage et nous avons droit à quelques percées de soleil!
Nous retournons à Atâ pour la nuit.
Dimanche 29 juillet
Naviguons toute la journée pour arriver à Sarqaq.
Lundi 30 juillet
On n’a plus de gaz pour cuisiner!!! Guy, Yann et Nicole sont partis au village pour reconnaitre les lieux et voir si on peut y trouver du gaz propane. Ils reviennent un peut découragés car ils n’ont pas trouvé d’adaptateur pour les bouteilles en vente ici.
Guy, Yann et moi retournons en après-midi et nous rencontrons Mickey, jeune home très sympathique. Il nous aide à demander un adaptateur, fait des appels pour nous et finalement demande à son père qui en a un chez lui! Nous sommes sauvés. Je l’invite à bord. Il me dit qu’il travaille à la télé pour faire de petits reportages. Je lui demande s’il veut bien que je le filme pendant qu’il me parle de sa vie. Il accepte et son père se joint à lui. Nous avons là un beau reportage d’un père et de son fils!
Saqqaq vue du mât.
Nous sommes prêts à repartir pour Pond Inlet.
Mardi 31 juillet
Nous allons prendre une douche à terre et essayer d’envoyer et de recevoir nos messages sur internet. Nous trouvons une place à la mairie qui accepte de nous laisser nous brancher dans leur bureau.
Nous prévoyons faire une traversée de 4 jours pour arriver à Pond Inlet.
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De Aasiaat à Ilulissat
Jeudi 19 juillet,
Ce matin, je bénis la brume!
Nous devions naviguer tôt pour nous rendre vers l’île “Hunde Ejland” distante de 12 milles nautiques, mais le temps opaque et brumeux nous déconseille toute navigation entre les Icebergs…
Nous partirons sans doute après le diner, si le soleil se pointe le nez. On nous a dit qu’il y a des moules sur les côtes de cette île et nous comptons bien essayer d’en trouver pour le souper.
Nicole prépare un pain. C’est une deuxième tentative avec cette recette qui ne nécessite pas un deuxième lavage de la pâte. J’espère que ça réussira, car j’aimerais utiliser cette recette pour la suite du voyage.
Ce repos me fait du bien. Il m’aide à faire le point sur la suite du voyage qui ne sera pas banale; reportages en vue, randonnée, pêche, rencontres, Iceberg… Bref tout ce qu’il faut pour alimenter un bon film. Ça nous prend du soleil!!!
Depuis notre départ de Nuuk, nous avons dérogé à toutes nos règles de bien- être d’un voyage côtier en voilier. Notre première règle est de ne pas naviguer plus de 30 mille par jour le long des côtes et jamais plus de 2 jours en ligne. On a fait tout le contraire! Résultat : fatigue.
Donc, ce matin, je bénis la brume!
Vendredi 20 juillet
Nous sommes amarrés au petit quai de Kitsissuarsuit, à l’île Hunde Ejland, au nord d’Assiat. Nicole a trouvé des moules et nous les mangeons en entrée puis un ragout d’agneau aux oignons et une mousse à l’orange comme dessert. On ne jeûne pas sur Balthazar!
Le village est très tranquille. Les gens ne parlent que le danois et le Groendlandik (surtout le groenlandik) et il est difficile d’entrer en contact avec les résidents. Nous avons rencontré un monsieur, ce matin, en contemplant le paysage du haut d’une colline du village. Nous étions tous plutôt silencieux et contemplatifs et j’aurais aimé pouvoir discuter avec lui de son village et de sa vie…
J’ai compté 24 maisons dans le village, toutes colorées de couleurs vives, tantôt jaunes, tantôt bleues, rouges, vertes ou orange. C’est très joli. C’est un peu la marque de commerce des villages au Groenland.
Il est deux heures et nous repartons déjà pour Kronprinsons, île déserte où on trouve encore les reliques d’un village abandonné.
Emnviron 3 heures plus tard nous ancrons près du village et allons voir à terre. Nous apercevons un inukshuk au sommet d’une montagne et décidons de marcher jusque-là. De là-haut, nous avons une vue splendide des Icebergs qui se trouve au large et nous apercevons Balthazar ancré dans le petit détroit.
Samedi 21 juillet
Ce matin, nous naviguons vers l’île Disko.
Navigation entre des dizaines de Icebergs et de Grolers, par mer calme et légère brume. Yann en profite pour faire un tour dans le mat et faire la vigie qui s’impose.
Dimanche 22 juillet
Hier, nous sommes arrivés à l’île Disko et ancré le bateau dans le port devant le village Qeqertasuaq ou Godhavn. Les gens y sont fort sympathiques et d’une approche facile. Guy et moi, avons marché dans le village et filmé des pêcheurs qui revenaient du large. Nous voyons des chiens attachés à côté de plusieurs maisons. Ils attendent patiemment leur pitance.
Aujourd’hui, nous avons marché un bon 5 km dans l’île dans un sentier qui borde la mer. J’ai pris une multitude de photos d’Icebergs! Chacun a une forme et une couleur différentes. Je m’amuse à voir dans chaque forme un visage, une silhouette d’animal, ou d’oiseau, de poisson… ou de stade olympique!
Je suis fourbue. Il est 19 h, il règne un grand calme à bord. Je crois que nous sommes tous fatigués.
Ce soir, je cuisine une lasagne.
Lundi 23 juillet
Navigation vers Illulissat. Première vraie navigation dans les glaces. C’est exigeant. Nous nous relayons à la barre pour contourner une multitude de glaçons tantôt minuscules tantôt immenses! Une chance que la visibilité est bonne. Ça nous prendra 11 heures pour arriver enfin dans le port de Illulissat. L’arrivée est impressionnante, car plus on avance plus le passage s’encombre de glace pour paraître infranchissable! Le glacier, qui se jette dans la mer à côté du village, est spectaculaire et le soleil nous récompense de ses rayons qui nous permettent d’apprécier sa luminosité qui se reflète dans l’eau…
Nous nous amarrons à une série déjà longue de bateaux de pêche amarrés ensemble, côte à côte.
Mardi 24 juillet
Ce matin, le paysage du port a changé! Il est littéralement envahi de glace!
Nicole et moi partons en expédition en ville pour trouver une douche! Après une semaine, ce n’est pas de trop! Nous en trouvons à l’auberge de jeunesse qui nous coute 20 couronnes (3.50$). Vendue! Je laisse couler l’eau chaude… longtemps!
L’eau que nous avions prise à Assiatt était un peu jaune et le filtre Britta parvenait à la rendre plus claire… Mais, ce n’est plus le cas. Elle est de plus en plus jaune, sinon saumâtre… Nous devrons renettoyer les réservoirs et refaire le plein d’eau avant de quitter Illulissat.
