Une journée au mouillage à Nanaimo
Une journée au mouillage à Nanaimo
Vendredi 26 juillet 2019
13h
Balthazar est ancré dans «Mark Bay» entre «Newcastel Island» et «Protection Island».
En ce début d’après-midi ensoleillé, je me trouve sur le pont lorsque je vois une chaloupe dériver sur notre tribord. Je reconnais une des annexes du gros bateau de pêche ancré un peu plus loin. À bord de notre canot pneumatique, je rejoins son bord et je cogne à sa coque pour en voir sortir, au bout de quelques minutes, un bonhomme tout endormi. Il me confirme que la chaloupe est bien à lui, et que c’est la deuxième fois qu’elle part à la dérive dans la même journée.
« Faudrait que je retourne à l’école pour apprendre à faire des noeuds» qu’il me dit avant de m’inviter à prendre une bière en fin d’après-midi.
16h
Claire et moi revenons d’une belle balade sur l’île Saysutshun (Newcastle Island). Nous sommes à bord du notre canot pneumatique et, en approchant de Balthazar, nous apercevons l’étrave d’un kayak à l’arrière. Un jeune homme d’une trentaine d’années est assis dans le Kayak, d’une main il se teint à l’arrière de Balthazar et de l’autre tente de s’allumer une cigarette. Passons sur le fait que nos bouteilles de gaz propane sont à quelques centimètres de son briquet ce qui aurait pu nous inquiéter, mais c’est plutôt l’état de ce jeune qui semble avoir levé le coude un peu trop, tout au long de son trajet en kayak, et pas seulement pour pagayer!
Nous accostons, il nous demande: c’eeest… voootre voillllier? Il le trouve joli!
Nous lui offrons notre aide, je lui propose de les raccompagner lui et son Kayak, à son point de départ là où est stationné son auto. Il accepte en me disant qu’il a pris trop de bière, beaucoup trop, que sa femme doit être inquiète et qu’elle est enceinte de 34 semaines. Prudemment, il s’extirpe de son kayak pour embarquer dans notre canot pneumatique, ce qui nous semble à lui et à moi la meilleure façon de le ramener sain et sauf sur la berge. Il réussit l’exploit sans tomber à l’eau et s’étend de tout son long la face au fond de notre canot. Il s’en tire sans trop de mal à part le bout du nez rouge et le visage estampé de petits losanges imitant la forme de la fibre de verre du fond de la coque. Claire demeure à bord de Balthazar et j’accompagne notre nouvel ami.
Tout au long du trajet, il tient un discours très cohérent et est très reconnaissant de l’aide que je lui apporte. Il m’a remercié une bonne dizaine de fois! Je le débarque sur la plage, il tient à peine debout! Je le salue, il est tout ému et s’approche de moi et me fait un immense câlin!
Il me confirme qu’il va appeler sa maman, car il ne peut conduire son auto.
Salut Brian, « take care »!
18h00
Le vent se lève de l’ouest, la surface de l’eau s’agite un peu. Les bateaux dans la baie dansent au bout de leurs lignes de mouillage pendant que le vent chante dans leurs mâtures. La visite sur le bateau de pêche pour prendre une petite bière est remise à un autre jour.
18h45
Quelques petites bourrasques font vibrer le mât de Balthazar et accentuent ses mouvements de danse. Balthazar est bien ancré, les fonds sont de bonnes tenues, nous préparons tranquillement le repas du soir.
19h00
BANG!!
Nous sommes à l’intérieur quand nous entendons un bruit inhabituel, comme si un de ces fameux billots de bois venait de percuter Balthazar à l’étrave. Je sors dans le cockpit et je constate que ce n’est pas un tronc d’arbre flottant, mais bien un voilier non habité d’environ 28 pieds qui nous a percuté.
Son ancre n’a visiblement pas tenu et sa ligne de mouillage s’est prise dans la nôtre. Le voilier bleu est coincé dans notre davier ( pièces en acier inoxydable fort solide qui pointe à l’avant). J’embarque dans notre canot pour voir comment tenter de relever son ancre sans décrocher la nôtre pendant que Claire réussit à amarrer le voilier tout en positionnant des défenses sur notre bâbord. Je relève son ancre et je comprends pourquoi ce voilier est à la dérive. Sa ligne de mouillage est très courte, beaucoup trop courte pour la profondeur d’eau.
Le voilier sans nom est donc amarré à Balthazar et les bourrasques se font de plus en plus fortes et nous constatons qu’il n’est pas question de garder ce visiteur à coucher! Nous réalisons aussi que nous en sommes responsables. Que nous ne pouvons ni l’ancrer de nouveau ni le laisser aller à la dérive ! J’appelle les gardes-côtes qui me demandent d’appeler les autorités du port de Nanaimo.
19h22
Je rejoins les autorités du port. Le gars qui répond me demande gentiment à son tour d’appeler les gardes-côtes. Je lui dis alors que ce sont eux qui m’ont demandé de le contacter, « funny thing » qu’il me répond!
Je lui explique que je ne veux pas avoir la responsabilité de ce voilier pour toute la nuit et je lui demande son aide pour venir le remorquer.
Il m’explique que ça va prendre un peu de temps, car il est seul à veiller au grain en ce vendredi soir.
20h
Le bateau-remorqueur du port et 3 membres d’équipages sont sur place et une heure après mon appel, ils repartent avec le voilier en remorque
21h
L’odeur du macaroni au fromage nous titille les papilles depuis un petit bout. Nous ouvrons une bouteille de rouge et relaxons après cette journée… de repos au mouillage.
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