Coup de vent
24 Août,
Par le hublot, j’aperçois une loutre qui s’amuse dans l’eau. En fait, non, elle est en train de manger quelque chose qu’elle tient entre ses pattes de devant. Couchée sur le dos, elle ne semble pas s’inquiéter de la pluie et des forts vents qui s’abattent sur nous depuis hier soir.
Nous avons mis deux ancres en prévision de ce coup de vent attendu. Nous sommes bien à l’abri au fond d’une profonde baie encastrée entre d’immenses montagnes. À chaque rafale, Balthazar est propulsé d’un côté et de l’autre avec un bon coup de gîte, nous laissant, Guy et moi, un petit noeud à l’estomac. Pas que nous soyons très inquiets de la situation, mais plutôt sur le qui-vive, car avec ces hauts sommets qui nous entourent, les vents sont d’une force surprenante.
Cette nuit, un bruit suspect a fait sortir Guy des couvertures. Il est allé sur le pont, a marché jusqu’à l’étrave pour inspecter chaînes et câblot. Le gros crochet au bout du cordage servant d’amortisseur à la chaîne a disparu dans une violente rafale. Rien de grave, quelques tours sur la grosse bitte avant et la chaîne fait son boulot, mais Guy revient transi de sa virée sur le pont. Ne trouvant plus le sommeil, il reste à veiller. On évalue certaines rafales à plus de 40 noeuds (autour de 80 km/h).
Les ancres tiennent bien, mais ce vent nous force au respect. Nous sommes en congé forcé, mais pas insouciants. Nous lisons, écoutons de la musique, jouons aux cartes... en ayant constamment nos pensées à l’extérieur, là où les éléments hurlent leur présence.
Nous venons de terminer le réservoir d’eau de tribord. Cent soixante litres d’eau en une semaine! C’est beaucoup! Nous avons dû condamner l’accès direct à l’eau salée, ce qui nous fait laver la vaisselle à l’eau douce. La pompe donnant accès à l’eau salée a fait défaut comme plusieurs petites choses, cet été. Balthazar montre des signes de fatigue. Il aura besoin de beaucoup de soin au printemps prochain, avant la prochaine mise à l’eau.
Par moment, le vent s’arrête complètement, nous apportant un doux réconfort et un grand silence. Tout doucement, on imagine le calme revenu. Lorsque le vent revient en force, on sait que ça finira bien un jour... Je commence à avoir hâte de quitter cette baie.
Vivement Seward!
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