Guy et Yann sont allés poser des leurres pour pêcher le flétan avec des voisins de quai, pêcheurs d’ici. Guy a apporté la caméra pour prendre quelques
images. Nicole les accompagnera en après-midi pour retirer les lignes et rapporter les poissons. Guy est heureux. Ça faisait longtemps qu’il rêvait de pouvoir sortir en mer avec des pêcheurs.
Je profite de leur absence pour écrire un peu. Pendant que j’écris,
le bateau de pêche sur lequel nous sommes amarrés décide de partir! Il cogne à la coque et je sors en vitesse pour attraper nos amarres en catastrophe! Je suis seule et je saute sur leur bateau avec l’amarre arrière pour finalement l’amarrer sur l’autre bateau de pêche resté à quai… Une chance qu’il avait amarré le devant de notre bateau avant de filer. Mais quelle mouche les a piquée de partir si vite, sans prévenir?
Nous prévoyons trouver un café internet ici pour pouvoir enfin envoyer quelques nouvelles. Nous irons possiblement voir un glacier au nord d’illulissat qui, paraît-il, est majestueux. Seule la météo nous donnera le feu vert pour rester ici encore quelques jours… Nous ferons aussi une dernière épicerie en terre groenlandaise avant de partir vers Pond Inlet, Terre de Baffin.
Claire
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En route Cap au Nord
Mardi 10 juillet,
9h15; nous entrons dans les canaux du Nordlandet, direction nord.
Nous naviguons sur le bord de la côte entre des îles, entourées de montagnes et de petites baies. Nous avons droit à un froid humide et de la brume ,mais pas de pluie pour l’instant.
À 18h15, nous ancrons dans une baie bordée de ruisseaux qui dévalent des montagnes environnantes. Nicole et Yann trouvent le courage de mettre quelques lignes à l’eau, pour pêcher. Quelques minutes plus tard, nous avons deux belles grosses morues. Incroyable! Ici, le poisson abonde tellement qu’en mettant la ligne à l’eau , ça mord! Nous avons même dû en rejeter une troisième morue à l’eau! J’avais déjà préparé un pâté de lentilles et nous décidons de conserver les morues pour demain soir.
Mercredi 11 juillet,
Ce matin, beau soleil! Nous mettons l’annexe à l’eau et partons découvrir la côte. Nous en profitons pour nous laver dans le ruisseau et faire un peu de lessive. L’eau est fraîche, mais agréable et c’est un réel plaisir de se laver les cheveux!
Au retour, Nicole prépare une soupe de poisson avec les têtes de morue puis nous repartons pour une courte navigation jusqu’à un autre joli mouillage.
Nous mangeons la morue en papillote d’algues que Nicole a récoltées lors de la navigation d’aujourd’hui.
Jeudi 12 juillet,
Navigation à moteur au départ, direction Maniitsoq. Le soleil apparaît en après-midi. Nous terminons sous voiles et avançons à 6 noeuds sur une mer presque plate!
Vendredi 13 juillet,
Maniitsoq est une petite ville charmante. Le marché se trouve à deux pas du bateau et est très complet! Beaucoup plus simple de faire l’épicerie d’ici que de la faire à Nuuk!
Je crois que je trouverai quelques épiceries lors de nos prochains arrêts, mais j’achète le plus possible de légumes et de fruits frais avant de repartir vers le nord. Je trouve aussi quantité de viandes sous vide, du jus et du pain.
Samedi 14 juillet
8h30; départ pour 36h de mer, car nous voulons arriver au plus vite à Aasiaat.
Nous faisons quelques milles à l’intérieur et sortons en mer à moteur.
Le vent contraire apporte un fort clapot qui nous oblige à entrer et naviguer à l’intérieur à l’abri des îles au niveau de Kangamiut. Le calme est de retour, ça fait du bien.
Nous ressortons en mer au sud de l’île de Sisiutaq. Le vent est à environ 18 noeuds dans le nez. On décide de revenir sur nos pas pour ancrer dans la baie Fiskemesterens Havn que nous venions de croiser…
Repos bien mérité.
Dimanche 15 juillet,
Aujourd’hui nous tenterons, de nouveau, de rejoindre Aasiaat, dans la baie de Disko. Si les conditions sont bonnes, nous ferons les 160 mille dans un seul trajet. Le vent est encore contre nous. Nous nous arrêtons à Sisimiut après avoir croisé quelques baleines qui s’alimentaient devant le port. Sauts hors de l’eau, saluts de nageoires et déploiements de queues avant de plonger sous l’eau nous réjouissent!
Lundi 16 juillet,
Nouveau départ. Nous partons en mer et essayerons encore une fois de naviguer toute la nuit. Nous entrons dans les canaux en après-midi pour continuer toute la nuit à l’abri de la mer.
Nous croisons quantité d’iceberg et de morceaux de glaces. Il fait beau et le soleil ne se couche plus… Il reste à l’horizon pour la nuit et voyage d’ouest en est pour remonter au matin. Ce soleil nous aide à repérer les glaces et faire la veille. Vers 4 h 30 du matin, nous croisons toute une famille de rorquals à bosses. Ces baleines sont plusieurs à nager autour du bateau, à plonger et même charger sur nous! Les voir d’aussi proche, entendre leurs souffles et les sons qu’elles produisent, demeurent toujours une expérience impressionnante!
Mardi 17 juillet,
La nuit tire à sa fin, il fait beau et presque chaud, à 7 h 30 le port de Aasiaat est devant. Les instructions que nous avons pour le mouillage datent de quelques années. Où aller? Plusieurs petits bateaux encombrent le plan d’eau, des bateaux de pêche occupent de grands quais, nous ne trouvons pas de place pour Balthazar. Au fond du port, dans une échancrure qui semble avoir été faite à coup de dynamitage, une petite passe s’ouvre, nous nous y engageons en ralentissant à 3.5 noeuds. Un fil électrique passe d’un côté à l’autre, Guy a des doutes sur le tirant d’air et au même moment, Nicole et Yann, qui sont à la proue font de grands signes et lancent « Y’a pas d’eau », Claire confirme… Marche arrière toute! Balthazar s’immobilise dans 8 pieds d’eau, demi-tour et nous revenons au port de pêche. Slalom entre les petites embarcations et nous décidons de nous amarrer à un vieux bateau de pêche, le « Bourup ».
