De Gaspé à l'Anse aux Meadows
Dimanche 17 juin
Partir de Gaspé pour une expédition dans le Grand Nord a de quoi donner des papillons dans l’estomac. Ça n’a rien de comparable avec un départ vers le Sud.
Il y a le stress, que dis-je, l’angoisse d’apporter les vivres suffisants pour les trois prochains mois, avec un espace limité de rangements. Ensuite, il faut réapprivoiser la mer, apprendre à se connaître en tant qu’équipage et avoir confiance en notre bonne étoile qui, jusqu’à présent, ne nous a pas fait défaut.
Je regarde, lors de la sortie de la baie de Gaspé, les embruns formés par les vagues et à chaque saut de Balthazar, les fines gouttes d’eau se déploient en arc-en-ciel minuscules qui me font sourire et m’apaisent... Ils m’inspirent des pensées d’espoir que tout se passe bien.
Mardi 19 juin
L’ambiance est bonne à bord.
La sortie de la baie de Gaspé s’est faite au près serré à tirer des bords, ensuite cap sur le sud d’Anticosti. Ce sont des vents du sud soufflants de 15 à 20 noeuds, qui nous ont vu doubler la pointe d’Anticosti. Mardi 19 juin en avant-midi, alors que nous voguions allègrement au grand largue en direction du détroit de Belle-Isle, nous avons pris la décision de faire route sur la côte nord en direction de La Tabatière, petit port au sud de Blanc-Sablon.
Le vent forci dans un brouillard de plus en plus dense.
Nous n’avons pas échappé au traditionnel brouillard côtier et c’est au grand largue par 30 noeuds de vent que nous nous dirigeons aveuglément sur la côte sans oublier que nous devons surveiller les glaçons possiblement présents.
Mercredi 20 juin
Navigation dans les canaux de la côte (Petit Rigolet) vers une petite baie protégée. Toujours le brouillard tout autour, mais nous pouvons observer les rochers qui bordent les canaux. Très joli !
Je fais un inventaire des denrées à bord. Je devrai majorer les calories, car les dîners que j’avais prévus légers se transforment rapidement en copieux repas. De plus, le nombre d’oeufs décroit rapidement, car nous cuisinons beaucoup de gâteaux, histoire de nous réchauffer.
Notre système de chauffage ne veut toujours pas fonctionner.
Vendredi 22 juin
Au près contre un clapot incommodant nous filons vers la côte de Terre-Neuve que nous longerons ensuite à moteur, face au vent et à la vague, ce qui rend la navigation inconfortable. À quelques milles de la côte, à travers une brume qui tarde à se dissiper, nous apercevons notre premier iceberg. Masse de glace fantomatique à 3 milles sur Tribord. La bonne nouvelle est que nous l’avons détecté au radar avant de le voir.
Nous ferons escale une quinzaine de milles avant l’Anse aux Meadows à Cook’s Harbour, port de pêche sympathique. L’entrée du port est magnifique et apparemment difficile : on voit un bateau de pêche échoué sur les rochers (nous apprendrons que le capitaine s’était endormi et a fait côte il y a 2 jours). La carte n’est pas précise, une erreur d’environ 200 mètres déporte notre route sur la carte électronique. Nous sommes vigilants et entrons dans un port de pêche qui nous accueillera à son quai !
Nous discutons avec les travailleurs sur le quai et ils nous indiquent un bâtiment tout neuf où l’on peut trouver douche et laveuse à linge ! Super ! Après 10 jours, on peut dire que c’est bienvenu !
Samedi 23 juin
Navigation par grand beau temps, mer plate, soleil et baleines à bosse. Elles sont plusieurs à sauter et à déployer leur queue en éventail avant de plonger vers les profondeurs de la mer ! Quel spectacle !
Tout au long de la côte, nous contemplons un paysage austère parsemé de petites maisons. J’imagine les gens vivant ici et supportant les longs mois d’hiver...
Nous voyons un petit iceberg avant d’arriver au port.
Nous amarrons Balthazar à un quai tout neuf et rencontrons les pêcheurs qui travaillent à proximité.
L’un d’eux nous propose d’utiliser son camion pour nos déplacements. Merci beaucoup ! Je l’invite à venir prendre l’apéro à bord dimanche soir avec sa femme.
Ils viennent avec leur fille Maria. Cyril nous raconte ses histoires de pêche tandis que Barbara nous invite à aller chez eux pour avoir accès à l’internet et prendre une douche. Cyril nous apprend qu’il y a, l’hiver venu des ours blancs qui font le voyage sur les glaces dérivantes et passent un peu de temps dans la région avant de reprendre le chemin inverse pour retrouver la côte du Labrador. Du coup, Claire regarde le paysage d’une autre façon !
Départ en direction de Nuuk au Groenland prévu pour mercredi 27 juin. Nous tenterons de devancer l’arrivée d’une bonne dépression dans la région.
Claire et Guy
Catégories
Boutique (1)Conférences (10)
Formations (3)
Nouvelles (50)
Passage du Nord-Ouest et Alaska (78)
Voyage (0)
Répondre