Claire et Guy
De Nuuk à Aasiaat (Baie de Disko)
Voyage Balthazar été 2012
De Nuuk à Aasiaat (Baie de Disko)
Extrait journal de bord de Nicole
Nuuk du jeudi 5 au lundi 9 juillet
Nous sommes à Nuuk la capitale du Groenland depuis 5 jours, J’ai l’impression d’être là depuis 1mois, A Nuuk la population est en partie Groenlandaise et Danoise, la ville est active par son port, et ses usines de congélation de crevettes nordiques, partout des constructions neuves sortent de terre. Les gens y sont souriants et accueillants. Parmi les belles rencontres que nous avons faites il y a Ollé suédois qui est pilote de ligne et d’hélicoptère il rénove un vieux bateau en bois conçu à l’origine comme bateau hôpital qui voyageait le long de la côte pour soigner la population et Maria sa femme groenlandaise de Illilussat confectionne des tapis avec incrustations d’animaux polaires en peau de phoque, un magnifique travail de précision, Ollé nous avait gentiment offert l’hospitalité pour prendre une douche et laver notre linge, Maria nous a accueillit tout un après- midi très fière de nous montrer tout son travail, elle coud également de magnifiques manteaux en fourrure le tout avec un thé et de délicieuses pâtisseries danoises.
Nous avons également rencontré Allan alors que Guy et moi nous cherchions des filtres à essence pour le moteur au milieu d’une zone industrielle un monsieur nous propose son aide, il est danois, arrivée au Groenland en 1965 il a monté un chantier et c’est un passionné d’aviation il nous emmène dans son hangar ou il construit son petit avion, un vrai bijou. Il se coupera en quatre pour nous aider à trouver le matériel nécessaire.
Durant notre séjour j’ai visité le musée sur le peuple inuit du Groenland très instructif. La vieille ville de Nuuk est très belle avec ses maisons colorées en bois. Malheureusement le temps est très pluvieux.
Mardi 10 juillet
Départ 9h30, nuageux mais il ne pleut pas, et surtout pas de brouillard, nous naviguons au moteur à travers un réseau de chenaux parsemé d’innombrables iles et rochers, la progression serait plus agréable si les cartes nautiques étaient plus précises, hors les sondes sont très approximatives de plus les cartes sont décalées par rapport au données du GPS ce qui parfois nous ferait passer sur les iles, donc navigation à vu heureusement les chenaux sont un peu balisés . Nous croisons des bateau hors bord avec des familles au complet, ici pas de route, ces petits bateaux remplacent l’auto.
Vers 16h30 nous mouillons dans un petit fjord sauvage par 25’ d’eau, avec le rêve cascade d’eau fraîche. Dynamisée par ce cadre enchanteur je décide que c’est le moment de tenter une partie de pêche, il parait que la morue abonde dans la région, n’étant pas une experte en la matière Yann me donne un coup de main, je mets une ligne avec des hameçons certes un peu gros mais l’ambition est là, je commence à giguer la morue, quelques touches prometteuses…. Yann plus raisonnable monte une ligne polyvalente avec des leurres à maquereaux, à peine a-t-il mis sa ligne à l’eau et hop une morue, une belle prise. A bord c’est l’excitation, Guy remet la ligne et une deuxième morue le repas est assuré, alors que j’aide Yann à démêler son fil en mettant une partie de la ligne dans l’eau une autre morue se jette sur notre hameçon, nous l’a rejetons à l’eau, assez de morue pour ce soir.
Belle nuit calme.
Ancrage 64 34 277 N et 52 06 610 O
Navigation 40 milles
Mercredi 11 juillet
Dés le réveil, la tentation d’une douche dans la cascade est trop forte, nous débarquons dans le varech glissant le long de la pente, l’eau est fraîche mais pas trop froide c’est rafraichissant et surtout le bien être de se sentir propre, nous en profitons pour remplir nos bidons d’eau. Mise à part les moustiques le coin est paradisiaque, j’y resterai bien quelques jours mais nous devons progresser vers le nord.
Appareillage 11h30 route au moteur, nous zigzaguons parmi les îles parfois les passages sont étroits, c’est du « rase cailloux », restons vigilent nous n’avons plus confiance dans les cartes.
Nous rentrons dans une première baie, passons devant un village abandonné nommé TOVQUSSAQ avant de rentrer dans une deuxième baie magnifique avec ses cascades descendant des glaciers, ses montagnes majestueuses qui nous entourent d’une belle protection. L’ancre mouiller, l’annexe à l’eau nous partons explorer le village, ou tout semble avoir été laissé à l’abandon du jour au lendemain, les maisons en bois, les installations de matériel de pêche témoignent d’un passé actif. Nous retraversons la baie pour une belle promenade le long d’un majestueux torrent descendant de montagnes imposantes.
Soirée Morue cuite en papillote de laminaire (ici les laminaires ont des tailles à la mesure des montagnes gigantesque), dessert crumble aux pommes.
Nuit calme
TOVQUSSAQ 64 52 858 N et 05 11 719 O
Navigation de 25 milles
Jeudi 12 juillet
Toujours au moteur à travers les îles, le temps est gris le matin, l’après midi le ciel bleu apparait ça fait du bien. Les montagnes sont de plus en plus couvertes de neige, dans le fond nous apercevons la calotte glaciaire.
En fin d’après midi nous pouvons faire un peu de voile au près serré durant 20 milles, le bonheur de ne plus entendre le moteur. Nous arrivons dans le charmant village de MANIITSOQ avec ses maisons colorées, une belle place nous attend sur un ponton côté des bateaux-autos.
MANIISTSOQ 65 24 793 N et 52 53 760 O
Navigation de 40 milles
Vendredi 13 juillet
Tout le monde debout pour un ravitaillement en ville avant notre départ à 11h30 il pleut, naviguons le long du fjord HABORGERSUND les glaciers apparaissent entre les nuages, nous arrivons encore une fois dans une magnifique baie appelée AGPAMIUT avec évidement cascades fraîches, nous mouillons par 4 mètres de fond par temps calme. L’eau est d’un bleu turquoise comme aux Bahamas ce qui nous tente Claire et moi pour une baignade ou plutôt une trempette très rapide l’eau est vivifiante et glaciale, non décidément ne pas se fier à la couleur de l’eau ,c’est trompeur. Un bon cake banane chocolat de Claire nous réconforte.
Yann pêches deux morues en 5 minutes, que nous jugeons trop petites, ne s’avouant pas vaincus Guy et Yann partent en annexe pour une pêche miraculeuse d’une super morue entre 4 et 5 kg en moins de 5 minutes.
Claire nous prépare des darnes de morue sur un lit de choux au curcuma et cumins, un vrai délices. Les repas a bord sont des moments gastronomiques
AGPAMIUT 65 39 76N et 52 53 760 O
Navigation 23 milles
Samedi 14 juillet
Départ 8h30 nous quittons notre abri confortable pour la pleine mer, tentative de courte durée vent contraire clapot et brouillard nous tombent dessus nous préférons faire rentrer dans les canaux intérieurs, et le rythme zig et zag recommence, les fonds oscillent entre 160’ et 300’ lorsque nous passons sur un au fond à 50’ nous paniquons comme si nous allions toucher.
Dans l’après midi nous refaisons une tentative de sortie en mer, même scénario vent, clapot et brouillard cette fois nous revenons sur nos traces et remontons avec un fort courant contraire le fjord SOENDRE STROEMFJORD, nous passons dans un couloir de vent, nous ancrons par 16’ d’eau très proche des berges les fonds descendants abruptement … et les cascades se jettent dans la mer.
Nous faisons une pause morue. Nuit calme.
FISKEMESTERENS HAVN baie
66 01 234 N et 053 27 046 O
Navigation 23 milles
Dimanche 15 juillet
Départ 8h30, nous partons pour une grande virée de 160 milles pour rallier AASIAAT dans la baie de DISKO, nous ressortons en mer par le même trajet qu’hier, encore le vent contraire mais faible, chaque fois que nous passons à la hauteur d’un fjord le brouillard est au rendez vous, ainsi qu’une mer hachée. La côte continue d’apparaitre et de disparaitre dans le brouillard, le vent forci avec plus de clapot, tout le monde étant fatigué nous décidons d’écourter notre navigation en entrant à SISIIMUT, il est 9h30 lorsque nous faisons notre approche de la très jolie petite ville, juste devant l’entée des baleines sont en train de festoyer, quelle spectacle!. L’eau bouillonne avec une multitude de mouettes au dessus, les poissons frétillent, la baleine surgit tête première pour se régaler, c’est impressionnant!!!
J’ai du mal à réaliser que je viens de passer le cercle polaire, le temps est magnifique.
Lundi 16 juillet
Départ 8h45 la nuit a été courte, nous partons de Sisiimut un peu a regret de n’avoir pas eu le temps de visiter la ville.
Nous prenons la mer, passons encore devant des fjords qui provoquent remous, la barre est difficile à tenir mais comme il y a peu de vent ça passe correctement ( par temps venteux ce doit être impraticable).Encore une surprise, alors que je suis à la barre la carte numérique m’indique une île de 200 mètres de long par le travers bâbord à ¼ de milles, hors j’ai beau scruter la mer …. Rien, par acquis de conscience je contourne l’île fantôme.
Dans l’après midi nous rentrons dans les canaux le relief a complètement changé, des collines basses et érodées font places aux hautes montagnes arides, la nature semble plus vivante la verdure recouvre les roches plus claires.
Décidément les cartes Danoises nous réservent des surprises la carte nous annonce des balises tribord alors qu’en réalité ce sont des bâbords ce qui est logique lorsque nous découvrons les passages.
Mardi 17 juillet
Nous continuons notre progressions vers la baie de Disko, à minuit je suis à la barre nous slalomons entre les îles le ciel est d’un bleu pure le soleil descend au NO longe l’horizon en continuant de briller intensément et ressort au NE il ne s’est pas couché (moi non plus) j’ai pu prendre en photo un soleil de minuit, c’est quelque chose. A 4h de matin les baleines en grand nombre se présentent près du bateau et même très près, malheureusement je n’ai pas vu ce spectacle je dormais ma seule petite heure de sommeil de la nuit. A 4h30 du matin de nouveau sur le pont, c’est un défilé majestueux d’icebergs de toutes formes nous approchons de la baie de Disko pépinière d’iceberg.
Nous entrons dans le port de pêche d’AASIAAT, nous accostons à couple d’un ancien bateau de pêche très certainement un baleinier.
Dés que nous sommes amarrés tout le monde se couche et c’est un sommeil bienfaiteur jusqu'à midi.
Après midi nous trouvons une douche chaude pour 7$ je dois dire que pour ce prix là j’ai laissé couler l’eau avec délice. Ah les petits plaisirs simple de la vie.
Notre voyage va se poursuivre en explorant la baie de Disko puis nous retraverserons vers le Canada au niveau de 73e parallèle pour la terre de Baffin à Pond Inlet qui sera le terme de mon voyage.
Les voiliers sont rare mise à part à Nuuk nous n’en n’avons croisé aucun.
Le Groenlandais est souriant et hospitalier, le stress ne semble pas faire parti de leur quotidien, la langue parlée est l’Inuktitut, mais la plupart parle le Danois surtout chez les jeunes.
Aasiaat le 17 juillet 2012
Nicole
Maniitsoq
Jeudi 12:
À nouveau courte étape prévue jusqu'à Maniitsoq. La journée commence par ce qui commence à devenir monotone, du moteur dans un crachin à errer entre les îles. À mi-trajet nous sortons en mer. Assez rapidement le temps s'éclaircit et le vent se lève.
La navigation devient alors idyllique. Au près le bateau est bien appuyé. Le soleil fait un bien fou, plus que je ne l'aurais imaginé, je me sens vraiment en été. Cette sensation de vacances, de mer bretonne me rend vraiment heureux !
Nous arrivons à Maniitsoq sous voiles. Le paysage commence à changer. Devant la chaine interminable de montagne raide et glacée s'ajoute une côte minérale, de multiples collines, comme autant de petits « pains de sucre » façon Rio de Janeiro.
La ville grossit rapidement, plein de petites maisons colorées sur une dizaine de ces promontoires raccordés par de petits ponts. L'endroit semble avoir été dessiné par un enfant ou sortie d'un jeu vidéo. La mer est d'un bleu turquoise intense, presque opaque, les roches sont toutes arrondies, quelles que soient leurs tailles, le paysage est doux, les maisons sont reliées par d'innombrables escaliers en bois, le port est au coeur de ce havre, bien protégé, enfin le soleil est chaud et radieux. Comme un comble, la ville semble habitée d'enfants, qui étrangement courent dans toutes les directions. Tout le monde court d'ailleurs ici, sans stress ni raison apparente. Près de notre jupe, des ninjas aquatiques (des enfants en tenue de plongée avec baskets et gants) sautent et jouent dans l'eau du port. À terre les commerces ont été judicieusement placés près du port. Cette ville, très européenne , scandinave en particulier (dense et avec des maisons de bois, introuvable au Grønland) réjouit tout le monde à bord, malheureusement nous devons partir tôt le lendemain.
Je profite donc de l'escale tant que je peux et me balade partout. Quel plaisir ! Les gens sont toujours souriants et même rieurs, même les rares danois sont déridés et heureux de cette retraite paisible.
Yann
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Mer du Labrador
Mercredi 27 juin
Ça y est, nous sommes partis ce matin pour faire la traversée du détroit de Davis jusqu’au Groenland, ce qui nous prendra entre 6 et 8 jours, dépendant des conditions de vent.
La météo prévoit des vents portants de 25 à 35 noeuds pour demain et diminuant de 10 à 15 noeuds pour le reste de la traversée.
Aujourd’hui, il fait un peu froid, humide et brumeux. Les vents sont doux (15 noeuds) et nous voguons confiants avec cette excitation des départs et une touche d’appréhension tout de même devant cet océan, dont les réactions nous sont inconnus.
Nous aurons à surveiller de près les Icebergs qui peuvent se trouver sur notre passage et gérer l’humidité et le froid. Nous compensons largement le froid par une alimentation riche. Avant de partir, Nicole et moi avons préparé des repas consistants (ragout de boeuf et légumes, cake de poisson, pains, scones) ce qui nous évitera de cuisiner les deux premiers jours de navigation.
Guy a réparé le système de chauffage et c’est une chance, car il crée une douce chaleur et ajoute une part non négligeable de confort à bord.
Jeudi 28 juin
Nos deux premières journées de navigation sont éprouvantes; pas beaucoup de sommeil, vents forts amenant une forte vague de travers, pluie, embruns qui nous mouillent de la tête aux pieds. Il nous faut gérer le séchage des cirés à bord. Nous n’avons pas de placard destiné et c’est au carré, juste devant la descente là où se trouve la bouche du système de chauffage, que nous les suspendons. Ils sont un peu au milieu de la place, mais bon! Le bateau se retrouve un peu plus encombré... Balthazar est petit!
Nicole préfère rester dehors, car elle ne supporte pas trop le roulis à l’intérieur. La vague de travers produit une allure inconfortable.
Je fais réchauffer le ragoût pour ce midi... Ai-je vraiment faim?
En fin de soirée le vent faibli et tombe, nous partons le moteur. Guy et Yann détectent un iceberg au radar pendant leur quart de nuit.
Vendredi 29 juin
Encore 490 milles à faire avant d’arriver près de Nuuk, au Groenland.
La brume opaque nous oblige à naviguer sous radar. Il est bien utile dans ces régions peuplées d’Icebergs. Pluie, houle, nuages et brume sont à l’honneur. Nous naviguons à moteur.
Toutes les conditions sont réunies pour me donner le mal de mer. D’habitude, je supporte la houle et j’arrive à cuisiner dans presque toutes les conditions. Mais, personnellement, le peu de vent ajouté à une houle de côté m’apporte inévitablement des hauts de coeur. Ce soir, je ne cuisinerai pas. Je ne mangerai pas non plus. Yann se charge du repas et ils mangeront des choux-fleurs gratinés... Je me couche.
En fin de soirée, une petite brise revient, nous remettons les voiles.
Samedi 30 juin
Je me lève un peu barbouillé, mais j’arrive à faire du gruau et à manger quelques bouchées. Je fais une frittata pour le dîner et je me force à prendre un morceau.
On navigue dans une forte houle qui grossit avec les heures... Ce n’est pas bon signe. Est-ce une houle résiduelle d’un fort vent qui souffle plus à l’est ou est-ce annonciateur d’un coup de vent? Si c’est le cas, il faut attacher nos bretelles ça va souffler et la navigation au près sera sûrement des plus humides.
Dimanche 1 juillet
Ouf! Depuis hier soir, le vent a forci, il souffle de 25 à 30 noeuds de l’Est. Les vagues, qu’on évalue de 3 à 4 mètres, sont impressionnantes. Elles montent régulièrement sur le pont et, malheureusement s’invitent à bord par les manches à air de devant. Notre lit est mouillé. Nous fermons les ouvertures de l’extérieur et de l’intérieur.
Nous avons réduit la voilure au minimum, grand-voile à 3 ris et foc «solent». Balthazar se comporte bien et nous pouvons dormir en laissant notre petit bateau et son régulateur d’allure «Cap Horn» gérer la situation. Nous surveillons de près le baromètre et pendant la nuit la pression semble vouloir remonter. Ça me réconforte et ouvre une brèche d’optimisme pour le lendemain.
Guy s’est couché sur le plancher, dans le couloir du carré. Je soupçonne qu’il n’a pas dormi très profondément depuis notre départ. Mais là, curieusement, par ces conditions musclées, il dort enfin! Ça me rassure, car il a besoin d’être en pleine forme pour la suite de cette traversée.
Mardi 3 juillet
Nous approchons de la côte du Groenland. Ce soir, nous souperons et surtout, dormirons dans un petit mouillage protégé et tranquille à 30 miles au sud de Nuuk.
Je me sens fatiguée, mais d’humeur joyeuse ce matin. Pendant mon quart, avec Nicole, nous avons vu un Iceberg sortant de la brume. Le radar nous indiquait déjà plusieurs Icebergs sur notre route et nous devions parfois changer de cap pour les contourner. La brume ne nous permettait pas de voir à plus de 100 mètres. Ce n’est que petit à petit que le brouillard s’est dissipé et notre Iceberg est apparu sur bâbord.
Après avoir croisé plusieurs Icebergs, dont un d’une hauteur impressionnante, la côte du Groendland est apparue dans toute sa splendeur!
Comme une toile monochrome, les montagnes enneigées produisent toutes les nuances de gris. Les contrastes de formes, tantôt courbes, tantôt abruptes, donnent un caractère particulier au paysage. La douceur et la légèreté des nuages côtoient habilement la rudesse et la force des rochers et ajoutent une profondeur et une intensité peu commune à cet environnement.
Mercredi 4 juillet
Nous venons de quitter notre premier mouillage en terre du Groëndland, dans le Buksefjord près de Saatut. Mouillage très tranquille et quelques verres de vin, nous ont permis de passer une bonne nuit.
Nous naviguons en direction de la ville de Nuuk où nous ferons notre entrée officielle ainsi que le plein de nourriture, d’eau et de carburant diésel. Nous avons aussi une bonne lessive à faire.
Il fait vraiment beau, soleil et + de 15 degrés, nous naviguons par les canaux le long de la côte. À mesure qu’on avance, le paysage se transforme découvrant une nouvelle montagne, une nouvelle perspective. Des glaciers descendent vers la mer et les nuages s’amoncellent sur les cimes et longent la côte en apportant leur lot de mystère.
Nous sommes heureux et reposés. Je pense à mes filles, à mes parents qui doivent attendre de nos nouvelles. Heureusement que nous avons un système de localisation Spot, qui nous permet de donner notre position régulièrement, car l’envoi de message ou de courriel n’est pas encore possible avec Windlink (radio amateur). Nous espérons trouver un café internet à Nuuk.
Vendredi 6 juillet
Pluie et vent. Nous sommes toujours amarrés au port de Nuuk, à l’épaule de bateau de pêches. Le propriétaire du premier bateau de pêche nous a invité à aller prendre une douche et faire notre lavage chez lui! Je mets ça en priorité aujourd’hui! Et je les ai invités à souper pour ce soir.
Il nous faudra aussi faire l’épicerie, malgré la pluie qui n’en finit pas de tomber... Apparemment, les prix ne sont pas si exorbitants que je m’attendais, sauf pour les légumes.
Depuis le départ, on mange beaucoup plus que je ne pensais. Vivre dans le froid a cet avantage qu’on peut manger beaucoup sans grossir, au contraire, je maigris!
Lundi 9 juillet
Nous quitterons Nuuk demain. Nous avons pu faire ici le plein de nourritures, d’eau et de fuel. Nous sommes dans un port commercial, il pleut presque tout le temps...
Je tenterai de donner des nouvelles prochainement. À bientôt,
Claire
En savoir plusDépart pour Nuuk
Balthazar quitte le petit port de Straitsview, Terre-Neuve, demain mercredi 27 juin pour Nuuk au Groenland. Une traversée d'environ 700 milles. La veille aux Iceberg sera de mise!
La météo semble bonne, nous aurons entre 15 et 25 noeuds du sud-est et Sud, parfais pour faire cap au Nord!
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De Gaspé à l'Anse aux Meadows
Dimanche 17 juin
Partir de Gaspé pour une expédition dans le Grand Nord a de quoi donner des papillons dans l’estomac. Ça n’a rien de comparable avec un départ vers le Sud.
Il y a le stress, que dis-je, l’angoisse d’apporter les vivres suffisants pour les trois prochains mois, avec un espace limité de rangements. Ensuite, il faut réapprivoiser la mer, apprendre à se connaître en tant qu’équipage et avoir confiance en notre bonne étoile qui, jusqu’à présent, ne nous a pas fait défaut.
Je regarde, lors de la sortie de la baie de Gaspé, les embruns formés par les vagues et à chaque saut de Balthazar, les fines gouttes d’eau se déploient en arc-en-ciel minuscules qui me font sourire et m’apaisent... Ils m’inspirent des pensées d’espoir que tout se passe bien.
Mardi 19 juin
L’ambiance est bonne à bord.
La sortie de la baie de Gaspé s’est faite au près serré à tirer des bords, ensuite cap sur le sud d’Anticosti. Ce sont des vents du sud soufflants de 15 à 20 noeuds, qui nous ont vu doubler la pointe d’Anticosti. Mardi 19 juin en avant-midi, alors que nous voguions allègrement au grand largue en direction du détroit de Belle-Isle, nous avons pris la décision de faire route sur la côte nord en direction de La Tabatière, petit port au sud de Blanc-Sablon.
Le vent forci dans un brouillard de plus en plus dense.
Nous n’avons pas échappé au traditionnel brouillard côtier et c’est au grand largue par 30 noeuds de vent que nous nous dirigeons aveuglément sur la côte sans oublier que nous devons surveiller les glaçons possiblement présents.
Mercredi 20 juin
Navigation dans les canaux de la côte (Petit Rigolet) vers une petite baie protégée. Toujours le brouillard tout autour, mais nous pouvons observer les rochers qui bordent les canaux. Très joli !
Je fais un inventaire des denrées à bord. Je devrai majorer les calories, car les dîners que j’avais prévus légers se transforment rapidement en copieux repas. De plus, le nombre d’oeufs décroit rapidement, car nous cuisinons beaucoup de gâteaux, histoire de nous réchauffer.
Notre système de chauffage ne veut toujours pas fonctionner.
Vendredi 22 juin
Au près contre un clapot incommodant nous filons vers la côte de Terre-Neuve que nous longerons ensuite à moteur, face au vent et à la vague, ce qui rend la navigation inconfortable. À quelques milles de la côte, à travers une brume qui tarde à se dissiper, nous apercevons notre premier iceberg. Masse de glace fantomatique à 3 milles sur Tribord. La bonne nouvelle est que nous l’avons détecté au radar avant de le voir.
Nous ferons escale une quinzaine de milles avant l’Anse aux Meadows à Cook’s Harbour, port de pêche sympathique. L’entrée du port est magnifique et apparemment difficile : on voit un bateau de pêche échoué sur les rochers (nous apprendrons que le capitaine s’était endormi et a fait côte il y a 2 jours). La carte n’est pas précise, une erreur d’environ 200 mètres déporte notre route sur la carte électronique. Nous sommes vigilants et entrons dans un port de pêche qui nous accueillera à son quai !
Nous discutons avec les travailleurs sur le quai et ils nous indiquent un bâtiment tout neuf où l’on peut trouver douche et laveuse à linge ! Super ! Après 10 jours, on peut dire que c’est bienvenu !
Samedi 23 juin
Navigation par grand beau temps, mer plate, soleil et baleines à bosse. Elles sont plusieurs à sauter et à déployer leur queue en éventail avant de plonger vers les profondeurs de la mer ! Quel spectacle !
Tout au long de la côte, nous contemplons un paysage austère parsemé de petites maisons. J’imagine les gens vivant ici et supportant les longs mois d’hiver...
Nous voyons un petit iceberg avant d’arriver au port.
Nous amarrons Balthazar à un quai tout neuf et rencontrons les pêcheurs qui travaillent à proximité.
L’un d’eux nous propose d’utiliser son camion pour nos déplacements. Merci beaucoup ! Je l’invite à venir prendre l’apéro à bord dimanche soir avec sa femme.
Ils viennent avec leur fille Maria. Cyril nous raconte ses histoires de pêche tandis que Barbara nous invite à aller chez eux pour avoir accès à l’internet et prendre une douche. Cyril nous apprend qu’il y a, l’hiver venu des ours blancs qui font le voyage sur les glaces dérivantes et passent un peu de temps dans la région avant de reprendre le chemin inverse pour retrouver la côte du Labrador. Du coup, Claire regarde le paysage d’une autre façon !
Départ en direction de Nuuk au Groenland prévu pour mercredi 27 juin. Nous tenterons de devancer l’arrivée d’une bonne dépression dans la région.
Claire et Guy
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From Gaspé to Anse aux Meadows
Le texte suivant n'est pas une traduction du texte intitulé « De Gaspé à l'Anse aux Meadows », mais bien un texte écrit par Yann pour ses amis internationaux.
Finally at the Anse aux Meadows. Really happy to visit this hard to reach historical site where the Viking briefly settled in North America.
We have been through relatively tough seas and extremely variable weather. Sunny, cold winds, gusts, incredibly thick fog...
The first three days at sea were a good and fresh start. Getting us in shape gradually. Already we had Aurora Borealis every night, whales, dolphins, tons of new birds to me, and most importantly: great food!
We then stopped on the Labrador coast as we wanted to avoid sailing at night with possible icebergs. The village there was gloomy but the landscape fantastic. We then had this surreal route through islands and channels in a really deep fog. We sometimes couldn't see further than 30m and thus could only guess the shoals and islands we were passing by. It was a bit scary but from time to time the fog would disappear and the magic of the landcape was revealed. I am not sure the pictures convey the atmosphere so well but I definitely have great memories from it.
Later on at sea, all of sudden, the fog vanished, a strong and cold wind started to blow and to freeze us. A coast of dry cliffs appeared before us. We halted in a cute, more European/Norwegian style village. Then again it was such a drastic change from the small steamy wadded islands from the previous day.
In the following morning we had a rather sporty departure as the front sail jammed when being set up. We then proceeded to a quick sneaky crossing of the dreaded Belle-Isle strait to sail along the Newfoundland coast with the engine. It ended up being a sunny day with whales. A very cute village again but this time the landscape is completely flat (and still desolated). And there finally, in the morning we realised that we had passed the night right by... showers!! What a joy!
After a thorough cleaning of our clothes and ourselves we headed through jumping Humpback whales and dolphins to a village close to the Anse aux Meadows, where we are now. It's hilly and actually breathtaking. Especially with the whales, the Vikings were not only barbarians and knew where to crash on a new continent! We should visit some of their other settlements in Greenland.
We should head to Greenland on Wednesday in order to avoid a coming storm, however the changing weather under these latitudes is not reassuring. In a way it would be exciting to face rough weather but we will surely have other chances.
By then we have to fix the heater. We have two aboard and none of them works. Sailing Greenland without is is feasible but it should be pretty cold. On the other hand it will hopefully be less wet. This was the most annoying so far, rather than the temperature.
Anyway, it's an amazing trip so far and that was just the beginning. The serious stuff is ahead!
Yann
En savoir plusUne petite navigation
Mercredi 13 juin,
Une belle journée de voile pour rejoindre Gaspé depuis l’Anse-à-Beau-Fils.
De bons vents, un peu changeant en force et en direction, ont permis à Nicole et Yann de se familiariser avec les manoeuvres.
En savoir plusMise à l'eau
Balthazar est à l'eau! J’allais dire « fin prêt », mais il reste encore plusieurs petits travaux à faire avant le départ prévu dans une dizaine de jours. Nous sommes à la petite marina de Chandler pour quelques jours, ensuite nous ferons escale à Gaspé pour terminer l’avitaillement.
Dès notre arrivée à Newport, la semaine dernière nous avons sympathisé avec Anne-Lise et Sébastien qui emprunte la V’Limeuse pour un périple Nordique. Nous les rejoindrons à Gaspé et nous ferons peut-être route ensemble jusqu’au Labrador. Seb, comme l’appellent ses amis, a navigué le Passage du Nord-Ouest en 2007 à bord de « Babouche », un petit catamaran conçu spécialement pour la navigation dans les glaces et tenter à l’été 2011 la traversée de la banquise en passant par le pôle Nord sur « Petit-Babouche », une embarcation spécialement conçue à cette fin!
Pour l’instant, nos équipiers, Nicole et Yann nous aident à faire les nombreux travaux nécessaires avant le départ de notre expédition (avitaillement, peinture de la coque, couture etc.), apport important et agréable!
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Itinéraire prévu été 2012
Le départ approche, nous sommes un peu fébriles.
Balthazar nous attend à Newport en Gaspésie. Nous y serons vendredi 1er juin pour y entreprendre les quelques travaux à faire avant la mise à l’eau prévue pour le 7 juin. Ensuite, nous passerons quelques jours à la marina de Chandler pour compléter les travaux et l’avitaillement. Nous larguerons les amarres entre le 10 et le 15 juin.
Voir l’itinéraire prévu pour l’été 2012.
Équipier
François Roberge
Mais quelle mouche m’a piqué pour décider de couper l’été et aller naviguer dans le
grand Nord en compagnie des glaces, du froid et de la neige? Eh bien, il y a ces rencontres avec les Inuits, la découverte de la faune marine, les paysages magiques, les nuits blanches et peut-être quelques aurores boréales…tout ça au-delà du plaisir de la navigation à voile en bonne compagnie.
Retraité d’Hydro-Québec depuis bientôt 5 ans, amateur de golf, de vélo, de ski, de tennis et de voyages, j’ai eu l’occasion de découvrir la voile avec Claire et Guy au tout début de leur grande aventure sur le lac Champlain à bord de Balthazar. Se sont ajoutés d’autres séjours à bord en Nouvelle Calédonie et au retour entre le lac Champlain et la Gaspésie ainsi qu’une traversée légèrement mouvementée entre les Bahamas et New-York avec Guy sur un voilier emprunté.
Le séjour prévu d’environ deux mois sur Balthazar dans le passage du nord-ouest demeure un défi et une aventure qui secouent les petites habitudes pépères de l’heureux retraité. Mes études en mathématiques et ma carrière qui évolua de chercheur à un poste de cadre d’entreprise m’ont permis de découvrir notre monde mais sans beaucoup d’émoi. La vie à bord, l’air frais dans le nez et la lumière des grands espaces sont des morceaux d’émotions et de rêves qui sont à saisir avec enthousiasme et beaucoup de plaisirs.
En savoir plusÉquipière
Nicole Ferembach
Embarquée à l’âge de 9 jours sur un thonier à voile de 18 mètres avec un Papa photographe et cinéaste et une Maman infirmière, nous partons pour un voyage de 7 ans avec de longues escales filmant la vie des peuples autour du bassin Méditerranéen et de la mer Rouge.
Au retour la Bretagne deviendra mon port d’attache où, sur un cotre en bois de 13 mètres, je sillonne les Abers et les iles Anglo-saxonne, une échappée en Afrique puis aux Antilles.
La traversée Saint-Malo Québec en passant par Terre-Neuve est ma première navigation nordique.
Tout naturellement j’épouse un marin, deux petites sirènes naitront, sur un magnifique 5.5 JI de 1954 nous tirons des bords en famille entre les Glénan et la baie de Concarneau, dans le même temps avec six amies nous achetons une yole de mer quatre barrée et fondons l’association Ram’Dam dont je serai présidente pendant 10 ans
Avec mes filles et leur père, une envie de changement nous anime et nous voilà partie pour l’Indonésie sur un Pinisi bateau local de transport à voiles de 25 mètres à la découverte de cet archipel sauvage.
Au fin fond de la Malaisie dans la mer de Chine, nous tombons amoureux d’une coque abandonnée d’un schooner de 20 m tout en bois sur un plan de Bill Dixon. Dans des conditions très exotiques, nous donnons vie à cette somptueuse goélette et naviguons dans les eaux malaisiennes et thaïlandaises.
Un tournant dans la vie me voit revenir au Québec, je reprends avec passion mon métier de professeur de danse et, le temps d’une rénovation de maison près du pittoresque village de Saint-Jean-Port-Joli, je tire quelques bords sur le fleuve lors de régates conviviales.
Comme une grande brise du large qui s’annonce prometteuse, Guy et Claire me font part de leur projet de navigation nordique et me propose d’embarquer sur le Balthazar qui est à leur image chaleureux et sûr. Et c’est avec confiance que je pars pour cette aventure nautique, humaine et culturelle.
Équipier
Yann Robiou du Pont
Né en Guyane lors d'un voyage autour de l'atlantique, il passe sa première année sur un voilier puis apprend à naviguer avec ses parents. À partir d'une douzaine d'années, il partait camper en voilier avec un ami en Bretagne (France) dans le golfe du Morbihan.
Il profite de ses études en physique pour partir vivre à l'étranger : Danemark, Angleterre, É.-U. et Bénin (en Afrique de l'Ouest). Finalement, en janvier dernier il choisit de venir à Montréal pour faire un Doctorat sur la modélisation de la glace de mer dans l'Arctique, et son lien avec le changement climatique.
C'est donc tout naturellement qu'il demande à se joindre à l'expédition polaire du voilier Balthazar lorsqu'il en entend parler. Celle-ci va lui permettre de mieux se représenter son sujet d'étude, de déployer quelques instruments et de réaliser quelques mesures. C'est aussi l'occasion de comprendre les enjeux de la modélisation de la glace; le passage du nord-ouest va bientôt être une route maritime commerciale qu'il faut comprendre et sécuriser.
Par ailleurs, il est important de comprendre comment la fonte de la glace influence le climat et est affectée par celui-ci ! Il est aussi essentiel de comprendre comment ces changements influencent les humains, les animaux et les végétaux que l'on retrouve dans ces régions.
Enfin, il est fondamental d'avoir la perception des peuples qui vivent sur cette glace depuis des millénaires.
Au-delà de ces connaissances, ce voyage sera avant tout des rencontres, des paysages fantastiques, une aventure humaine et un défi sportif qui le rendront heureux à chaque réveil de quart !
En savoir plusArctique
Merci à la nature
Le soleil nous donne vie, car il nous réchauffe (encore que chichement parfois). Il nous donne la lumière et l’obscurité, ce que nous apprécions. Il nous donne le jour et la nuit, l’été et l’hiver, le froid et la chaleur. Il régit la vie et la mort. Personne ne peut détruire notre univers, car il a sa propre volonté. La lune éclaire la nuit et nous guide dans l’obscurité. De tout temps, les Inuits ont utilisé la lune et les étoiles pour s’orienter. Les étoiles ont aussi des noms inuit.
Texte par Taamusi Qumaq (1992)
Arctique (Glané sur le site www.institut-polaire.fr)
Grossièrement, l’Arctique est la région située au nord de la Terre, à l’intérieur et aux abords du cercle polaire arctique. Le nom d’Arctique provient de la constellation de la Grande Ourse, située au nord (arctos = ours). Cette région comprend l’océan Arctique, dont une grande partie est gelée en permanence (banquise) et le nord des terres qui l’entourent : péninsule scandinave, nord de la Russie et de la Sibérie, de l’Alaska, du Canada, le Groenland, le Spitzberg, etc. La situation géopolitique de l'Arctique est très différente de celle de l'Antarctique. En effet, les territoires sont tous possessionnés par les pays entourant l'océan Arctique (Norvège, Russie, Canada, etc.).
L'océan Arctique
L'océan Arctique, ou océan glacial Arctique, s'étend sur une surface de 13 millions de km² environ, ce qui en fait le plus petit océan du globe, et jusqu'à plus de 4.000 m de profondeur. Il recouvre l'ensemble des mers situées entre le Pôle Nord et le nord de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique. Il communique avec le nord de l'océan Atlantique, recevant de grandes masses d'eau à travers la mer de Barents et le détroit de Fram. Il se trouve également en contact, mais plus étroitement, avec l'océan Pacifique à travers le Détroit de Bering.
La circulation océanique
La circulation de l’eau dans l’océan Arctique joue un rôle important dans le régime océanique global et dans la régulation du climat mondial, notamment par ses échanges thermiques avec l'atmosphère. Quand les eaux relativement chaudes et salées de l’océan Atlantique (le Gulf Stream par exemple) atteignent l’océan Arctique, qui est froid, leur densité augmente avec la baisse de la température, et elles s’enfoncent dans des couches plus profondes. Ce processus de formation d’eaux profondes, appelé "circulation thermohaline" (de thermos, chaud, et halos, sel), est lent, mais a lieu sur d’immenses surfaces. Chaque hiver, plusieurs millions de km³ d’eau s’enfoncent ainsi vers des zones plus profondes, ce qui déplace lentement l’eau vers le sud, au fond de l’océan Atlantique. Le lent brassage des océans a été représenté par les océanographes par un "tapis roulant" à l’échelle du globe.
De nombreux autres courants (de surface, profonds et de profondeur intermédiaire) circulent selon un schéma complexe dans l'océan Arctique. Ce sont notamment des courants de surface dits "courants de Nansen" qui font dériver la banquise.
Cf. ci-contre "Courants océaniques et extension de la banquise" pour en savoir +.
La banquise
L'océan Arctique est en grande partie recouvert par une banquise épaisse dont l'extension varie suivant les saisons. Elle est mobile, sans cesse fracturée et remodelée par les vents et les courants. En été, comme la mer ne gèle pratiquement pas, la banquise se fragmente en une multitude d'îles de glace flottantes, les floes. Au fil des saisons, les glaces boréales passent de 8 à 15 millions de km² environ. Dans sa partie centrale la banquise peut faire jusqu'à 4 m d'épaisseur.
www.institut-polaire.fr
Passage du Nord-Ouest
Quand l’été pointe son nez, l’océan Glacial Arctique, au nord du littoral canadien, commence à se libérer des glaces hivernales. C’est le moment propice pour tenter de découvrir à notre tour le Passage du Nord-Ouest.
Dès juin 2012, nous larguerons les amarres, quitterons la Gaspésie en direction du Grand Nord.
Nous tenterons de rallier l’océan Pacifique depuis l’Atlantique via le Passage du Nord-Ouest. Le but ultime du voyage est de découvrir la « nordicité », de créer un rapprochement et d’améliorer notre compréhension des peuples du Nord.
Un film sera tourné sur la vie à bord et sur la vie des inuit ( avec une attention particulière aux jeunes inuit) au Groenland, au Nunavut, Territoires du Nord-Ouest et en Alaska. Comme pour notre précédent voyage, nous présenterons ce film lors d'une tournée de conférence dans les écoles, les salles publiques et en conférences en milieu corporatif.
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